Chapitre 41

2.1K 187 15
                                    

Les semaines s'écoulèrent rapidement. Trop rapidement à mon goût après ma déclaration. Certes, Connors et moi, nous nous étions rapprochés. Quoi que le voir camper sur sa décision de rester chez moi malgré mes nombreux refus y étaient pour quelque chose. Oui, nous nous aimions mais envahir mon espace personnelle était une toute autre chose. Son entêtement m'avait sidéré, me laissant sans voix lorsqu'il avait pris d'assaut la chambre d'ami même si toutes les nuits, il passait la majeur partie de son temps dans ma chambre, plus précisément, sur mon fauteuil à veiller sur moi.

-"Que tu le veuilles ou non, je resterai ici. Un point s'est tout, mon petit ange," avait-il susurré fermement à mon oreille le lendemain matin lorsque je m'étais réveillée à ses côtés.

Abasourdie, je l'avais fixé, ses aigues-marines moqueurs et pétillant de malice me firent me rebeller.

Un regard d'avertissement fut ma réponse qu'il ignora royalement car sa main caleuse effleura ma joue avant qu'il la retira dès qu'il s'aperçut qu'Amalia et qu'Amélie se réveillaient. Puis, il sortit de ma chambre avec ce sourire que je connaissais trop et ce regard chargé de mille promesses.

Son sourire narquois ne le quittant plus depuis cette matinée, il s'était très vite déclaré maître de la maison, agissant comme un papa poule avec mes filles tandis qu'avec moi, il était plus que protecteur. Non, je dirais même possessif, depuis que je lui avais avoué mes sentiments mais surtout lorsque Dimitri s'annonçait à l'improviste devant ma porte depuis qu'Aurora avait pu sortir de l'hôpital.

Ce sentiment de jalousie m'égayait de l'intérieure même si devant lui, je ne montrais guère mes sentiments. Une partie de moi, la plus rationnelle savait que j'avançais sur une pente glissante en restant avec Connors et que je pouvais me blesser à n'importe quel moment alors que la rêveuse croyait toujours en lui. Mais comment ne pas tomber en amour avec l'homme, ou devrais-je dire l'Adonis qui fut le premier à m'avoir touchée. Ses caresses  grisantes, son corps de dieu grec sur le mien, sa bouche me marquant tout comme son corps?

Ce fut dur d'accepter la réalité certes que j'étais toujours follement et désespérément amoureuse de l'aîné des jumeaux Hadès, toutefois trois semaines venaient de s'écouler et Connors était toujours resté à mes côtés. Je ne pouvais pas me plaindre. C'était devenu une habitude de le voir tous les jours dans ma maison, s'attachant à mes filles, jouant son rôle de père, même si ce n'était pas encore prouvé légalement. C'était indéniable, ces séquelles, ses invisibles barrières autour de moi, se fragilisaient enfin et ce grâce à Connors. Il se montrait prévenant, attentif à mes moindres crises et mes terreurs nocturnes malgré le fait que je l'avais plus d'une fois repoussé farouchement.

Cependant, je devais bien l'admettre. Je faisais des progrès lorsque Connors était avec moi. Il y avait moins de nuits blanches premièrement, moins de cris au beau milieu de la nuit et cet effroyable sensation d'étouffer, de sentir les doigts de son double maléfique autour de mon cou semblaient moins pesante désormais malgré que son ombre étouffante persistait toujours à me hanter. Quoi que, avec Connors à mon chevet, je me réveillais toujours à temps, l'image de Conrad devenait qu'un fantôme. Il était moins omniprésent désormais. Son emprise sur moi était moins pesant même si je n'étais pas complètement libérée, guérie de toutes mes blessures. Peut être que je ne le serais jamais... 

Malgré que ces souvenirs étaient hélas gravés en moi, je devais de me l'admettre que malgré tout, tomber dans cet abysse infernal et me ressasser les événements de cette nuit ne serviraient à rien, strictement à rien, simplement à me causer plus de tort, à me faire culpabiliser moi et mes proches mais surtout à blesser mes filles qui ignoraient tout de leur père et de leur oncle.

Cela m'avait pris des jours à le comprendre. La dureté des paroles de Conrad, le sadisme luisant dans ses yeux bleus, ses coups meurtrissant ma chair me poursuivaient en pleine nuit tout comme en plein jour. Ils me paralysaient, m'empêchaient de dormir sur mes deux oreillers. Son ombre planait autour de moi. Cet affreux sentiment de dégoût, de me sentir salie, me collait à la peau et martyriser ma peau ne m'avait guère soulagé. La douleur était toujours ancrée en moi. 

Impardonnable Tome DeuxWhere stories live. Discover now