L'étoile de Noël [Yoonmin]

Chapitre 2

C'était pourtant un bel endroit dans lequel se trouvait Jimin : la vallée enneigée aurait pu être choisie pour servir de décor au plus beau des films de Noël, quant aux chalets, ils avaient été bâtis sur le modèle de ceux qu'on trouvait en Occident, afin de permettre aux touristes de voyager hors des frontières du pays, même en Corée du Sud. La station avait vu le jour une trentaine d'années plus tôt, ce qui expliquait ses airs de village de Noël américain : les propriétaires voulaient se démarquer et ils avaient réussi à créer un petit havre de paix pour ceux qui n'aimaient pas l'agitation des grandes villes et des stations trop touristiques.

Et ce chalet, il était tout simplement sublime : les meubles en rotin donnaient au grand salon des airs de maison du Père Noël, impression accentuée par la cheminée qui trônait au fond de la pièce et devant laquelle se trouvaient des canapés en tissu beige – couleur qui se mariait parfaitement avec les autres. Au centre de la pièce, il y avait cette table dont Jimin connaissait le moindre détail de l'agencement : une immense table qui permettait d'accueillir tous les habitants du chalet à la fois. En effet, l'endroit fournissait le petit-déjeuner qui était compris dans le prix, de fait chaque matin, tout le monde se retrouvait ici en toute convivialité. Le centre de table était une superbe décoration de Noël, un paysage sur lequel se trouvaient des lutins qui semblaient s'y amuser joyeusement. Et juste au-dessus de ce centre de table, il y avait un lustre majestueux dont Jimin soupçonnait qu'il n'était pas en verre mais en cristal – même s'il n'avait jamais osé poser la question aux propriétaires.

Il était dans un décor purement magique, et pourtant à force de le voir chaque année, toute magie semblait avoir disparu. C'était probablement ça qui faisait le plus mal à Jimin : lui, il faisait partie de ces gens qui aimaient rêver, qui voulaient avoir une vie pleine de magie et d'espoirs... mais il n'y arrivait plus. Il ne voyait plus les beautés qui avaient inondé son enfance, ça le rendait malade de dépit, il en était écœuré. Il avait la sensation de ne plus pouvoir rêver Noël, un peu comme si, à cause de ces habitudes, Noël n'était plus que quelque chose de matériel : une semaine et demie dans un chalet à la montagne.

Ça n'avait plus rien ni de particulier ni de beau. C'était banal, ennuyeux, répétitif, et ça l'agaçait, tout simplement.

La petite famille se posta devant l'accueil du chalet et après quelques longues secondes d'attente, une jeune femme vint les saluer pour leur demander de la suivre. Ce moment, Jimin le connaissait par cœur : elle allait leur attribuer leur chambre – la même depuis toujours – puis elle allait leur faire un speech ennuyeux au sujet du programme. Le chalet organisait en effet de nombreuses activités, mais il s'agissait soit d'activités de couple, soit d'activités pour des familles avec des enfants en bas âge. Autrement dit, rien pour intéresser le jeune garçon qui se sentait déjà las.

Une fois la porte de la pièce refermée, Jimin alla sans une once d'hésitation ouvrir une porte sur le côté : il y avait une petite chambre avec un lit simple. Les murs du chalet étaient faits de bois et tout l'intérieur était décoré de façon chaleureuse. Des guirlandes avaient été installées sur les murs, et un sapin avait été dressé dans le seul angle vide de la pièce. Il était lui aussi couvert de jolies décorations dont il suffirait de brancher le fil pour les rendre tout à coup toutes lumineuses.

Qu'est-ce que c'était ennuyeux...

Alors, après un soupir, Jimin jeta avec nonchalance son sac sur le lit avant de s'y laisser tomber sur le dos, les jambes dépassant du matelas. Les bras étendus, il fixait le plafond, un air las sur le visage. Pourquoi tout le monde dans le chalet était-il heureux et pas lui ? Pourquoi le simple fait de penser à Noël lui donnait-il à ce point envie de vomir des arcs-en-ciel ? N'y avait-il que lui qui n'ait pas envie de passer éternellement Noël de la même façon ? Ne serait-ce que changer un tout petit peu...