Jyn d'Alvir n'est plus tout à fait humaine : à chaque fois qu'elle meurt, elle revient à la vie. Mais ce pouvoir ne vient pas sans prix, et la jeune femme n'est pas sûre d'être prête à le payer. Sera-t-elle capable de vaincre le monstre qui dort en...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
• ───── ⋅ ✶ ⋅ ───── •
14 ANNÉES DANS LE PASSÉ
• ───── ⋅ ✶ ⋅ ───── •
❝ Tout ce que Jyn souhaitait, c'était de ne plus être seule. ❞
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
EMMITOUFLÉE DANS UN MANTEAU trop large pour elle, que la voix l'avait forcée à récupérer dans l'une des maisons du village, Jyn sentait le sommeil approcher. Elle se trouvait dans une petite clairière au milieu de la vallée enneigée. La lune était haute dans la ciel, mais son halo lumineux n'était pas assez puissant pour empêcher la fillette de dormir.
La faim, par contre, était dur à ignorer.
C'est pourquoi lorsqu'une odeur de viande cuite parvint jusqu'à ses narines, Jyn se réveilla rapidement. Elle se leva, secoua le manteau pour en faire tomber la neige encore accrochée, et tourna sur elle même pour chercher d'où provenait l'odeur.
Vers l'est.
Jyn, habituée depuis deux jours à obéir aux ordres de la voix, n'hésita pas. Elle remonta la capuche du manteau sur sa tête et se dirigea vers l'est de la clairière.
- S'il y a des gens, ils pourront m'aider ! chuchota-t-elle dans la nuit.
La voix resta silencieuse.
Cependant, Jyn laissa l'espoir lui gonfler les poumons. Proches, tout proches, il y avait des gens. Elle le sentait. Enfin, elle ne serait plus seule avec ses pensées... et avec la voix. Aveuglée par sa détermination, elle avança plus vite à travers la forêt éparse. La lumière d'un feu apparaissaient derrière les arbres.
Des voyageurs avaient monté un camp ici, et ils allaient l'aider, se persuada la petite fille. Elle ne serait plus seule.
Tout ce qu'elle voulait, c'était de ne plus être seule.
Ralentis. Observons combien ils sont.
Jyn fut tentée de désobéir et de se précipiter vers le feu de camp, mais un instinct primitif la retint, et elle obéit à la voix. Elle se glissa derrière un tronc d'arbre. Une silhouette était assise à côté du feu - une autre s'affairait autour d'une tente. La fillette eut beau rester immobile un moment, elle ne remarqua pas d'autre présence.
Ne bouge pas.
Mais Jyn en avait décidé autrement. Elle dit un pas en direction du petit camp - une branche craqua sous les pieds. L'homme prêt du feu leva la tête vers elle. Lentement, elle s'en approcha, jusqu'à que la lumière du feu éclaire son visage, et elle abaissa sa capuche.
- Bonjour, dit-elle timidement.
L'homme se leva dans la lâcher du regard. L'autre, attiré par les bruits, le rejoint rapidement.
- Salut, toi, répondit-il en esquissant un sourire.
Jyn croisa les bras sous sa poitrine, soudainement peu sûre de quoi faire. Elle répondit simplement à son sourire. L'odeur de la viande était plus forte qu'auparavant - l'un des hommes remarqua son coup d'œil sur la cuisse de lapin cuisant au dessus du feu.
- Tu en veux ? Approche, petite.
Jyn s'exécuta sans demander son reste. Mais alors qu'elle s'asseyait après du feu, l'homme se glissa vers elle à une vitesse fulgurante. Avant qu'elle n'ait pu réagir, la fillette se retrouva avec un couteau sous la gorge. L'homme lui attrapa le bras. Jyn poussa un cri de surprise, tenta de se débattre, mais l'homme raffermit sa prise et la retourna vers lui. Elle leva les yeux sur son visage - son sourire était carnassier.
La voix était toujours silencieuse.
- Laissez moi ! cria-t-elle.
L'homme la poussa en arrière, sous le regard de son compagnon, et le dos de la fillette heurta brutalement la terre ferme. Tous ses muscles semblèrent soudainement paralysés.
- Jon, c'est étrange. On a laissé aucun survivant, s'inquiéta l'autre.
Mais l'homme ignora la remarque et maintint Jyn au sol. Alors que la fillette tourna la tête sur le côté pour éviter le souffle chaud de l'homme sur son visage, elle remarqua les armures entreposées sur le sol. L'horreur lui fit écarquiller les yeux et elle se débattit de plus belle, mais la prise du soldat était ferme.
Jyn.
- Laissez moi ! hurla-t-elle.
Jyn. Laisse moi faire.
La petite fille n'avait plus assez de larmes pour pleurer. Elle n'était plus que rage, colère, sa confiance innocente trahie. Elle avait été stupide : stupide d'espérer. L'homme écarta une mèche de son visage.
Jyn arrêta soudainement de se débattre. Malgré la pénombre, l'homme au sourire carnassier remarqua que les iris de la fillette se coloraient d'une couleur rouge écarlate. Son sourire faiblit et il eut un mouvement de recul.
- Que...
Avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, Jyn dégagea une de ses mains de son emprise et s'empara du couteau dissimulé dans la poche de son manteau. Ses mouvements étaient fluides, précis - inhumains. Ses actions étaient les siennes, mais elles lui étaient à la fois inconnue. Jyn n'avait qu'une partie du contrôle sur son propre corps.
Elle planta l'arme dans la gorge du soldat. Celui-ci émit un gazouillis sourd, les yeux écarquillés, une main sur sa gorge. Mais ce n'était pas assez pour faire barrage au sang qui s'échappait de la plaie béante.
Jyn poussa l'homme agonisant sur le côté et se releva. Le visage couvert de sang, les yeux rouges carmin, elle se tint droite devant le deuxième soldat. Ils se dévisagèrent quelques secondes avant que l'homme ne se précipite vers son épée.
Cependant, la fillette fut plus rapide. Elle se jeta sur lui comme un animal enragé, planta ses ongles dans ses habits, parvint à le faire vaciller. Son poing fermé autour du couteau, Jyn le lui planta dans l'abdomen. Il cria - mais elle le poignarda une nouvelle fois. Et une autre, jusqu'à que le souffle lui manque.
Elle laissa l'arme plongée dans le ventre de l'homme et se recula de quelques pas, le cœur battant à tout rompre. Jyn n'entendait plus la voix du démon qui habitait son esprit : elle ne faisait plus qu'un avec lui.
Ses yeux reprirent lentement leur couleur habituelle. Devant elle, la scène d'horreur lui fit échapper un hoquet stupeur : la neige était maculée de rouge. Les deux cadavres, les yeux grands ouverts, semblaient figé dans un état de terreur pure. Derrière les arbres, une ombre frémit.
Dès que le rouge eut disparut des iris de la petite fille, elle tomba au sol telle une poupée de chiffon, ses forces la désertant.
