Chapitre 2

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— Aella Vinwild.
Le garde prit la lettre que j'avais tendue suite à ma petite présentation, lisant rapidement les mots avant de me la rendre, s'écartant en même temps que son collègue pour me laisser passer. Je me mis ainsi à marcher dans le couloir de l'établissement, me précipitant quelque peu en me rendant compte de l'heure.
Une semaine entière était passée alors que j'avais donné la fiole de sang à mon meneur, qui lui s'était chargé d'appeler les individus de la Maison qui pouvaient nous aider à connaître son origine. Personne ne pouvait m'informer durant ce temps-là de quoi que ce soit, tous étant très occupés ou baragouineux. Je savais que les recherches seraient une péripétie mais pas à ce point-là, et ma patience ne pouvait plus supporter encore longtemps.
La porte était déjà ouverte à mon arrivée, me laissant entrevoir tous les individus qui étaient présents. Il semblait que je faisais partie des dernières étant donné que le nombre avait l'air grand. Tous les chefs de zone étaient là ainsi que quelques membres faisant partis de la brigade chronologique, mon partenaire Jaycen dans l'investigation et Maur, notre informaticien. Tout le monde discutait le temps que l'ensemble des invités n'arrivent, et cela dura quelques secondes suite à d'autres venus, lorsqu'un raclement de gorge se fit entendre.
Il était reconnaissable au premier cycle par sa voix grave et son intonation autoritaire, réclamant le silence qui s'était installé très rapidement. La salle était tournée vers le dernier arrivé, qui avait entre ses mains plusieurs documents qu'ils posèrent sur la table en face de lui, étant au centre de la pièce et de notre attention. C'était le grand dirigeant, Steafan Ciethha, le meneur des meneurs, le gérant de l'ensemble des zones et de la Maison du Zodiaque à la fois, qui pourtant n'était pas plus vieux que la trentaine comme on le penserait. C'était celui qui devait être au courant de tout, qui avait beaucoup de responsabilités sur les épaules et le principal individu qui s'assurait que les règles étaient respectées. Enfin, tout cela après nos divinités et probablement, nos anciens ascendants.
— Salutation à tous et à toutes, commença-t-il, comme vous le savez déjà, vous avez été convoqués pour que l'on discute de la découverte surprenante faite par l'équipe d'enquêteurs Jaycen Zabeth et Aella Vinwild, ainsi que leur assigné Maur Aldrid. Cela nous a pris du temps mais nos recherches ont porté leur fruit, et nous avons pu arriver à une conclusion finale. Je donne la parole à mon adjointe.
Nyada Lafwyn, du même pôle et signe du zodiaque que lui, ayant aussi vécu dans la même génération et le même parcours. Aux yeux de beaucoup, ces deux personnes étaient considérées comme étant égales puisqu'ils se connaissaient depuis très jeunes, s'étaient battues contre des ennemis similaires et avaient tout simplement évolué ensemble. En d'autres termes, ils ne coopéraient pas ensemble pour rien.
Bien qu'elle n'était que son subordonnée, elle était en réalité aussi forte que son acolyte, mais tout simplement pas dans le même domaine. Ils étaient équipollents en combat, mais l'un avait une plus grande puissante et l'autre une meilleure agilité. Au niveau de leur rôle de chefs, l'homme avait un charisme et une manière de communiquer qui faisait qu'il avait totalement sa place malgré ses nombreux défauts, tandis que la femme était douée en stratégie, avait un calme remarquable et savait prendre du recul. Toutes ces qualités rassemblées leur permettaient de diriger toutes les équipes de la Maison du Zodiaque.
La sous-meneuse avait une apparence qui suivait bien sa personnalité. Ses yeux bridés aspirés à un regard réfléchi, un visage calme et sérieux, sa longue chevelure brune était attachée en une queue de cheval, mais lorsqu'elle était détachée les pointes étaient toutes ordonnées et alignées. Elle était la seule personne dans la salle à être debout, les bras croisés, attendant que nous portions notre attention sur elle, ce qui se fit en quelques secondes.
— Les scientifiques ont découvert que le sang était similaire au nôtre.
Aucune salutation, ni présentation, elle venait directement au fait qui demandait déjà de la réflexion. Lorsque j'avais affronté le garçon aux cubes, il m'avait clairement fait comprendre qu'il méprisait les zodias, or nous avons découvert qu'il en faisait biologiquement parti. Plusieurs suppositions pouvaient se faire, et notre supérieure n'avait pas attendu longtemps pour nous donner les réponses.
— Durant quelques jours, nous avons eu l'hypothèse qu'ils seraient des marginaux de la maison du Zodiaque qui auraient décidé de se rebeller, nous avons alors pris l'initiative de lister tous les concernés et de les rechercher un par un pour que l'on puisse déterminer les absents, avec les portraits que l'on nous a dessinés au cas-où nous tombions sur l'un d'eux. Sauf que, nous avons fini par faire une autre découverte surprenante.
A la fin de ses paroles, une autre personne était en mouvement, se mettant à se lever gracieusement alors qu'elle se tint face à nous, sans pour autant changer sa place. Il n'était pas difficile d'avoir les yeux rivés sur elle aussi, c'était la meneuse la plus raffinée de l'équipe des supérieurs, étant celle qui dirigeait la zone de la chronologie, ceux qui se renseignaient sur l'histoire des mondes et qui étaient les plus doués en langues étrangères. Sa posture était elle-même admirable, ainsi que son apparence qui était décorée d'une longue robe argentée avec une cape et une coiffe ressemblant à une couronne de fleur, le tout assorti. Cette couleur était presque similaire aux iris de ses yeux, et s'harmonait bien avec la noirceur de sa peau et le bouclage très marqué de ses cheveux. C'était tout simplement une femme élégante avec le charisme d'une cheffe de zone.
— D'après les scientifiques, ces individus n'auraient pas vécu à Zodiacera, mais y ont eu leur origine. Ils n'auraient pas vécu non plus sur Terre, mais dans un monde qui nous est encore inconnu.
Solaris Eulius nous avait alors lâché ces mots en attrapant une feuille où étaient écrites des notes, ainsi qu'un gros livre qu'elle glissa simplement jusqu'à elle. L'historienne nous expliquait alors, face à nos airs de plus en plus incompréhensifs, que des membres choisis de sa zone et elle avaient fait de nombreuses recherches, prenant le temps à lire tous les ouvrages qui pouvaient les aider à la grande bibliothèque, voire même celles qui étaient à l'écart de la Maison voire cachées. C'était pour cette raison que cette réunion avait mis autant de temps à se faire, tout simplement parce qu'ils avaient besoin de temps pour nous donner de réels résultats.
Durant une longue conversation entre historiens et meneurs principaux, ils avaient pu conclure leur recherche et y mettre un fin mot. Jadis, il existait un groupe d'opposants dans la Maison du Zodiaque, qui était tout d'abord dissimulé en tant que Gardiens, avant de se mettre à l'attaquer avec les armes. Malheureusement, ce n'était pas seulement un conflit mineur puisqu'il avait duré plusieurs mois où des membres de zone avaient décédé. Malgré toutes les pertes, ce groupe de hors-la-loi avait fini par perdre, mais n'avait aucunement dit leur dernier mot. Ils jurèrent qu'ils reviendraient détruire ce monde, et qu'importe les moyens qu'ils emploieraient puisque nous avions abattu leur vie, que rien n'empêcherait le fonctionnement de leur vengeance.
— Nous ne savons rien de ces révoltés, ni les raisons de leurs agissements, les versions sont encore différentes et floues, mais ce qui est sûr c'est que nous avons bien des ennemis.
Elle mit enfin un terme à ce long monologue qu'elle conclut en tapotant le bout du bas de ses documents. Ce bruit était l'accompagnement de celui qui était produit par nos pensées et notre réflexion. C'était de nouvelles informations à assimuler, aucun d'entre nous à moins de s'être renseignés dans les anciennes archives n'était au courant de cette histoire. D'ailleurs, elle n'était même pas racontée aux enfants dans un conte ni étudiée en cours de l'histoire de Zodiacera, ce qui était bien surprenant puisqu'elle ne devrait pas être secrète ou oubliée.
— Pourquoi est-ce qu'ils agissent aujourd'hui ?
Bien évidemment, c'était la même personne qui était la première à poser des questions, qui étaient pertinentes cependant, faisant avancer la conversation. De plus, il s'agissait du meneur de la zone deux, celui qui se chargeait des procédés de communication et de diffusion, plus généralement le journalisme. C'était une habitude pour lui de se renseigner et de bien questionner, ce qui nous avait tous incités à prendre du recul.
— Nous n'en avons pas la réponse, Richward, mais leur apparition à ce moment-là précis est forcément un message qu'ils transmettent.
J'échangeai un regard communicatif avec mon partenaire qui était à l'autre bout de la pièce par rapport à moi. Lors des réunions, nous faisions souvent cela, comme si nous nous concertions alors même que nous étions avec nos supérieurs. On ne lisait pas dans les pensées, mais cela nous arrivait de réfléchir de cette manière alors que nous ne parlions pas, nous envoyions même pas de signes. Il soupira doucement, avant de tourner son regard vers le grand chef, me faisant comprendre qu'il avait une supposition en tête.
— C'est une déclaration de guerre.
Une évidence que cela aurait pu être, mais il fallait quand même que quelqu'un le dise clairement, haut et fort. C'était même une confirmation, puisque aucun des individus présents ne contredisaient, se contentant de hocher la tête en signe d'approbation. Au bout d'un certains temps, Steafan se leva à son tour de sa chaise, s'adressant à toute la salle.
— Nous renforcerons la sécurité de la Maison du Zodiaque et des portails de téléportation. Il faut que tout le monde ait leur badge sur eux, car nous ne laisserons plus personne entrer à Zodiacera sans avoir vérifié l'identité. Pour le reste, tout le monde peut continuer leur activité et leur tâche, mais gardez tous les yeux ouverts, qui sait ce qui pourrait arriver. Nous vous contacterons dès que nous aurons des nouvelles.
Suite à cette conclusion, l'ensemble de la pièce se mit debout à leur tour en emmenant avec eux les affaires et les documents qu'ils avaient déposées, prêts à faire ce qu'ils devaient faire. J'étais la dernière, à l'exception des principaux meneurs qui étaient restés discuter, à sortir mettant ainsi définitivement fin à la réunion qui était bien plus courte que ce que j'avais imaginé. A ma grande surprise, Jaycen était à la sortie et m'attendait, marchant à mes côtés dès que j'avais mis les pieds sur le sol du couloir.
Nous arrivâmes enfin à l'extérieur du bâtiment, et continuâmes notre marche à pied avant qu'il n'aborde un sujet de conversation qui m'était prévisible, et auquel j'attendais déjà avec agacement.
— Ne fais rien qui pourrait te nuire, Aella, et surtout pas seule.
Le plus frustrant lorsque nous travaillons avec une personne durant des années, à résoudre des affaires et à se protéger, c'est que nous passons la majeure partie de notre temps avec elle. De ce fait, elle apprend de plus en plus à nous connaître voire à bien l'être, même un peu trop dans mon cas.
— Tu n'es personne pour me dire ça, répondis-je, si je veux faire quelque chose personne ne me l'en empêchera.
Il soupira doucement en guise de réponse, bien qu'il s'y attendait totalement puisque ce n'était pas la première fois du tout. C'était probablement notre routine de vie, à poser les mêmes questions tout en connaissant par coeur la réplique, sauf qu'au fil du temps il avait appris à ne pas insister plus longtemps et à laisser faire. Au lieu de cela, il entama un autre sujet de conversation qui m'intéressait un peu plus.
— Nîdra est retournée en France avec l'équipe de la zone de sécurité. Celle de la huit la prend actuellement en charge pour qu'elle puisse s'en sortir.
Il s'agissait de la section des impartiaux, de ceux qui étaient doués dans le domaine de la justice. Le fait de savoir qu'elle était prise entre de bonnes mains me rassura, cela faisait des jours que je m'en souciais sans que l'on ne me donne d'informations non plus, sauf que c'était uniquement de ma faute puisque mes pensées étaient principalement rivées vers les deux étrangers. C'était d'ailleurs incorrect de ma part puisque c'était tout de même une jeune femme qui avait été forcée de se marier à son pays d'origine. Si je n'avais pas accompli ma mission et pris l'initiative de m'occuper de son cas, elle aurait peut-être succombé sous les coups d'un mari violent, cas dont je n'aurai pas réussi à me pardonner.
Je hochai la tête en guise de remerciement alors que nous poursuivâmes notre promenade, avant que nous échangions de petits mots de salutations et que nous prenions des chemins différents. Je m'étais retrouvée au centre d'une partie de la Maison du Zodiaque, c'est-à-dire dans son jardin en forme de rond, où des enfants étaient majoritairement présents. Une bonne partie était accompagnée d'un professeur qui les enseignait un domaine appropriée à leur localisation, discutant des arbres, des plantes et des petits insectes. Les autres étaient soient avec leur parent, soit avec d'autres semblables, jouant ainsi le sourire aux lèvres tant cet endroit inspirait la joie et la tranquillité.
Sur les douze murs séparés qui entouraient cette ouche, étaient dessinés les constellations des signes du zodiaque. Et sur chaque borne existait un espace qui était dédié au passage vers les salons. Je me dirigeai vers celle du Lion, traversant l'embrasure ce qui fit illuminer les différentes étoiles gravées sur la face construite ainsi que celles qui étaient tatouées en-dessous de mon poignet, me catégorisant donc au signe assigné à ma naissance. Un petit bruit pas très dérangeant m'arrêta et me fit me retourner, mon attention rivé vers un petit garçon qui voulait probablement me suivre puisqu'il était derrière la barrière de protection, qui s'était réveillée au contact physique de l'enfant. Un adulte l'appela gentiment, tandis que je lui souris et lui fis signe d'obéir, ce qu'il fit avec un air boudeur.
— C'est là-bas le salon du Capricorne, Luka.
Je poursuivis ma promenade jusqu'à une porte qui s'ouvrit à la pression de mes doigts. La salle était occupée par seulement trois personnes, ce qui m'allait très bien puisque c'était la raison pour laquelle je m'étais rendue à cet endroit. Les salons étaient les endroits dans la Maison du Zodiaque qui étaient les plus tranquilles puisque très peu de personnes s'y rendaient. Généralement, les gens étaient bien trop occupés dans leur zone, ou voulaient tout simplement être en compagnie d'individus qui étaient de signe différent d'eux. De plus, ils n'aimaient pas tellement ce concept de séparer les gens par le zodiaque, certains avaient même déjà demandé à ce que ces salles soient retirées, en vain, puisqu'elles avaient tout de même une valeur historique qui n'était nullement négligeable.
De plus, c'était mon lieu de tranquillité à moi, alors il était naturel que je fasse partie des opposants à ce sondage. Je m'avancai vers une table de libre et déposai mon sac-à-dos, regardant tout d'abord les présents qui lisaient, jouaient ou regardaient une vidéo sur leur machine. L'un semblait apaisé, un autre frustré et le dernier rêvassait, perdue dans ses pensées. Je sortis machinalement un livre de mon contenant, puis me posai sur un fauteuil, celui sur lequel j'étais habituellement assise comme s'il était mien. Il se trouvait au fond de la pièce, complètement à l'écart des autres, se trouvant à la fois près d'une fenêtre et devant un tableau. Ce n'était pas n'importe lequel, il s'agissait de celui qui représentait une belle femme à la longue chevelure blanche, au regard fougueux, avec un combi-short et de longues bottes blanches, dans une posture à la fois d'autorité et de charisme. On la nommait l'Egérie du Lion.
Nul n'était réellement sûr de leur existence. Une légende dit que les Egéries du Zodiaque seraient des femmes humaines qui, à leur mort, avaient été choisies par nos ancêtres pour faire le lien entre le présent, et les moments du passé où ces ancêtres vivraient. Il y avait plusieurs versions mais c'était la principale, et chacune d'entre elles auraient perdu la mémoire sur leur vie antécédente, ce qui leur permettait de suivre leur rôle d'Egérie jusqu'au bout. Ces tableaux n'étaient que des dessins très bien réalisés, inspirés par les écrits et les paroles de personnes qui auraient dit en avoir vu une, et qui bien évidemment avaient donné la description de ces femmes.
En dehors des signes du zodiaque, les zones avaient bien évidemment un endroit pour effectuer leur tâche. L'entrée de la Maison du Zodiaque se trouvait dans le bâtiment principal où la réunion avait été faite, et à l'exception de celle-là il y avait deux passages. L'un allait vers les salons et le Jardin, tandis que l'autre menait vers les sections. C'était à cet endroit où allaient principalement les Gardiens pour travailler, effectuer des tâches ou discuter professionnellement, voire parfois plus.
Onze zones étaient éparpillées dans ce bâtiment, tous représentant un domaine en particulier, dirigé par un meneur et son adjoint. Des communications peuvent être établies entre elles lorsqu'une mission les incite à travailler avec une autre section, mais elles doivent obligatoirement se faire par les supérieurs pour éviter le désordre et les malentendus, et ensuite ils peuvent autoriser leurs membres à échanger sur les tâches à faire avant de faire un rapport une fois l'objectif atteint.
Tout d'abord, nous avons la zone une, s'occupant de la sécurité, de la défense et de la protection, aussi bien sur Terre que sur Zodiacera. Elle était dirigée par le principal meneur Steafan Ciethha et sa collègue Nyada Lafwyn. Ils agissent généralement sur les indications ou sur des ordres, et toujours en groupe pour diminuer les risques de perte. Cela avait été le cas lors de notre dernière mission en Inde, où Maur les avait appelé suite à notre rencontre belliqueuse avec les deux étrangers. Leurs supérieurs étaient souvent considérés comme étant les chefs des meneurs, ce qui rendait plusieurs membres très fiers de la mauvaise manière. Le fait étant qu'ils étaient peut-être les dirigeants capitaux, mais ils l'étaient parcequ'ils fallaient des personnes qui puissent diriger une équipe, de sorte à ce qu'il n'y ait pas de tensions inutiles entre supérieurs. En terme général cependant, ils étaient tous plus ou moins égaux, discutant entre eux des rapports qu'ils avaient lu et faisant régulièrement des réunions pour être informés. Aucune décision ne devait être prise sans la totalité des meneurs.
La zone deux rassemblait les journalistes, ou en tout cas ceux qui s'occupaient de la communication et de la diffusion sur papier, ou même sur Internet. En tant qu'humain, s'intégrer aurait l'air facile mais cela ne l'était pas à Zodiacera. Pour être membre, il fallait faire preuve d'imagination et de concentration, puisque ce pôle pouvait aussi servir à l'échange entre eux vivant dans le monde des humains, et celui des zodias. Comme n'importe quel journaliste vivant sur Terre ils rédigaient des articles et les publiaient, interviewaient des personnes et faisaient des vidéos, mais lorsqu'ils tombaient sur des situations qui éveillaient des soupçons ou qu'ils devaient transmettre un message important, il n'était pas toujours facile de se rendre à Zodiacera ou d'envoyer une lettre. Pour cela, ils devaient rédiger un article comme d'habitude, en créant ou respectant des systèmes de codage, publiant au nom d'une entreprise nommée "Eglantine", totalement dirigée par des membres de Zone deux.
La simple publication de ce nom informait le fait qu'un message était caché dans l'article et qu'il fallait le déchiffrer, tâche effectuée par un groupe de personnes venant à la fois du zone du journalisme, de l'informatique, de l'investigation, de la chronologie et de la science. Ils étaient peu, mais étaient très qualifiés et savaient travailler ensemble, sélectionnés durement par leur meneur. Ces gens étaient très importants et précieux, ayant beaucoup travaillés pour avoir ces capacités, à tel point qu'ils avaient une salle assignée pour qu'ils puissent décoder ensemble voire faire des commentaires, se conseiller ou même s'encourager.
L'informatique, la zone trois. Ils permettaient la diffusion d'articles sur Internet par des blogs, mais s'occupaient aussi à faire plusieurs tâches évidentes telle que traiter des informations, décrypter des chiffres informatiques, faisant tout simplement des gestes tournant autour de l'électronique. Ce sont ceux qui surveillaient le monde des humains avec des caméras de surveillance dans une pièce spéciale avec un bon nombre d'écrans et de visionneurs. Ils étaient assez nombreux pour parfois se déconcentrer en discutant, mais ils s'organisaient pour avoir des pauses ou des moments de tranquillité.
La quatrième zone était probablement la plus détendue et la plus conviale ; celle de l'hôtellerie. Ils accueillaient les gens qui avaient besoin de se réfugier quelque part, s'occupaient de la restauration et veillaient à la satisfaction des clients en vérifiant que l'atmosphère était calme, que la nourriture était sûre, que l'espace était suffisante, etc. Ils étaient les meilleurs dans la distraction, aussi bien dans la mise en place d'activités que dans la détente des individus. Les membres étaient souvent des personnes positives qui avaient le don de faire rire les gens et de les rassurer. C'était clairement la meilleure zone en terme de tranquillité, ils n'étaient pas appelés pour se battre mais pour aider quelqu'un dans la rue, voire lui donner refuge et tout cela avec le sourire.
La cinq et la six peuvent être facilement réunies en une seule. Celles de l'animalier et de la végétation, ou tout simplement la faune et la flore. Ils veillaient à la nutrition, la santé ainsi que l'élévation des animaux et des plantes. Ils connaissent beaucoup de chose dans ce domaine pouvant ainsi informer des intéressés sur les possibles dangers que l'on pourrait rencontrer ou les bienfaits. Ils savaient quoi faire face à un animal ou une plante carnivore, les gestes à adopter, et veillaient à ce que d'autres les suivent.
La sept était la mienne, celle de l'investigation. C'était les inspecteurs qui résolvaient des enquêtes dans de nombreux domaines, en priorisant les complots ou les plans d'assassinats, étant ceux qui faisaient le plus souvent appel à la première zone puisque cela pouvait très rapidement dégénérer bien que nous soyions formés au combat et à l'utilisation d'armes. Nous étions aussi chargés d'anticiper les évènements du mieux que nous pouvions ou de nous fondre dans la masse pour différentes raisons professionnelles.
Après une enquête, nous avons ensuite affaire à la justice, ce qui était le domaine de la huitième zone. Elle pouvait aussi bien agir sur Terre que sur Zodiacera, jugeant les personnes qui auraient fait un crime, qui n'auraient pas respecté une partie de la loi. C'était les impartiaux, ceux qui souvent avaient les plus grosses responsabilités puisqu'ils devaient dissocier les mensonges de la réalité. Ils étaient le plus souvent sélectionnés à leur naissance, ou en tout cas à la manifestation de leur magie puisque c'était elle qui pouvait le plus souvent aider, des pouvoirs qui avaient une caractéristique appropriée et utile à la justice.
La neuvième zone abritait des personnes qui avaient consacré toute leur vie à l'Histoire, étant généralement de grands curieux au niveau intellectuel. C'était celle de la chronologie, s'informant ainsi du passé, et sachant faire la différence entre les coutumes, les tenues, les objets et ainsi de suite selon leur période d'existence. Ils étaient ceux qui détenaient la propriété d'une bonne majorité des bibliothèques et beaucoup d'entre eux avaient une rapidité impressionnante de lecture due à l'habitude qu'ils avaient prise. Ils étaient aussi de très bons traducteurs, pouvant aussi bien interpréter des langues étrangères de la Terre que des mortes telle que le latin ou le grec. Les plus motivés et inspirés étaient choisis pour devenir professeurs, que ce soit pour les enfants de pays pauvres des humains ou pour les zodias qui étaient en apprentissage. Ils étaient importants dans le processus de développement.
Des découvertes se faisaient aussi, tâches qui étaient effectuées généralement par la sixième zone qui occupait le domaine de la science. A l'aide d'outils qui leur étaient à disposition, ils faisaient des recherches sur l'Univers en étudiant et analysant plusieurs lois et phénomènes, tout cela avec des théories et un nombre calculable d'expérimentations. Ils nous aidaient aussi beaucoup dans notre zone lorsque nous étions face à des scènes de crime. La majorité des preuves devait être rapportée chez les scientifiques pour qu'ils pussent nous soumettre le plus d'informations que possible. Nos sections étaient alors en quelque sorte liées.
Et enfin, la dernière s'occupait des soins, et de la psychologie. Elle faisait partie des plus importantes dans les stratégies et travaillait très souvent avec la première zone, voire elle la soutenait étant donné qu'ils s'occupaient d'éventuels blessés ou traumatisés. Leurs membres étaient sûrement les personnes sur qui on pouvait le plus compter même si on ne les connaissait pas particulièrement. Ils avaient généralement les bons mots pour nous rassurer. Ce qui était formidable avec eux, c'était qu'ils restaient au côté de quelqu'un et faisaient un sorte qu'il pusse s'en sortir, même lorsque la vie de ce patient ne tenait qu'à un fil. Ils avaient la patience de continuer jusqu'à ce que le coeur ne battît plus. J'en étais spectatrice à plusieurs reprises, ces scènes étaient admirables.
Cela faisait plusieurs heures que je rêvassai tandis que mon livre était ouvert entre mes mains. Je n'avais même pas jeté un regard sur celui-ci, trop occupé à être plongée dans mes pensées, le visage rivé vers le tableau de mon Egerie. Durant ce temps-là, deux personnes étaient parties de la pièce, la troisième continuant à étudier. Un groupe d'individus entra cependant et s'installa autour d'une grande table, se félicitant en sueur. Ils semblaient sortir d'un match de baseball où ils jouaient au nom de Léo, et en vue de leur sourire et satisfaction, ils s'en étaient très bien sortis. Tout cela était très beau, mais cela faisait un sacré boucan dans la pièce ce qui me fit soupirer.
Je tentai de me détendre en me logeant un peu plus dans mon fauteuil les yeux fermés. Morphée alla me reprendre dans ses bras lorsque des agissements attirèrent mon attention, ainsi que des paroles. L'un des joueurs avait incité aux autres de regarder par la fenêtre en faisant des réflexions. Je le fis de même en voyant leur air incompréhensif.
Le mien les accompagna. Les mouvements qui se faisaient à l'extérieur piquèrent ma curiosité, comme les individus qui étaient dehors, les regards rivés vers la foule. Elle finissait pas se disperser, comme si elle faisait passer un groupe de personnes en se positionnant de part et d'autre de leur trajet. Je reconnus deux gardes de portail ainsi que des membres de la sécurité, qui avaient probablement été appelés. Ils avaient entre leur main deux filles, l'une semblait être une jeune étudiante tandis que l'autre devait encore être au collège, moins d'une quinzaine d'années. Elles étaient carrément trainées par ces forces, se débattant tandis qu'elles semblaient toutes les deux perdues. C'était rare qu'un évènement de ce genre se passait surtout que, ces personnes avaient leur tenue d'humaines ce qui voulait dire qu'il sortait tout juste de la Terre. Ces Gardiennes avaient dû faire une très grosse bêtise pour que l'attention de Zodiacera soit complètement tournée vers elle.
D'ailleurs, en les observant un peu plus, je me rendis compte que je ne connaissais absolument pas leur identité. J'étais même sûre de ne jamais les avoir croisé. La plus âgée n'était probablement pas le genre d'individu que l'on raterait facilement en vue de sa coiffure. Il s'agissait d'une coupe carrée de couleur blanche, ce qui était loin d'être anodin et commun à Zodiacera. L'enfant cependant n'était pas une certitude puisqu'elle avait un style négligeable, mais son visage ne me disait rien quand même.
Je me souvins que chacun de nous avait eu l'ordre d'être prudent, et que les portails de téléportation devaient être protégés et surveillés. Cette pensée m'incita à réagir. Ils se dirigèrent vers le bâtiment principal dont l'objectif devait sûrement être de rencontrer un influent, donc au moins un supérieur. Sans plus attendre je me levai, rangeai brusquement mon livre dans mon sac en même temps que je sortis de la pièce. Je tombai rapidement sur une foule qui sortait aussi de leur salon voire qui était déjà présente pour diverses raisons. Les arrivants passaient à travers les vitres qui menaient vers le couloir et les salles, alors qu'on ordonna aux alentours de ne pas les déranger dans leur balade. Les gardes qui tenaient les inconnues les laissa dans une pièce où venait d'entrer Steafan, rapidement suivie de Nyada qui avait accourue à travers la foule.
Au loin, mon acolyte Jaycen était en train de discuter, ou plutôt tentait de récolter des informations auprès d'un homme que l'on connaissait très bien. En les voyant ainsi, mon corps se mit automatiquement en marche pour aller à leur encontre, dans le but d'essayer à mon tour de savoir ce qui était en train de se passer.
— Que se passe-t-il ?
Je n'avais pas le temps pour présenter mes salutations étant donné que c'était déjà fait lors de la réunion. Ils tournèrent tous les deux la tête vers moi sans étonnement de me voir ainsi. Ixion, le meneur de ma section, m'adressa un sourire habituel avant de tapoter le sommet de ma tête avec l'une de ses mains.
— Détend-toi Trésor, me répondit-il, tu serais l'une des premières à être informée par ma personne.
Un soupir se fit sentir entre mes lèvres, alors que je levai les yeux au ciel. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait cela et il s'en délectait de voir mon impatience. Il cessa ses gestes dits affectifs et guida son regard vers la salle de réunion où se trouvait les deux étrangères.
— Steafan vient tout juste de m'envoyer un message. Lorsque les foules seront calmées tous les meneurs devront le rejoindre.
Je suivis son regard, et en effet, les individus étaient très mouvementés sans réelles raisons. Ils étaient à la fois appeurés, en colère et désespérés. A chaque fois que des évènements de ce genre se passaient, c'était parce qu'un Gardien avait été irrespectueux envers la loi. Un acte qui était considéré comme étant très grave puisqu'il existait principalement parce qu'il assurait une certaine sécurité pour l'ensemble des zodias. Comme d'habitude, le chef, son adjointe et les meneurs sur place s'occupaient de poser les bases, tandis que les autres supérieurs devaient rester dehors pour apaiser et détendre les gens. Ils devaient faire attention à ce qu'aucun d'entre eux ne fit de la provocation ou provoquât de l'hostilité pour une quelconque raison. De petites rébellions contre les traîtres avaient déjà été faites par improviste, étant parfois très graves.
— J'espère que ces filles n'ont rien fait de grave, les zodias ont l'air d'être de très mauvaise humeur aujourd'hui.
Mon acolyte acquiesça mes paroles en poursuivant la conversation. Nous lançâmes ainsi une discussion sur nos suppositions selon nos expériences et les faits déjà vus. C'était l'une des raisons pour lesquelles nous étions proches lui et moi, c'est que nous imaginions souvent ensemble, et parfois nos pensées pouvaient être très rigolotes. En l'occurrence, la seule raison qui revenait souvent dans nos paroles c'était que la petite était sûrement pas autorisée à sortir du seuil de Zodiacera à moins d'être précoce. C'était une règle très importantes, les hybrides et les personnifiés n'étaient pas autorisés à se rendre dans le monde des humains au risque d'être repérés. Les enfants et les marginaux étaient dans la même situation, la différence étant qu'ils en avaient la possibilité, mais uniquement avec une autorisation.
Notre chef nous rejoignait parfois avec autant d'idées et de folies. Il s'arrêta cependant à l'entente d'une petite sonnerie venant de sa machine. Nous continûames notre conversation tandis qu'il sortit son mobile de sa poche et pianota sur son écran, où ses sourcils se froncèrent au bout d'un certain temps. Mon partenaire le remarqua en premier et imita son visage, le regard rivé vers notre meneur ce qui m'incita à faire de même. Nous attendîmes une explication de sa part.
— Ce sont des humaines.
J'allai éclater de rire, pensant que c'était une blague dont l'objectif était de poursuivre notre débat. Le problème étant qu'il ne le faisait pas, et que son visage était de plus en plus sérieux, plongé dans la réflexion. La foule n'était pas totalement calmée qu'il nous fit un signe de salutation et s'en alla en direction de la salle de réunion.
Si elles étaient innocentes, il était clair qu'elles étaient tombées au pire moment. Nous venions de discuter de personnes qui auraient une dent contre Zodiacera, et que l'entrée devait être impérativement vérifiée par un badge. Les terriens n'avaient pas la capacité de se rendre dans notre monde même lorsqu'ils traversaient un portail de téléportation. Pour eux, il n'existait pas et ils le sentaient encore moins. Aucun d'entre eux n'avait réussi à se rendre ici, à part elles, à ce moment précis.
— Je sens qu'on va beaucoup travailler, Ael'.

Zodiacera [ EN PAUSE ]Where stories live. Discover now