28/ FLASHBACK : MES FRÈRES DE CŒUR

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C'est pour mes frères et sœurs d'une autre mère
On a acquis le statut de famille
Mon reuf a toujours couvert mes arrières


PDV IRIS

Nous étions posés dans l'herbe du parc parisien. Il était 18h00, le froid commençait sérieusement à nous saisir. Nous étions fin novembre.

-On se les gèle là, se plaignit Mehdi. On pourrait aller chez moi, y a personne.

On se regarda tous et nous acquiesçâmes. On se leva donc et nous commençâmes à marcher en direction de chez Mehdi. Samy passa un bras autour de mes épaules. Samy était le meilleur ami dont j'étais le plus proche. Là, il avait passé son bras autour de mes épaules pour que je me confie. Je le savais d'avance. Il savait que quelque chose me tracassait. Il voulait que je lui en parle. A vrai dire je savais pas si je pouvais. Le truc, c'était que je voulais partager cette chose avec lui. Je voulais me confier. Je voulais lui dire. Je voulais vivre ce genre de truc avec lui. Ce genre de truc qu'on dit à son meilleur ami. Ce genre de truc où votre meilleur ami vous donne des conseils, vous rassure ou bien vous remet à votre place en vous disant clairement que vous faîtes une erreur. Je voulais le dire à Samy.

-Tu peux me le dire, me chuchota Samy comme si il avait lu dans mes pensées. Nous étions en retrait d'Ilyes et Mehdi, qui marchaient devant nous un peu plus loin.

Je pesais le pour et le contre. Evidemment, il y avait la majorité de contre. Cependant, je n'en pouvais plus de garder ce truc uniquement pour moi. Je devais lui dire. Je devais lui avouer.

-Je suis amoureuse, lâchais-je.

Il se stoppa net tellement il ne s'y attendait pas. Il s'arrêta et me dévisagea. Il planta ses yeux dans les miens pour vérifier si je disais bien la vérité. Je n'avais jamais été aussi honnête que maintenant. J'étais amoureuse d'Idriss. J'y avais pensé pendant des jours et des nuits. J'avais même fait une liste de tout ce que je ressentais quand je le voyais et quand j'étais avec lui. Il ne m'avait pas fallu ni un long temps ni une grande perspicacité pour comprendre que j'étais amoureuse d'Idriss.

-Qui ? Demanda Samy.

Je tiquais. Ça, en revanche, je ne pouvais pas. Pas que je n'avais pas confiance en mon meilleur ami. Bien sûr que si mais non, je ne pouvais pas prendre ce risque.

-De quelqu'un dont j'ai pas le droit.

Je baissais la tête et il me prit dans ses bras. Je fus soulagée qu'il ne force pas plus pour savoir de qui je parlais. C'était ce que j'aimais chez lui. Il respectait ce que je ne voulais pas dire. 

-Vous faites quoi ?! Cria Ilyes au loin.

Samy fit un signe de la main et nous recommençâmes à marcher.

-Si tu veux m'en parler, je suis là. Garde pas ça pour toi Iris.

-Merci.

Une fois devant l'immeuble de Mehdi, nous montâmes les escaliers. Dans son appartement, Mehdi nous indiqua sa chambre pendant qu'il allait nous chercher des boissons. Ilyes s'installa sur la chaise de bureau, Samy sur le lit de Mehdi qui le rejoignit quelques minutes plus tard, et moi je m'assis à terre sur la moquette de la chambre. Mehdi nous tendit à chacun une cannette de Coca.

-Y a une grosse teuf chez Luis vendredi, vous venez ? Nous demanda Ilyes.

Un grand sourire se forma sur les lèvres de Samy. Mehdi tchéqua Ilyes pour lui faire comprendre qu'il était chaud. Quant à moi, comme souvent ces derniers temps, j'haussais les épaules. Je ne pouvais pas prévoir à l'avance l'humeur de mon père ce soir-là. C'était ce qui me faisait le plus peur. Ne pas savoir quand je rentrais chez moi si mon père avait décidé de me frapper. Ne pas savoir son humeur. Ne pas savoir si je passerai une soirée calme ou bien sous les cris et les coups. Ne pas savoir si j'arriverai à dormir. Ne pas savoir si je devrais soigner mes blessures. Ne pas savoir si je pourrais aller en cours le lendemain. Ne pas savoir si je devrais cacher les marques des coups de mon père. Je commençais à être fatiguée de tout ça et en même temps c'était devenu comme une habitude. Mon père arrivait presque à me faire croire que je n'étais qu'une merde. Que je ne valais rien.

A force, au fil du temps, je ne répliquais même plus. Je n'osais plus rien dire de peur d'envenimer la situation. Je la fermais. Je la fermais comme ma mère, cette lâche qui quittait la pièce dès que mon père s'approchait d'un peu trop près de moi. Cette lâche qui ne m'avait jamais demandé comment je me sentais. Cette lâche qui n'était jamais venue me réconforter lorsque j'étais en pleurs, dans mon lit, recroquevillée sous la couette, après avoir été assailli de coup par mon père. Cette lâche qui n'avait jamais pansé et soigné mes blessures. Cette lâche que je ne considérais plus comme ma mère. Cet homme que je ne considérais plus comme mon père.

Ce fut quand Ilyes me demanda ce qui se passait que je me rendis compte que des larmes avaient coulé le long de mes joues à force d'être trop absorbé dans mes pensées. Je relevais la tête vers eux, la vue brouillée. Je ne savais pas quoi répondre. La vérité était bien trop dure à avouer. Je lâchais que c'étaient les hormones de mes règles. Ils me crurent. Je m'en voulais. Je m'en voulais de leur cacher. Seulement, c'était trop dur pour moi. Trop dur de leur dire. Je ne voulais pas devoir avoir à affronter leur regard rempli de pitié. Ils étaient mes meilleurs amis et ce n'était pas contre eux. Je leur devais beaucoup. Chacun m'avait aidé à sa façon.

Lors de notre première rencontre, Samy m'avait tendu la main alors que je venais de m'étaler comme une crêpe dans la cour de récréation de l'école primaire. Nous étions en CP. Je me rappelle que ce jour-là, je portais deux longues couettes. Des couettes que Ken m'avait faites. Je portais une robe en velours de couleur rouge pourpre ainsi qu'un collant gris. Samy, lui, portait un tee-shirt Transformers et un jean. Je me rappelle qu'il s'était accroupi devant moi et avait tendu sa main. Il m'avait offert un grand sourire. Alors que les autres enfants rigolaient de moi, Samy m'avait aidé à me relever puis nous nous étions éloignés des autres. Nous nous étions assis dans un coin dans l'herbe puis nous avions parlé. Nous avions parlé tout le reste de la récréation jusqu'à la reprise des cours. Depuis, nous ne nous étions pas quittés. Samy m'avait ensuite présenté Mehdi, son copain. J'avais tout de suite adoré Mehdi, il faisait beaucoup de blagues et me faisait beaucoup rire. Nous avions commencé à former un trio. Puis, quelques années plus tard en 6ème, alors que nous formions toujours notre trio inséparable et soudé, Ilyes était arrivé. Nous l'avions accueilli à bras ouvert et notre trio s'était étendu en un magnifique quatuor. Pour rien au monde, je ne changerais notre histoire, ce que nous avions vécu. Ces moments n'appartenaient qu'à nous. J'aimais pensé que l'avenir ne nous séparerait pas mais je n'en étais pas sûre. Après le lycée, chacun ferait sa vie. J'aimais pensé que rien ne brisera notre lien. J'aimais pensé que mes trois meilleurs amis seront toujours les mêmes dans 10 ans.

J'aimais pensé que rien ne brisera notre amitié.

La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]Where stories live. Discover now