Fate (Stray Kids FF)

Chapitre 19

- Vous voulez peut-être un peu d'eau ? Demande une voix féminine.

Je me redresse et souris à notre guide avant de me lever complètement. J'attrape une à une les bouteilles d'eau que je lance sur les cadavres des garçons en criant leur nom au dernier moment, juste à temps pour lire le désespoir dans leurs yeux avant l'impact.

- Je trouve que Naesil prend trop la confiance. Confie Hyunjin à Seugmin juste avant que je ne lui lance sa bouteille dans l'estomac.

Je roule des yeux avant de retourner à ma juste place, c'est-à-dire affalée sur le sol. Les garçons, tous désaltérés, se sont mis à parler à voix basses sur la prestation, de ce qu'ils avaient raté et comment ils pourraient l'améliorer même si je la trouve déjà parfaite.

- Et toi, tu en as pensé quoi Naesil ? Demande une voix claire à ma droite.

Je louche sur Jisung et hoche les épaules, puis-je vraiment leur avouer que je suis fasciné par ce qu'ils font ? Que l'amour pour la musique qui coule dans leurs veines ressort par tous les pores de leurs peaux et impose un respect sourd ?

La première fois que je suis arrivée dans ma classe, il y a un peu moins de deux mois maintenant, j'ai tout de suite compris que quelque chose de fort relier les neuf garçons. Une fille était venue me parler ce jour-là, par pure politesse, elle m'avait rapidement expliqué les affinités qui existaient déjà. Elle n'a pas eu besoin de me dire que les Stray Kids pratiquaient la danse et la musique ensemble. C'était une évidence et ils sont devenus passionnants. Passionnant de voir des personnes capable d'avoir un rêve commun et de tout faire pour le réaliser. Passionnant de voir que les personnes enthousiastes par la vie existait encore, que tout le monde n'était pas comme moi.

Et rapidement, cette passion s'est transformé en jalousie et pendant un temps, je leurs en ai presque voulu d'avoir la musique dans leurs vies, parce que je rêvais et rêve toujours d'avoir quelque chose pour lequel je me lèverai le matin. Quelque chose qui redonnerait du goût à mes journées et qui me permettrait de dormir sereinement.

Mais aujourd'hui, depuis qu'ils ont décidé de me laisser rentrer dans leur train de vie, je me dis que j'ai peut-être touché ce rêve, tout du moins, je l'ai frôlé. Pendant un temps, très court, j'ai été contente de me lever le matin pour rejoindre les garçons au lycée, j'ai été contente de passer des journées à sourire comme quand j'étais plus jeune.

Et puis le cadre photo s'est brisé avec mon sourire. Papa est revenu et je dois partir. La parenthèse que je me suis offert ces derniers temps n'en est qu'une et elle se refermera vendredi prochain quand je partirai. Parce que papa est revenu et je ne peux pas rester là.

- Naesil ? 

Une main passe frénétiquement devant mes yeux vides et je reviens à moi. Tout le monde me fixe en silence. 

- Désolé, je repensais à votre prestation. Bredouillé-je d'une voix morte.

- C'était si nul que ça ? Tente Changbin, un rire nerveux s'échappant de ses lèvres.

- C'était parfait. Sourié-je en relevant la tête. Vous avez assuré. 

Il leur faut un temps pour assimiler mon changement d'humeur soudain avant que Seungmin ne se mette à sauter partout dans la pièce, vite accompagné par les deux autres plus jeunes du groupe. Le reste de leurs camarades commencent à taper dans leurs mains en rythme des pas improvisés par les garçons et je me surprends à les suivre, occultant toutes les mauvaises pensées pour le moment. Il faut juste profiter du moment présent. 

Quand les trois hommes reviennent dans la pièce, cette atmosphère légère nous colle encore à la peau même si cette dernière se volatilise quand la porte se referme définitivement, laissant les garçons seuls face à leur destin. 

L'un des hommes se présente comme étant le gérant de l'agence dans laquelle nous nous trouvons en venant serrer la main à tout le monde, moi y compris avant de s'asseoir directement sur la table ayant servi aux jurys une heure plus tôt. 

- Je pense pas qu'il y a besoin de faire monter le suspens plus qu'il ne l'est déjà. Je suis ravi que ce petit accrochage ait eu lieu cette semaine, puisque ça me permet de signer un futur groupe qui sera très prometteur. 

C'est le silence qui accueille la nouvelle et je suis la première à laisser exploser ma joie dans un crie sonore. Les trois hommes me regardent avec des visages bienveillants alors que je me lève pour me placer entre eux et les Stray kids. 

- Vous avez réussi ! Vous allez réaliser votre rêve ! Hurlé-je pour les faire sortir de leur léthargie. 

Chan est le premier à reprendre pied et vient me sauter dans les bras, vite accompagné par tous les autres. Quand l'étreinte géante prend fin, je remarque une tête blonde toujours assise, le visage perdu. Je m'avance vers lui et m'accroupis juste en face de son visage.

- Jisung, tu as réussi. Murmuré-je à son oreille. 

Sa réaction, presque instantanée, me surprend une demi-seconde, juste le temps que ses mains s'agrippent à mes épaules et que ma tête se place correctement dans le creux de son cou. 

- Merci Naesil. Chuchote-t-il alors que je sens mon tee-shirt se mouiller sous ses joues. 

Quand le calme revient dans la pièce et dans l'esprit de chacun, les trois hommes annoncent aux garçons qu'ils vont suivre quelques mois de trainee, de l'entraînement intensif le temps qu'ils valident leurs diplômes avant de commencer les choses sérieuses. Les garçons récupèrent un emploi du temps pour les semaines à venir puis nous quittons l'agence pour rejoindre le bar le plus proche et fêter comme il se doit cette victoire. 

Woojin en tant que bon aîné paye sa tournée. Soju pour les uns et jus de kiwi pour les autres. On trinque et je ne compte pas le nombre de fois où l'on a recommencé. La soirée prend fin après trois karaokés et une balade nocturne dans les rues de Séoul à se cogner dans les murs brûlants des passages étroits. 

Je titube jusqu'au salon où je me laisse choir dans un canapé alors que tout le monde rejoint son lit.

- Tu sais, tu as une chambre et un lit à l'étage. Lance une voix rauque au-dessus de moi alors que j'ai les yeux fermé et les pieds qui tanguent toujours plus fort. 

- Je suis bien là, je ne vais pas réussir à monter les marches de toute manière. Grogné-je à Jisung, lui était partisan du jus de kiwi ce soir.

- Tu devrais arrêter l'alcool. Rit-il.

Je le pensais partie jusqu'à ce que je ne sente plus le sol tournée sous moi, mais plutôt une douce chaleur. Je suppose qu'il me porte jusqu'à la salle d'enregistrement et je profite de ce court voyage pour imprimer son odeur dans mon esprit. 

Je dors presque lorsqu'il repose une couverture au-dessus de moi avant d'éteindre la lumière de la pièce. J'ai froid maintenant, restes.