Chapitre 3. Perds-toi pour mieux me retrouver

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Je marche timidement à côté d'Hippolyte. Cela fait notre troisième rendez-vous en deux semaines. Il semble heureux, il me rappelle parfois un peu Gwen à toujours voir le côté positif dans toute situation. Enfin la Gwen d'avant. Ces dernières semaines, elle ne fait que me fuir et les peu de fois où on a eu à se côtoyer, elle était à deux doigts de pleurer. Je me sens désemparée face à la situation, je l'entends pleurer chaque nuit. Elle ne dort plus avec moi et... je ne comprends pas pourquoi elle me rejette comme cela, je veux seulement l'aider. C'est elle qui m'a demandé. Non supplié de sortir avec Hippolyte et depuis j'ai l'impression que je l'ai trahie. C'est un peu le cas... pour moi. Je mens à longueur de journées. Comme là, il me regarde inquiet et je lui affiche mon sourire le plus chaleureux comme si cela me plaisait d'être avec lui alors que je n'ai qu'une seule envie être dans les bras de Gwen. J'ai tellement besoin qu'elle me rassure, qu'elle me dise que tout va redevenir comme avant entre nous. Juste elle et moi.

On arrive en bas de mon appartement. Je vois qu'il y a de la lumière chez moi, cela me surprend parce que Pauline et Gwen sont de sortie aujourd'hui. J'ai un serrement au cœur en me disant que la seule personne que Gwen a l'air de supporter en ce moment, c'est Pauline. Et je crève de jalousie de les voir ensemble.

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas vu que mon collègue s'était rapproché de moi. Beaucoup trop près. Il dépose ses lèvres sur les miennes et je suis comme paralysée. Je ne sais pas quoi faire, je ne le repousse pas par peur de le blesser mais j'ai envie de vomir de mon attitude. Je me force à être quelqu'un que je ne suis pas et je vais faire du mal à ce mec qui ne m'pas strictement rien fait. Il s'écarte de moi et il rougit. Je dois être rouge mais pas pour la même raison que lui. Je lui bafouille un au revoir avant de m'engouffrer quasiment en courant dans mon immeuble.

Quand je rentre à l'appart, tout est éteint. J'étais pourtant sûre qu'il y avait quelqu'un. J'ai peut-être rêvé, je me dirige vers ma chambre pour aller me coucher mais j'entends... . Gwen. J'aurais préféré entendre les bruits habituels que cela. Elle pleure même si le son est étouffé, je le sais. J'ouvre doucement la porte et je la vois recroquevillée dans son lit en train de serrer très fort mon pull contre elle. Je pensais l'avoir perdu, je l'ai cherché partout et elle m'avait dit ne pas l'avoir vu. La voir dans cet état me fend le cœur autant que ses larmes défigurent son beau visage.

Je me rapproche d'elle, elle me fixe mais je n'arrive pas à décrypter ses pensées.

« Parle-moi, Gwen ! Dis-moi ce qu'il y a. Pourquoi est-ce que tu t'éloignes de moi ? »

Je l'entends renifler, je veux m'asseoir sur le lit pour pouvoir lui faire des câlins mais elle secoue la tête. Je ne l'écoute pas et je la serre contre moi. Elle se laisse faire quelques secondes avant de me repousser violemment.

« Tu sens son odeur ! »

Sa voix est cassée. Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire directement. Hippolyte m'a serré contre lui parce que j'avais froid durant notre balade en ville. Cela la gêne que j'aie son odeur sur moi. Pourtant elle s'en fiche d'avoir l'odeur de ces mecs sur elle ! Non, c'est faux. Elle prend toujours sa douche avant de me rejoindre... .

« Je suis désolée, Gwen. »

Elle se mord la lèvre avant de baisser la tête.

« Sors de ma chambre, Léa !  Je suis fatiguée, je veux juste dormir et oublier cette journée. »

Je n'ai pas envie de la laisser seule dans cet état mais son regard exprime clairement que je n'ai pas le choix. Je me lève et au moment où je vais fermer la porte. Elle murmure faiblement :

« Je suis heureuse pour toi, Léa. »

Elle a vu Hippolyte m'embrasser. Est-ce qu'elle pense que j'ai aimé ce baiser ? Il n'est absolument rien comparé à celui que j'ai partagé avec elle. J'aimerais le lui dire mais je n'ose rien dire. Je ferme la porte derrière moi, je ne voulais pas qu'elle voit mes larmes, je veux qu'elle pense que je suis heureuse. Je ne sais pas comment elle a fait pour oublier que je suis heureuse quand sa présence.

La fille du pasteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant