6/ LE SUJET QUI FÂCHE

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PDV IRIS

Il était 18h00, je sortais de mon troisième jour de travail à la bibliothèque, lorsque mon téléphone émit une sonnerie m'indiquant la réception d'un message. C'était effectivement un sms en provenance de Ken qui me demandait de passer chez lui. Je lui répondis que je serai là dans une vingtaine de minutes et commençais donc le trajet à pieds.

Après vingt minutes de marche, je montais escaliers quatre à quatre puis sonnais. Je fus surprise de voir Théo m'ouvrir. Je pensais que je serai seule avec Ken. Néanmoins, je ne le montrais pas et fis la bise à 2zer. Pour plus grand malheur, je vis qu'Hakim et Idriss étaient là aussi. J'en fis abstraction et allais faire la bise à mon frère qui décapsulais des bières dans la cuisine.

-Tu voulais me dire un truc spécial ? Je lui demandais.

Il acquiesça. Je pensais que nous allions rester dans la cuisine pour parler de la chose dont il voulait me faire part mais il se dirigea dans le salon avec les bières puis s'installa dans un fauteuil. Je pris donc place dans le canapé à côté d'Hakim et face à Idriss, malheureusement. Je sentais son regard sur moi mais pas une fois je ne relevais les yeux vers lui.

-Bon, ça fait plusieurs jours que t'es rentrée et on a toujours pas parlé d'avant ton départ, lâcha alors Ken. Certes, il n'avait jamais été doué pour la diplomatie mais là, il était clair qu'il n'avait fait aucun effort.

Mon cœur s'emballa soudainement et du coin de l'œil, je pus voir la jambe d'Idriss tout un coup s'accélérer. Nous pensions à la même chose en cet instant.

-Comment ça ?

-Ton accident.

Mon rythme cardiaque ralentit mais pas autant que je ne l'aurais voulu. C'était le sujet que je redoutais et que je voulais à tout prix éviter.

-Quoi mon accident ? Demandais-je sur la défensive.

Je sentis mon frère se tendre.

-Comment ça va ?

-A merveille, dis-je ironiquement.

-Te fous pas de ma gueule Iris ! S'emporta Ken en faisant des gestes avec ses mains.

-Il a raison Iris, intervint alors Théo d'une voix bien plus calme.

Mais cela ne fit qu'augmenter ma colère.

-C'est pour ça qu'ils sont là ? Pour m'enfoncer un peu plus. Tu veux savoir alors ?! Et bien je vais te le dire, je fais des cauchemars toutes les nuits depuis. A chaque fois que je traverse la rue, j'ai peur de me faire embrocher par une voiture tout en sachant que la prochaine fois que je subis une opération de ce genre c'est fini pour moi.

Je tentais de réfréner les larmes qui menaçaient de couler mais cela devenait de plus en plus difficile. En plus de tout ça, le regard pesant d'Idriss sur moi ne faisait que renforcer mon sentiment.

-Je suis désolé Iris, tenta alors de dire mon frère. Mais c'était trop tard, le mal était fait. Le mal était dit.

Rien ne pourrait changer ce qui m'était arrivé.

Rien ne pourrait ce que j'avais subi.

Rien ne pourrait changer ce que j'avais fait.

Rien ne pourrait changer ce que je n'avais pas dit.

Rien ne pourrait changer ce que je lui avais caché.

Trop tard.

C'était trop tard.

Je me levais, traversais le salon et sortis de l'appartement. Je dévalais les escaliers espérant qu'aucun des gars n'aurait la mauvaise idée de me suivre. Je pus marchais tranquillement jusqu'à la colocation, les larmes coulant toujours sur mes joues. Quand je rentrais dans l'appartement, je me rendis directement dans ma chambre sous les regards inquiets de Mona et Luka. Je me jetais sur mon lit et enfouis ma tête dans mon oreiller en étouffant un cri. Je me laissais aller et pour une fois j'avais l'impression que ma crise de larmes me libérait. Alors que j'étouffais un énième sanglot, j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir puis se refermer. Des pas s'approchèrent puis mon lit s'abaissa et une masse s'allongea à mes côtés tout en passant un bras autour de moi.

-Qu'est-ce qu'il y a ma belle ? Me demanda la voix inquiète de Mona.

Cela faisait plusieurs jours que j'étais rentrée et je n'avais même pas encore eu le temps de vraiment lui parler.

Je relevais la tête et me tournais vers elle.

-Ken m'a parlé de mon accident, lâchais-je.

Elle acquiesça.

-Et tu ne lui as pas dit la vérité, n'est-ce pas ?

Je secouais la tête.

-Je peux pas il va m'en vouloir à mort, je le connais.

Mona esquissa un sourire.

-Mais y a pas que Ken hein ? Idriss aussi t'en voudras.

-Ouais, peut-être même encore plus que mon frère. Il a été tellement présent pour moi que j'ai honte de lui avoir fait ça.

Mona sembla comprendre mais me dit néanmoins :

-Tu devras leur dire un jour, tu peux pas garder ça pour toi Iris.

J'hochais la tête. Je savais qu'elle avait raison mais je préférais repousser le moment de mes aveux au plus loin possible.

Mona resta un moment avec moi sans parler, juste avec sa présence.

Je n'avais toujours pas reparlé à Luka mais de toute façon, est-ce que je pouvais vraiment lui en vouloir ? Je n'en étais plus certaine. Maintenant, la réelle question que je me posais c'était : si Idriss avait reçu les lettres, m'aurait-il répondu ? C'était ce qui me hantait depuis plusieurs jours et bien sûr je ne pouvais pas lui demander puisque je ne voulais pas le confronter, l'affronter et donc lui parler.

Si j'avais su tout ça avant de revenir à Paris, je serais restée en Grèce.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Where stories live. Discover now