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Elle ne sut quoi répondre, et se contenta donc de garder le silence, croisant juste ses bras sous sa poitrine. Lui, lui fit un sourire plus éclatant que le soleil. Des dents blanches, bien alignées, dans une bouche pulpeuse, pleine. Comment serait-ce d'embrasser ces lèvres ? Sont-elles aussi douces qu'elles en ont l'air ? Sont-elles aussi tendres au toucher ? Et pourquoi diantre les voyaient-elles se rapprocher ? Qui avait fait le premier pas ? Qui s'était emparé des lèvres de l'autre en premier ?

Explosif. Oui, elles sont terriblement douces. Non, leur apparence ne reflète pas une once de leur tendresse au toucher. Elles n'avaient fait que les frôler, du moins c'est l'impression qu'elle eut lorsqu'il se recula, un sourire narquois scotché sur son visage.

- Vous êtes moins insensibles que je ne le pensais.

- Vous êtes moins doué que vous ne me semblez le penser, Abdou répondit-elle du tac au tac.

- Pardon ? répondit-il, surpris, touché dans son ego par cette erreur qu'il ne savait pas volontaire sur son prénom.

- Bonne soirée Abdou, surenchérit-elle, retournant la lame dans cette plaie.

Ramassant le peu de dignité qu'il lui restait, elle se dirigea vers son appartement, le cœur tambourinant dans sa poitrine, les mains moites. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais ce baiser l'avait toute retournée, si bien qu'arrivée chez elle, elle s'assit sur son lit pendant une bonne dizaine de minutes, statique, inerte, amorphe, avant d'être extirpée de ses pensées par les vibrations incessantes de son portable qu'elle mit sur silencieux. Elle se rappela qu'elle était de base sortie prendre son chargeur et brancha son portable, un sourire s'étant incrusté contre son gré sur ses lèvres. Elle en oublia même la conversation virtuelle qu'elle tenait avec ses cousines, si bien qu'elle se coucha et s'endormit, les pensées dispersées.

Le lendemain, un samedi, elle se réveilla assez tôt vu qu'elle devait retrouver toute sa famille chez Maty et Khadija, au Point E pour leurs retrouvailles de famille bimensuelles. Cet évènement se passait chaque dernier weekend du mois chez un des membres et était l'occasion de se retrouver tous ensemble et de partager d'excellents moments entre eux.

Elle voulut bloquer ses pensées, en vain. Son sommeil avait été hanté par cette douce bouche. Elle en avait rêvé, glissant sur tous les recoins de son corps. Elle se recoucha alors sur son lit emprisonna son oreiller dans ses bras de toutes ses forces en soupirant – geste le plus technique du FC Osez rêver – et laissa son imagination galopante s'envoler vers un futur improbable créé de toutes pièces. Car elle était comme ça, notre Soraya nationale. C'était cela sa vraie nature, celle qu'elle cachait avec une parfaite maîtrise sous ce masque de femme maîtresse de ses émotions, derrière cette monticule de sarcasmes et d'ironie. Sous cette apparence d'amazone, Soraya était bel et bien ce que l'on appelait de nos jours une ''fragile'', terme péjoratif désignant ce groupe d'êtres humains à la sensibilité accrue, qui, avec bien évidemment et sans sarcasme aucun (juste assez) tout le respect dû à leur égard, ont une foi inébranlable en l'existence de l'amour inconditionnel, cet amour capable de déplacer des montagnes et de cueillir la lune, cet amour qui surmonte à toutes les épreuves et qui est plus fort que tout.

Ah ! L'amour ! Le corps qui brûle et les yeux qui brillent, les mains moites, le cœur qui bat vite. Il est universel, la preuve il existe dans toutes les langues. Il a transcendé toutes les générations et a fait toutes les guerres. Apparemment, il n'a pas d'âge et ne saurait faire de distinction de races ou de religions. Il se fout de vos règles et principes, il n'en a que faire de vos cultures et traditions discriminatoires. Fierté et orgueil ? Il les broie avec aisance. Il brise vos chaînes et détruit ces murs que vous avez mis tant de peine à bâtir, pensant vous protéger. Vêtu de la cape du féroce conquérant qu'il est, il abat cruellement et sans remords ce qui vous sert de raison. En impitoyable prédateur il ne vous abandonne jamais avant de vous avoir vidé de toute substance. Ceey love !

Soraya.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant