CHAPITRE 13

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Simon avait mal  au crâne. A deux endroits à la fois. Son front était ouvert mais le sang ne coulait plus beaucoup. Et une douleur affreuse lui engourdissait toute la partie droite. Il se réveilla en piteux état. Le bureau était éclairé, la boîte rouge devant lui, ouverte et Hops grattait en miaulant contre la porte. Le chat n'était pas le seul qui avait envie de sortir. Mais avant d'ouvrir la porte, le peintre vérifia l'heure, les enfants et Pauline devaient être réveillés depuis que...6h15. Sa montre affichait bien 6h15. S'étant réveillé à 5h20, étant prêt à 5h35 et ayant commencé ses investigations à environ 5h40, cela voudrait dire que tout ce qui s'était passé, tout ce qu'il avait vu, avait pris trente-cinq minutes ? Trente-cinq minutes. 

Oubliant ses douleurs, Simon ouvrit la porte en précipitation. Il se dirigea vers la cuisine en trottant suivi de près par Hops. L'horloge de la cuisine affichait la même heure, enfin une minute passée. 6h16. 

<<Bon, bon mon vieux...faisons les choses dans l'ordre, se dit-il. 

Hops miaula de plus belle. 

-Il reste de la pâté dans le bureau, abruti de chat, lui répondit Simon. 

En inspirant bien profondément, il commença à monter les escaliers. Il ouvrit la porte de la salle de bain, tourna les robinets, s'aspergea le visage d'eau fraîche et tira de l'armoire à pharmacie tout le matériel dont il avait besoin. 

"Blessures de moindre gravité, accidents banales" affichait la boîte de quinze pensements. Oh oui, c'était sûrement dont il avait besoin, il n'y avait pas plus banales comme accident ! Il jeta la boîte, maudissant le "pauvre con" qui avait écrit ces règlements d'utilisation.  

Il  se soigna comme il put et finalement, après dix minutes de bataille acharnée avec le coton imbibé de désinfectant, il se confectionna un pensement puis sortit de la salle de bain. Peut-être avait-il fait trop de bruit et qu'il ne s'en était pas rendu compte, toujours était-il que Pauline l'attendait à quelques pas de la sortie. Fatigué ? Enervé ? Exaspéré ? Difficile d'en juger vu l'aire que prenait son visage. Elle accepta, néanmoins, un baiser et un "bonjour chéri". Comme une tendre mère poule, elle caressa le front de son mari. Maintenant, elle était inquiète. 

-Simon, mais qu'est-ce que tu as au front ? Mon dieu, mais qu'est-ce que tu t'es fais ? Comment tu t'es fais ça, répond moi, mon cœur.

Oh mon dieu, mais qu'est-ce que tu t'es fais ? Oh non mon petit chou ! Oh non, non non...MAIS TU VAS LA FERMER, OUI ! 

Chut...restons calme...Lui dire la vérité ça voudrait dire partit d'ici mon vieux...elle ne te laissera pas une seconde de plus en sachant ce que tu fais quand elle est endormie...D'un autre côté, tu ne peux pas rester ici. Tu ne peux pas risquer la vie de ta famille ! Dis-lui. Dis-lui qu'il faut que tu partes, invente une raison n'importe quoi, mais barre toi ! 

D'accord...mais une fois partis ? L'hôtel ne nous accordera pas de chambre pour une durée longue de...d'un an peut-être ? Et on n'a pas assez d'argent pour ne serait-ce qu'un petit appartement en centre-ville...Tu le sens ? Tu le sens le retour à Nice, sans un sous en poche ? Tu sens l'échec ? Non, ça n'est pas envisageable ! Je vais terminer ce boulot et tout va bien se passer ! 

-Oh ça ? Non ça c'est rien. Je n'aurais pas du me lever si tôt, je suis tombé dans les escaliers. Mais j'ai mis des pensements tout va mieux, il ne faut pas s'inquiéter. J'aurais une cicatrice, ça m'apprendra. 

Elle mit une main sur son visage. 

-Tu sais, tu peux tout me dire à moi, mon chéri. Si tu as un problème, c'est le mien aussi. 

The EntertainerWhere stories live. Discover now