4/ FACTEUR A SES HEURES PERDUES

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PDV IRIS

Il était 10h00 lorsque je me levais. J'avais finalement réussi à m'endormir au bout d'un long moment. Je pris le temps de me réveiller puis je sortis de ma chambre, longeais le long couloir gris avant d'atteindre la cuisine où mes trois autres colocataires prenaient leur petit-déjeuner.

-Salut, dis-je en m'installant sur un tabouret au niveau du bar de la cuisine.

Mona me servit du café et je la remerciais.

-C'était bien ta soirée ? Me demanda Luka.

J'haussais les épaules.

-Ouais, je répondis vaguement, des images de la veille remontant.

Je sentis le regard de Luka sur moi et cela eut l'effet d'un électrochoc.

L'évidence.

L'évidence apparut sous mes yeux.

Comment j'avais pu être aussi idiote ?

Comment j'avais pu être aussi aveugle ?

Evidemment.

Je relevais le regard et le plongeais dans celui de Luka.

-C'était toi, lâchais-je.

Il lâcha mon regard et parut déstabilisé.

-Moi, quoi ?

-Les lettres à Idriss, c'était toi, tu les as intercepté !

Son visage se décomposa en mille morceaux et peu importe ce qu'il pourrait dire je savais que j'avais raison. Sa réaction venait de me le confirmer.

Mona fit les gros yeux et Sacha semblait complètement perdu face à la conversation.

Luka restait sans réaction. J'avais beau venir de me lever, cette évidence m'avait réveillé comme jamais. Je tapais mon poing sur le bar de la cuisine américaine faisant sursauter mes colocataires. Luka releva la tête vers moi avec un regard désolé.

-Putain ! M'exclamais-je. Mais dis quelque chose, bordel !

-Tu veux que je dise quoi ?! Je suis désolé. Ouais, je suis putain de désolé mais d'un autre côté nan, parce que je voulais que tu l'oublies. Je voulais que tu vois ce qu'il y avait devant toi et pas que tu penses à ce qu'il y avait à des milliers de kilomètres. Je suis amoureux de toi Iris. Depuis le début. Quand on couchait ensemble, toi tu t'amusais, tu te vidais la tête, pas moi !

Il avait dit tout ça le regard fixé dans le mien. Ça en était trop. Je posais ma tasse de café dans l'évier et je retournais dans ma chambre.

Comment j'avais pu être aussi conne ?

Moi, qui pensais que j'étais une sorte de jouet pendant la période où on couchait ensemble.

En fait nan, c'était l'inverse. C'était mon jouet.

J'étais perdue. Je ne savais plus quoi penser.

Est-ce que si je n'avais été amoureuse d'Idriss à l'époque, est-ce que j'aurai éprouvé des sentiments pour Luka ? Est-ce qu'aujourd'hui nous serions ensemble ?

Luka et moi ?

Ridicule.

Il est tellement différent.

Différent d'Idriss.

En fait, c'était ça mon problème, peu importe de quel mec je parlais, je le comparais toujours à Idriss. C'était comme un point de référence. J'avais beau dire ce que je voulais, mais en deux ans, je n'en avais rencontré aucun qui lui arrivait à la cheville.

Je pris une douche et m'habillais. J'enfilais une robe pull, un collant foncé et des bottes. Je pris mon manteau et mon sac. Je commençais à travailler à la bibliothèque à 14h00. J'allais en profiter pour faire quelques magasins, seule. Pour me vider la tête et en même temps réfléchir à ma vie.

Peut-être que finalement j'aurai dû rester en Grèce ?

Revenir, c'était affronter le passé.

Revenir, c'était affronter Idriss.

Revenir, c'était repenser à mes sentiments pour Idriss.

Revenir, c'était me demander si j'en avais toujours ?

En avais-je toujours ?

C'était trop tôt. Trop tôt pour que je puisse savoir. Si je m'étais contentée de répondre en repensant à mon état de la veille j'aurais probablement répondu oui, oui j'ai encore des sentiments pour Idriss. Mais en y réfléchissant plus, je crois que ce que j'avais ressenti hier soir, c'était plus quelque chose du genre de la nostalgie.

Je passais quasiment deux heures dans un magasin, restais plantée un long moment devant différentes robes pour au final ressortir du magasin avec quedal. Je fis rapidement escale dans un Starbucks où je pris un café pour finir de me réveiller puis je me dirigeais vers la bibliothèque où j'allais travailler pour un temps encore indéfini. Je m'étais renseignée sur Internet et j'avais pu constater avec joie que c'était l'une des plus grandes bibliothèques de Paris et qu'elle était très réputée. J'étais alors surprise de savoir qu'il n'y avait que trois employés dont moi.

Je marchais depuis dix minutes lorsque je me rendis compte que j'étais arrivée devant la grande bibliothèque. Je restais quelques temps plantée devant la grande façade puis me décidais finalement à entrer à l'intérieur. Je montais les quelques marches puis poussais la grande portée d'entrée. Je cherchais l'accueil du regard puis me dirigeais vers celle-ci. Une femme était assise devant l'écran d'un ordinateur. Elle semblait avoir la quarantaine, ses cheveux étaient blonds et soigneusement coiffés.

-Bonjour, je suis Iris Samaras, je...

Elle releva la tête vers et un sourire apparut sur ses lèvres.

-Bonjour, oui bien sûr ! Enchantée, je suis Sophie, la gérante de la bibliothèque. Bienvenue !

Elle se leva et fit le tour de l'accueil pour venir à ma rencontre. Elle portait un tailleur gris qui la rendait très élégante. Elle me serra la main.

-J'ai vraiment été impressionnée par votre lettre de motivation, m'avoua-t-elle. J'ai rarement vu quelqu'un qui aimait autant les livres et la lecture. Même moi, je ne suis pas certaine d'avoir toutes ces émotions en lisant un livre.

Je souris, fière que ma lettre lui est fait cet effet. En effet, lors de la rédaction de ma lettre de motivation, j'avais décidé de mettre le paquet en me livrant à cœur ouvert, décidant que soit elle serait convaincue, soit ça serait next pour moi.

-Je vais te faire le tour de la bibliothèque et t'expliquais les différentes tâches. Ici, chacun est polyvalent. Tu seras autant à l'accueil, que dans les rayonnages ou encore dans la réserve.

J'acquiesçais.

La bibliothèque comportait plusieurs étages. J'aimais beaucoup son aménagement. Le rez-de-chaussée comportait les livres pour adultes avec tous les styles de lecture ainsi que les documentaires. Le deuxième était destinée aux enfants et adolescents. Le dernier et troisième étage était réservé aux archives et journaux. Il y avait un accès restreint à cet étage et les clients devaient avoir réservé et remplit une fiche avant d'accéder à cet étage. Quant à la réserve, elle se trouvait au sous-sol.

Pendant notre visite de la bibliothèque, je rencontrais mon autre collègue, Diego. C'était un jeune homme âgé d'une vingtaine d'années. Je n'avais pas vraiment aimé le regard qu'il avait porté sur moi en me voyant mais avait tenté de faire abstraction sachant que je souhaité à tout prix travailler ici et je voulais que tout se passe bien. Je ne laisserai pas ce Diego tout gâcher.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant