Chapitre 4. La boîte de Léa

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Le soleil éclaire son visage endormi, elle parait tellement apaisée contrastant à son sommeil de plus en plus agité de jour en jour. Je n'arrive pas à chasser sa détresse nocturne de mon esprit, elle pleurait en marmonnant des paroles... provenant de livres religieux en boucle. Elle était coincée dans son cauchemar et je ne pouvais que la serrer le plus fort possible contre moi tout en lui murmurant des paroles réconfortantes et déposant des baisers dans ses cheveux.


«

Au nom du Dieu Tout-Puissant, et par l'intercession de saint Benoît, que les Esprits mauvais s'éloignent de moi et de ceux qui me sont chers, et que les bons nous servent de rempart contre eux ! Esprits malfaisants qui inspirez aux hommes de mauvaises pensées; Esprits fourbes et menteurs qui les trompez; Esprits moqueurs qui vous jouez de leur crédulité, je vous repousse de toutes les forces de mon âme et ferme l'oreille à vos suggestions et j'appelle sur moi la miséricorde de Dieu. Bons Esprits qui daignez nous assister, donnez-nous la force de résister à l'influence des Esprits mauvais, et les lumières nécessaires pour n'être pas dupes de leurs fourberies. Gardez-nous de l'orgueil et de la présomption; écartez de nos cœurs la jalousie, la haine, la malveillance et tout sentiment contraire à la charité, qui sont autant de portes ouvertes à l'Esprit du Mal. »


Ces paroles me reviennent en tête et j'en ai des sueurs froides. Cette voix quasiment robotique récitant ce verset. Contre quoi, est-ce qu'elle lutte ? Comment cela se fait que Gwen connaisse cette prière ? Gwen, quasiment aussi athée que Pauline. Je n'y comprends plus rien... et pourtant, je dois trouver un moyen de l'aider. Est-ce que je devrais en parler à son père ? A sa mère ? Ou au pire à Pauline ?


Gwen commence à se réveiller tout doucement, elle est vraiment trop belle et tellement fragile dans ces moments-là. Ses yeux s'accrochent aux miens et elle sourit.


« Tu sais que cela ne se fait pas de regarder les gens dormir comme cela, Léa ? »


Je le sais mais je ne manquerai pour rien au monde ce spectacle. Je rougis sous son regard tandis qu'elle joue nerveusement avec la couverture avec ses doigts.


« J'ai... j'ai encore fait des cauchemars ? »


Je me sens de plus en plus impuissante face à cette douleur dans son regard. J'hoche faiblement de la tête.

«

Ce n'est pas de ta faute, Gwen, lui dis-je, tendrement. Tu veux en parler ?

- Je ne m'en rappelle plus, me dit-elle, en retenant un sanglot. Je commence déjà à te gâcher ton anniversaire, je vais préparer le petit-déjeuner.

- Tu ne gâches rien du tout. Mon plus beau cadeau est d'être avec toi, lui dis-je en lui faisant un bisou sur la joue. »


Ce sourire, il est magnifique. Il m'a tellement manqué, il est tellement rare en ce moment.

«

- Tu veux des oeufs brouillés ce matin ?, me demande-t-elle en se levant.

- Reste avec moi ! Hippolyte vient avec le petit-déjeuner. »


Gwen ne bouge plus, elle est comme paralysée.

La fille du pasteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant