Chapitre 18 (2/2)

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Je n'insistai pas, sachant parfaitement qu'il n'en démordrait pas. Si je voulais des infos, j'allais devoir les obtenir auprès de quelqu'un d'autre. Instinctivement mes yeux glissèrent vers Eren, qui aurait été une cible idéale il y a encore quelques jours. Aujourd'hui, je doutais qu'il me réponde, ou même qu'il m'écoute. Quant aux autres, ils devaient sûrement savoir pourquoi j'étais mise à l'écart et il y avait peu de chance qu'ils vendent la mèche.

— Soen, tu prends l'autre véhicule. Répartissez-vous dans les deux voitures, on doit être là-bas dans vingt minutes, ordonna Aaron en désignant le 4x4 garés juste derrière le premier.

Frustrée, je me dirigeai aussitôt vers la voiture de Soen. Malheureusement, je n'avais pas fait deux pas qu'Aaron m'attrapa par le bras et me poussa vers son propre véhicule.

— Toi, tu restes avec moi.

— Pourquoi ? ronchonnai-je en dégageant mon bras.

— Parce que le plus faible reste avec le plus fort, histoire d'égaliser les niveaux.

— Égaliser les niveaux ? Pour vingt minutes de route dans des véhicules blindés ? Tu n'as pas l'impression d'exagérer là ?

— Ou peut-être que c'est simplement parce que j'aime bien t'entendre te plaindre, qui sait ? répondit-il en prenant le volant, un sourire en coin.

— Dans ce cas tu vas être servi, sifflai-je en m'asseyant à l'arrière.

Je vis Nao hésiter un instant sur la voiture qu'il devait choisir, mais dès qu'il me vit monter dans celle d'Aaron, il donna un coup de coude à Swann et Eban et leur fit signe de monter dans notre voiture.

— Aloys ! s'exclama-t-il, tout sourire alors qu'Aaron mettait le contact. Alors tu as hâte de passer à l'action ? Ta première mission ! Tu n'es pas trop stressée j'espère ?

— La seule chose dont j'ai hâte c'est de voir la mer, je me fiche pas mal de votre mission, lâchai-je alors que la voiture démarrait.

Devant mon manque d'entrain, je vis ses épaules s'affaisser.

— Tu avais l'air plus... motivée tout à l'heure, fit remarquer Swann, serait-ce encore notre cher général qui s'est chargé de te mettre de mauvaise humeur ?

Agacée, je levai les yeux au ciel et croisai le regard d'Aaron dans le rétroviseur. J'avais beau ne pas voir son sourire, le petit air malicieux qui brillait dans ses yeux m'indiquait qu'il s'amusait beaucoup.

— Je n'ai rien fait de tel, se défendit l'intéressé. Elle n'est simplement pas capable de rester joyeuse plus de deux minutes consécutives.

Bien décidée à lui faire payer sa remarque, je me penchai en avant et glissa ma main à l'arrière de son siège, à quelques millimètres de sa nuque.

— Vous feriez mieux de vous concentrer sur la route au lieu de chercher à créer des tensions Général, susurrai-je en laissant s'échapper de mes doigts une petite étincelle.

Il sursauta, plus par surprise qu'à cause de la douleur, bien que mon éclair ait laissé une petite marque rouge juste à la naissance de ses cheveux. Son pied appuya violemment sur le frein, nous projetant tous en avant et Soen qui se trouvait juste derrière nous, klaxonna bruyamment.

— Aloys ! gronda Aaron alors que tout le monde explosait de rire.

Je ne savais pas trop s'il était en colère contre moi ou non. À vrai dire depuis quelque temps je ne savais plus trop comment me comporter avec lui. D'un côté j'étais consciente de ce qu'il était, mon supérieur d'abord, mais aussi un assassin notoire aux humeurs changeantes qui pouvait décider de tuer quelqu'un avec autant de facilité que si on lui demandait de traverser la rue. Mais de l'autre côté, il n'était qu'Aaron, pas Aaron Melchior, le fils des deux plus grands tyrans de l'histoire. Non, juste Aaron, celui qui s'amusait à me mettre en colère et qui m'aidait lorsque mon corps prenait feu, qui soulageait ma douleur et persistait à vouloir m'aider même quand je jouais les garce et ne le méritais pas.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now