Chapitre 5

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Le soleil se levait tranquillement, en même temps que moi. Ses rayons m'illuminèrent, m'incitant à cligner des yeux à plusieurs reprises le temps de s'habituer. Je baillai, m'étirant légèrement, tandis qu'au bout de quelques instants des caresses se firent sentir sur mes hanches. Un sourire se forma sur mes lèvres à ce contact mobile qui me manquait tant.
Deux semaines étaient passées depuis l'attaque. La réunion avait été longue mais aussi très importante. Les systèmes de sécurité avaient été plus importants que précédemment, et tous les chefs devaient donner des ordres différents à leur zone. Cela concernait des décisions qui avaient été prises pour éviter le plus que possible des pertes, et donc tous les pôles sans exception étaient concernés, et devaient donner de leur savoir et de leur utilité pour une meilleure efficacité de notre protection.
Maintenant que tout cela avait été établi, bien qu'il restait encore quelques affaires à régler, nous étions enfin tranquille. Je me retournai délicatement, me retrouvant ainsi face à l'homme qui se permit de s'approcher un peu plus, nos corps se collant l'un à l'autre.
— Bien dormi, princesse ?
Mon sourire s'intensifia un peu plus alors que mon regard était plongé dans le sien. Je ne sus répondre, et en réalité, ce n'était pas vraiment nécessaire. Prenant ma réaction en guise de réponse, il me prit un peu plus dans ses bras, et me fit un baiser sur la joue.
— Que fais-tu aujourd'hui, Steaf' ?
C'était normalement une routine, mais cela faisait tellement longtemps que nous n'avions pas eu de moments aussi intimes, que cela en était plus que plaisant. Je me souvins qu'il aimait ce genre de question, lui montrant que je m'intéressais à lui et à ce qu'il faisait ; et en plus, c'était sincère.
— Je vais vérifier que tout notre système est solide, et que tout a été fait. Il faudra aussi que j'aille voir les responsables des enfants de Zodiacera pour voir s'ils ont bien été informés, et s'ils ont besoin de quoi que ce soit pour veiller leur sécurité. Et ensuite, ce soir il y aura la réunion des meneurs.
Mes mains s'étaient perdues sur ses cheveux, tandis que mes oreilles ne cessèrent de l'écouter. Ses discours étaient plus ou moins similaires d'habitude, mais cette fois-ci, puisque la situation était différente, il y avait un peu plus de matières. D'accoutume, il devait lire des dossiers et des rapports, vérifier que tous les zones sont corrects, s'occuper de plusieurs paperasses et préparer des réunions futures. Ses moments de repos étaient assez rares, mais dès qu'il en avait, il en profitait beaucoup.
— Tu fais attention à toi, hein ?
Je stoppai lentement mes caresses, avant de les reprendre, et répondis d'un hochement de la tête. C'était un grand jour, et il était évident qu'il n'était pas forcément plaisant pour tout le monde, en tout cas pour lui, et probablement pour moi. Je devais ramener les deux soeurs auprès de leurs parents durant deux ou trois jours. Ce n'était pas facile de convaincre Steafan qui argumentait ses refus par l'attaque surprise et inconnue que l'on avait eu récemment, bien que la caméra que j'avais mise sur Qays nous avait révélé beaucoup de choses. C'était une assez mauvaise idée de se rendre dans le monde des humains seule ; il avait accepté au bout d'une semaine. J'avais beaucoup insisté sur le désir affectif des humains, et sur le fait que je serai prudente, que j'arriverai à agir en conséquence.
Le réveil sonna enfin au bout d'une heure, interrompant ainsi nos caresses. Je m'étirai, puis me levai du lit malgré les grognements de l'homme. Je me dirigeai vers les douches sans oublier de ramasser mes vêtements par terre et les mettre dans la machine à laver. J'en ressortis avec une serviette autour du corps tandis que l'homme était déjà en appel sur son téléphone, assis sur le lit. J'allai alors discrètement vers son placard pour ne pas faire trop de bruit puisque je passai devant lui, et observai les différents vêtements de Steafan. Entre-temps, j'avais mis un soutien-gorge et une culotte qui était déjà chez lui depuis un bon moment. Au bout de quelques secondes de réflexion, j'attrapai un long tee-shirt blanc qui s'arrêtait à mes cuisses, la taille étant étonnante d'ailleurs puisqu'elle était un peu grande pour Steafan qui n'avait jamais porté cela dehors. Je l'enfilai alors, et pris ma ceinture qui était sur ma tenue précédente désormais à laver, et la mit au niveau de ma hanche. J'enfilai ensuite mes bottes et des lunettes qui n'avaient aucune correction, mais qui étaient présentes pour le style. Ce n'était pas une tenue très avancée, mais elle était au moins correcte pour me rendre dans le monde des humains. De plus, ma valise était encore dans la voiture, et je n'avais pas envie de déranger Steafan.
