Elizabeth est une jeune londonienne passionnée par la photographie. De nature discrète, elle consacre sa vie à l'art. Seulement, elle était loin d'imaginer qu'une simple sortie photos au coeur de la capitale changerait sa vie à jamais.
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London Bridge
Point de vue Elizabeth
Mon appareil photo en main, j'arpentais les rues de Londres, le sourire aux lèvres. En cette fin de journée d'été, l'air était difficilement respirable. Pourtant, l'atmosphère de la capitale s'en retrouvait totalement inchangée. J'observais avec attention les habitants de la City se presser en direction du métro. Ce spectacle pourtant banal me fascinait toujours autant. Vue de l'extérieur, la course effrénée des londoniens, bien que quotidienne, me donnait l'impression d'être figée hors du temps. Je me sentais à la fois proche des gens, de par ma présence, mais aussi invisible. Une personne de plus parmi la foule, qu'on voit sans réellement voir. Plongés dans leurs pensées, pressés de rentrer chez eux ou bien de sortir, d'aller au cinéma, au restaurant, seuls, accompagnés, ils semblaient tous avoir une idée en tête, et j'essayais avec curiosité de la deviner.
Chantonnant doucement, je prenais la décision de me rendre sur les quais du River Thames pour prendre quelques clichés du London Bridge. Le soleil commençait tout juste à décliner, éclairant de sa lueur orangée la surface de l'eau. Concentrée, je plaçais mon appareil sur mon trépied et je commençais mes réglages. Environ une heure plus tard, je griffonnais sur le carnet qui était toujours dans mon sac mes impressions, ainsi que les détails des photos que je venais de prendre. Le temps d'ouverture, l'exposition, la focale, je n'omettais rien. Satisfaite, je replaçais mon appareil dans mon sac et prenais la direction mon appartement. Décidant de marcher, je longeais la Tamise, empruntant les avenues qui à cette heure sont très fréquentées.
Soudainement, un bruit assourdissant venait de briser la tranquillité de cette douce soirée. Des crissements de pneus, suivis de cris. Perplexe, je jetais un coup d'œil derrière moi, essayant de comprendre d'où provenait cette agitation. Une voiture rouge, les warnings allumés, était à l'arrêt, au beau milieu de la voie. Je fronçais les sourcils, trouvant cette situation étrange. En face de cette voiture se trouvait un van, que je distinguais vaguement. Le conducteur de la voiture rouge venait tout juste de descendre de son véhicule, il semblait complètement paniqué, il criait, et s'agitait de plus en plus. Pensant assister à un simple accrochage, je m'apprêtais à poursuivre ma route lorsque l'homme de la voiture rouge se mit à hurler à l'aide.
- Il va me buter ! Appelez la police !
L'angoisse de cet homme était telle que je n'hésitais pas une seconde à sortir mon téléphone et à composer le numéro. Cependant, c'est à ce moment que le conducteur du van décida de sortir à son tour de son véhicule. Figée par l'effroi, je le regardais, impuissante, s'approcher de l'autre homme qui le suppliait de l'épargner. D'un geste froid et totalement calculé, il sortit une arme de la poche de sa veste et la braqua en direction de l'autre homme. Avec une indifférence totale, il pressa la détente, et l'homme qui lui faisait face s'effondra au sol. Le bruit sourd de la détonation provoqua immédiatement une panique générale. Pourtant, je ne parvenais pas à bouger. Tremblante de la tête aux pieds, mon cœur rata un battement lorsque mon regard croisa celui du meurtrier. Entièrement vêtu de noir, mais le visage tout à fait à découvert, il me dévisagea un instant avant de prendre la fuite.
Tenant toujours mon téléphone contre mon oreille, j'entendais quelqu'un prendre mon appel, mais je ne parvenais pas à prononcer le moindre mot.
