Chapitre 26 (2/2)

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— Bon sang Aloys ! Grandis un peu ! Tu ne peux pas fuir dès que tu te mets à flipper !

Je le repoussai violemment contre le mur et dégageai mon bras. Je ne flippai pas ! J'essayais simplement de garder le contrôle, était-ce trop demander ? Ce n'était pas lui dont le sang se mettait à bouillir à la moindre occasion, au moindre dérapage, c'était moi ! Et j'en avais assez d'être constamment au bord du précipice !

— Je n'aurais pas besoin de fuir si tu comprenais la différence entre un oui et un non ! lâchai-je furieuse qu'il ait osé me suivre jusqu'ici.

— C'est peut-être parce que j'entends deux choses différentes, rétorqua-t-il en me foudroyant du regard. Il y a un monde entre ce que tu ressens et ce que tu dis Aloys, comment veux-tu que je m'y retrouve ?

La lumière criarde de la piste de danse semblait redessiner ses traits, accentuant sa colère. J'aurais tremblé devant tant d'animosité si je n'avais été moins même folle de rage.

— Et bien va épier les émotions de quelqu'un d'autre dans ce cas et contente toi de ce que je dis !

Nous hurlions l'un sur l'autre et même la musique n'arrivait pas à couvrir nos cris. Quelques curieux avaient tourné la tête vers nous et nous dévisageaient avec intérêt. Aaron paraissait presque aussi furieux que moi, ce qui fit reculer certains de plusieurs pas. Ou alors c'était de moi qu'ils s'écartaient ? Je sentais la piqûre familière de mes éclairs au creux de mes mains signe qu'une fois encore, Aaron avait eu raison de mon self-contrôle.

Aaron se crispa, attrapa mon bras d'une main ferme et me tira derrière lui. J'aurais probablement pu me dégager si j'avais utilisé mes pouvoir, mais je n'en fis rien. De toute évidence, je ne risquai pas d'échapper à cette confrontation et je préférai encore que ça ait lieu loin de tout ce public. Il longea le mur un moment, bousculant tous les danseurs que nous croisions sans leur prêter un regard et s'arrêta devant une petite porte en métal. D'un geste vif il fit passer son bracelet devant le capteur et la porte s'ouvrit. Après m'avoir poussé à l'intérieur il se plaça devant la porte, bloquant ainsi la seule sortie.

C'était une petite pièce, humide et éclairée par des néons blancs qui agressaient les yeux. Une quantité impressionnante de bouteilles d'alcool en tout genre était stockée là. Les murs devaient être très épais car on n'entendait presque plus la musique. Parfait, j'étais enfermée dans un placard avec lui, l'endroit rêvé pour une prise de tête digne de ce nom.

— Et comment suis-je censé me contenter de ça ? commença-t-il en s'adossant à la porte.

Je haussai les épaules.

— Je ne sais pas, tu te concentres sur quelque chose de plus important qu'une amourette ridicule avec une fille que tu ne connais pas.

Incapable de soutenir son regard, je baissai honteusement la tête.

— Je te connais bien mieux que tu ne le crois, rétorqua-t-il en tapotant sa tempe du doigt. Je te ressens à chaque instant, de jour comme de nuit, ta foutue énergie résonne sur des kilomètres pour moi. De jour comme de nuit Aloys, je sais lorsque tu es triste, lorsque tu es heureuse, en colère, je sens ta peur et tes doutes, comment veux-tu que je fasse pour ignorer tout ça ?

Je déglutis. Voilà quelque chose auquel je n'étais pas préparé. J'avais longuement réfléchi sur la nature de mes sentiments pour lui, en revanche, je n'avais jamais cherché à comprendre pourquoi Aaron Melchior me tournait autour avec autant d'insistance. A sa place, je me sentirais... étouffée. Prise au piège, plus encore que je ne l'étais moi-même.

— Dans ce cas tu aurais peut-être dû penser à m'envoyer ailleurs, dans un autre centre à l'autre bout du monde par exemple, au lieu de me recruter dans ton escouade.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now