Je m'apprêtai à partir lorsqu'il me tira par le bras, éloigna le téléphone tout en le gardant en main, et me vola un baiser. Il me répéta de faire attention, et je partis alors vers le garage. Je me plaçai au volant, vérifiai que j'avais tout, puis partis en direction d'un portail de téléportation, celui qui se trouvait dans la forêt de Zodiacera. Eléonore et Laëna seraient emmenées par Jaycen en empruntant un autre chemin que le mien, histoire de rester dans la discrétion et ne pas éveiller la soupçons de plusieurs zodias.
Concernant mon acolyte, nous avions discuté longuement sur le déroulement de cette visite, et en avions conclu qu'il viendrait plus tard, mais aussi que nous devions rester en contact. Il n'était peut-être pas nécessaire qu'il vienne étant donné que ce serait plus correct qu'une fille vienne chez eux plutôt qu'un garçon en vue des caractères de leur parent. Je lui écrirai à chaque fois qu'il y aurait du nouveau, et à chaque fois que les sœurs seraient séparées pour que chacun ait une personne à surveiller en temps voulu. Les clones qui remplaçaient Eléonore et Laëna avaient été informés de notre arrivée grâce à des messages codés, et devaient nous attendre dans le monde des humains pour pouvoir revenir sur Zodiacera le temps que les vraies soeurs revoient leurs proches.
— Maur ?
Un court silence se posa après mon apostrophe, avant qu'un petit grisaillement non dérangeant se fit entendre sur la machine télécommunative qui était installée dans mon véhicule. Ce petit bruit me faisait comprendre qu'il avait mis le microphone et qu'il s'apprêtait à parler.
— Tout est là normalement, et ils seront arrivés dans dix minutes.
Je jetai un oeil sur ma montre ; mon arrivée se faisait dans les trois minutes. C'était parfait, le temps que je me prépare et que je discute avec les personnes sur place sur le déménagement des bagages ainsi que la voiture du monde terrestre.
— D'accord.
L'engin se coupa rapidement après ce mot. Vu que j'étais sur le point de changer d'un monde à un autre, Maur et Blanche devaient couper le contact pour assurer la la machine de communication sur la Terre, ce qui était assez compliqué puisqu'ils étaient restés à Zodiacera.
J'accélérai le moteur lorsque le Portail se présenta dans ma vision, au loin. Le passage était étroit et entouré d'arbres, mais c'était correct pour la taille du véhicule, ce qui me permettait de jouer avec la vitesse et donc d'y aller à fond tout en maniant la volant. La forme circulaire grandit alors de plus en plus de mon point de vue à mesure que je m'y approchai, brillant un peu plus, jusqu'à ce que ma vision soit blanchit, me poussant à fermer les yeux. Une fois que je sentis que mon véhicule avait totalement traversé le Portail, je restai immobile, gardant les paupières abaissées.
— Que faites-vous dans mon garage ?!
Je soupirai doucement, lassée. Le moteur s'arrêta, et mes yeux s'ouvrirent sur un endroit familier et sombre, qui s'illumina tout d'un coup par les lumières qui apparurent dans les ampoules. Je tournai la tête vers la droite, où un homme se tenait sur le véhicule, les deux coudes sur la vitre et un grand sourire aux lèvres.
— Ce n'est toujours pas drôle, Sofrid.
Il éclata de rire, sûrement à cause de l'expression de mon visage désespéré que j'avais fini par adopter à chaque fois qu'il me faisait ce coup-là. Je levai les yeux au ciel et redémarra le moteur pour faire avancer la voiture de telle sorte à s'éloigner du portail de téléportation. Ensuite, je descendis du véhicule et laissai le mécanicien vérifier que tout était correct à l'intérieur.
— Je vais mettre tout ce qu'il faut pour assurer votre sécurité, m'informa-t-il. Je viens tout juste de terminer les armes et les engins à positionner. Je t'expliquerai tout à la fin.
En entendant ces paroles, je hochai la tête en signe de compréhension. Cet ordre était sûrement donné par Steafan, ce qui était compréhensible puisque la voiture serait l'endroit principal où je pourrai me réfugier si jamais j'avais un souci. Pendant qu'il effectuait sa tâche, j'attachai mes cheveux en un chignon décoiffé et me mis face au coffre, avant de l'ouvrir. Il y avait un petit bagage où mes vêtements étaient rangés ainsi que quelques accessoires de beauté et de toilettes. En effet, la surveillance était sérieuse et les restrictions aussi, il fallait que je dorme chez eux pour ne prendre aucun risque.
Quelques minutes après, une autre voiture apparut. Sans surprise, c'était Jaycen et les deux soeurs qui semblaient d'ailleurs émerveillées par ce voyage court mais impressionnant. Ils sortirent du véhicule, et comme d'habitude, Sofrid et Jaycen crièrent pour se saluer, et se firent des gestes avec les mains qu'ils faisaient toujours lorsqu'ils se voyaient, le sourire aux lèvres. Ils se voyait très rarement, mais c'était évident que leur amitié ne changera jamais.
Je me retournai vers le coffre, et pris une arme qui était sur une table, et la plaça dans une armoire cachée sur le plafond. Je fis la même avec deux autres, mais cette fois-ci sur les côtés. C'était au tour des munitions que je plaçai un peu partout, ainsi que dans un sac-à-main que j'avais laissé sur un siège et que je prendrai sur moi lorsque je jouerai enfin le rôle d'une terrienne. Jaycen, de son côté, donna quelques instructions aux filles, dont le fait qu'elles seront dans ma voiture pour le chemin jusqu'à leur maison.
Au même moment, quelqu'un toqua à la porte du garage. Une vieille dame l'ouvrit, accompagnée d'un plateau avec des gâteaux qu'elle nous proposa gentiment.
— Eléonore, Laëna, attendez là-haut avec Antoinette, dit Jaycen, le temps que l'on prépare tout le matos.
Sans poser de questions, elles hochèrent la tête et suivirent la fameuse femme qui venait de se montrer. Aucune valise n'a été déplacée puisque leurs affaires étaient déjà sur place. Etant donné que la préparation de mon véhicule était presque terminée, je laissai Sofrid terminer et aidai Jaycen à faire la même pour le sien. Il ne sera pas toujours sur Terre, mais lorsqu'il y sera il lui faudra aussi des armes au cas-où on se ferait attaquer en surprise. De plus, un hôtel était présent tout près de la résidence des soeurs qui appartenait à un zodia, ce qui était parfait. Cela permettrait à Jaycen de venir se reposer là-bas quand il ne serait pas occupé à Zodiacera.
Lorsque nous terminâmes, nous appelâmes les humaines. Je me mis au volant tandis qu'elles s'installèrent, remerciai le mécanicien et fis démarrer le moteur. Jaycen nous salua, restant au garare sûrement pour discuter un peu avec son ami d'enfance.
C'était ainsi que se déroula mon trajet sur les routes d'une ville terrienne. Je placai un GPS près de mon rétroviseur et suivis ce que la voix masculine me dictait. La route était assez longue étant donné que le portail de téléportation était loin, mais c'était préférable pour la sûreté de la mission. Entre-temps, Jaycen m'envoya un message en m'informant de la venue des clones dans le monde de Zodiacera. Le plan était un succès, et cela devait se voir sur mon visage puisque de la joie se faisait sentir derrière moi.
Nous arrivâmes au bout d'une quarantaine de minutes sous l'excitation de la petite qui avait hâte de rentrer. Nous étions près de la maison, et je l'analysai rapidement ; des décorations se faisaient voir à une fenêtre. Je compris rapidement, mais je ne dis rien et sortis du véhicule avec elles. Laëna fut la première à se rendre vers la maison avec précipitation, sa soeur et moi la suivions, mais avant de rentrer, je lui glissai un rappel.
— Tu te souviens de ce que tu dois faire ?
Elle sourit, et hocha la tête en guise de réponse, et passa devant. Je n'étais pas encore totalement rentrée que de grands "Joyeux anniversaire" se faisait entendre à l'intérieur de la maison, et par plusieurs voix enfantines et joviales. C'était des enfants de l'âge de Laëna, ainsi que ses parents qui en étaient l'auteurs.
J'entrai dans le salon. Il y avait beaucoup d'objets emballés de paquets cadeaux, une grande table avec des confiseries, et beaucoup, beaucoup de rose. Cela faisait longtemps que je n'avais pas assisté à l'anniversaire d'une petite fille, alors c'était comme un choc.
Sauf que, ce qui me perturbait particulièrement, c'était le regard des parents qui, de base était accueillant, devenait incompréhensible. Je n'étais pas la seule à le voir, Eléonore aussi les regardait mais en fronçant les sourcils. Elle se reprit et me sourit une nouvelle fois, m'invitant à m'asseoir sur le canapé pendant que les petits s'amusaient entre eux.
Nous discutions et rions comme si nous nous connaissions depuis longtemps. On avait même appris à nous connaître, ce qu'on avait pas forcément fait à Zodiacera où c'était plutôt une relation professionnelle pour ma part, et pas réellement agréable pour elle bien qu'elle ne s'était pas plainte depuis leur enfermement. Et puis, techniquement, c'était encore le cas, mais le fait que je jouais un rôle faisait qu'on était plus amical l'une avec l'autre.
Au milieu de la fête, son père lui fit signe de les rejoindre, sa mère et lui, dans la cuisine. C'était ce qu'elle fit en s'excusant auprès de moi. Mon regard se posa sur les enfants, mais mon attention était évidemment ailleurs. Je pris mon oreillette et la mis. Un micro était placé sur les deux filles, que l'on avait mis depuis la prison, qui nous permettait d'entendre la même chose qu'elles, et donc savoir ce qu'elles faisaient exactement.
— Maman, papa, commença-t-elle, je voulais justement vous demander si...
— Tu traines souvent avec ce genre de... personne ?
Leur question me fit froncer les sourcils. Ils parlaient sans aucun doute de moi, mais les raisons ne me semblaient pas évidentes. Un petit silence s'empara de l'atmosphère qui devenait tendue. Eléonore, elle aussi dans l'incompréhension, leur demanda de développer.
— Et bien, poursuit la mère, tu sais bien que ce n'est pas vraiment fréquentable.
— Tu parles de sa couleur de peau ? Tu plaisantes j'espère.
La réponse de la surveillée illuminait ma réflexion, et me fit lâcher un soupir. J'avais complètement oublié qu'il existait ce genre de personne, et il était marqué nulle part dans le dossier que ces gens n'appréciaient pas les personnes issues du peuple noir. Je n'avais pas envie d'entendre la suite et décidai que c'était une conversation privée, alors je rangeai mon oreillette et reportai mon attention sur la fête. Une vibration se fit sentir dans mon sac. Je pris le téléphone qui était à l'intérieur et lis le message.
Message de Jay' : Outch, ça commence mal. Tu penses que le mieux, ça aurait été toi ou moi ?
En temps normal, je l'aurai insulté parce qu'il m'aurait sous-estimée, mais pour le coup il avait raison. Alors, je ne répondis pas et rangeai mon téléphone. Il se doutait sûrement de toute manière qu'il n'aurait pas de réponse de ma part suite à ce message. C'était même sûr et certain qu'il se moquait de moi.
Eléonore sortit de la cuisine assez rapidement, au bout de quinze minutes. Elle semblait énervée, mais lorsqu'elle s'assit près de moi, elle reprit son sourire qui avait pourtant l'air d'être forcé.
— C'est bon, tu peux dormir à la maison.
Visiblement, elle ne savait pas mentir, à moins qu'elle ait réellement réussi à convaincre ses parents de me laisser à la résidence le temps qu'elles profitent de leur séjour chez elles. Je décidai de ne pas l'embêter sur leur conversation puisqu'elle avait l'air de vouloir rester dans le silence par rapport à cela, ce que j'acceptai totalement.
Le plan était mis à exécution, en tout cas, et c'était le principal. C'était que le début et j'étais déjà fatiguée de vivre cette vie qui n'était pas la mienne. Cependant, le rire de Laëna juste devant moi m'encourageait à faire un effort, bien que rien ne m'y obligeait.
C'est tellement beau de voir un enfant heureux.

Zodiacera [ EN PAUSE ]Where stories live. Discover now