Chapitre 30

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PDV Isaac :

Le soleil traverse les fins trous de mes volets, comme pour essayer de me réveiller en douceur. Mais mes yeux sont déjà grands ouverts, je ne me rappelle même pas si je les ai vraiment fermés cette nuit. Mon cerveau répétait en boucle les souvenirs de la veille pour les graver à jamais dans ma liste des événements à ne surtout pas oublier. Être auprès de Lorelei m'emporte vers un bonheur démesuré, me coupe de la réalité et m'emmène dans un monde fantastique que je ne voudrais jamais quitter. Je n'arrive même pas à ressentir la fatigue qui s'abat sur mon corps, j'ai peur que mon cerveau en se reposant occulte des petits détails qui me seront impossible de faire revenir à la surface.

Sa petite main qui attrapait délicatement la mienne, comme si elle avait l'effroi de me déranger, réchauffe mon cœur sans retenue. J'ai passé ma nuit à imprimer toutes les photos qu'on a prises près de la cabane et à les encadrer dans des cadres photos que j'ai retrouvé dans la cave pour les fixer aux murs. Son sourire illumine ma petite chambre et donne un charme à ses blocs de bétons immaculés de blanc. On pourrait croire que je deviens complètement gaga de ma copine, et ce n'est pas totalement un mensonge pour dire vrai, mais je crois surtout que je suis amoureux et que je l'assume pleinement. Ma copine, c'est bizarre de la désigner comme ça, je crois que je ne m'y ferais jamais. Je ne pense pas qu'elle soit du genre à donner des petits surnoms comme chéri, doudou, mon amour ou bien mon lapin. Justement, je ne veux pas qu'elle se force à dire des trucs pour sembler « normale » alors que je suis amoureux de toutes ces petites choses qui la rendent aussi spéciale.

Je me lève d'un bond dès que j'entends les premières sonneries de mon réveil et je me prépare à une vitesse folle. Plus vite je serais prêt, plus vite je pourrais revoir sa petite frimousse. Je pars frapper à la porte de ma sœur pour l'extirper de son sommeil et je descends pour cuisiner le petit-déjeuner de toute la famille. Cette fois-ci, les pancakes n'ont pas une couleur qui ressemblerait à du cramé et je suis plutôt fière de mon œuvre. Ma mère apparaît à la porte et en attrape une en s'attachant rapidement les cheveux. Un bisou sur la joue et elle quitte la maison. Je remercie intérieurement Dieu pour m'avoir fait éviter le questionnaire de ma mère, même si je suis athée.

En attendant Jade, les questions tournent dans ma tête. Va-t-elle essayer de cacher notre relation ? Va-t-elle m'éviter ? Ou au contraire, va-t-elle en profiter pour arrêter toutes les rumeurs et le harcèlement qui tourne autour d'elle en montrant bien à tout le monde que je lui appartiens ?

J'essaye d'obstruer toutes ces interrogations qui me rendent fou et je mange rapidement pour filer dans la salle de bain. L'eau de la douche coule sur ma peau fraîche et me réchauffe ce qui réveille suffisamment mes sens pour commencer une nouvelle semaine de cours, ça fait un bien fou. J'ai l'impression de me prendre des petites claques qui vont me permettre de rester éveiller toute la journée. Une nuit blanche était vraiment une très mauvaise idée. C'est peut-être une répercussion de mon nouveau statut sentimental mais j'ai bien l'impression d'y rester bien plus longtemps que d'habitude dans cette petite pièce pour ne rater aucun détail sur mon physique. Du chocolat au bord de la lèvre ou un épi en plein milieu du cuir chevelu sont si vite arrivés. Je me parfume une dernière fois dans ma chambre et attrape à la volée mon sac de cours, un geste que je répète depuis des années mais qui semble unique aujourd'hui.

C'est ce soir que je recommence mes entraînements de football. J'aurais cru que cette pause obligatoire allait me rendre dingue, mais Lorelei m'a rendu cette situation bien moins éprouvante, voire agréable. Ça me semble si lointain la dernière fois que j'ai stoppé ma passion aussi longtemps, je dirais cinq longues années. Reprendre le sport me réjouit mais me donne également une petite amertume car je ne peux pas emmener et ramener Lorelei de l'école, sauf si elle accepte de rester me regarder pendant l'entraînement ce qui m'étonnerait. Je monte sur ma moto et roule encore plus vite ce qui rend ma conduite encore plus dangereuse que d'habitude, mais mon envie irraisonnable de la revoir me fait prendre des risques sans limite.

Une Dernière Chance | Terminé ✓Where stories live. Discover now