10 [Winter]

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Depuis que nous avons quitté la clairière, chaque jour semble passer au ralentit et chaque pas est de plus en plus difficile. Malcolm m'a interdit de parler à Phoenix, bien qu'il n'en ai aucun droit. Mon meilleur ami est celui qui tire la corde et s'occupe de lui donner juste assez à manger pour qu'il puisse marcher.

Trop souvent, mon regard croise le sien et un sentiment de culpabilité grandit dans ma poitrine. Il s'est confié à moi et je l'ignore juste car on me l'a demandé. Je ne suis pas le genre de fille qui se plie aux ordres de n'importe qui. Bien que Malcolm ne soit pas n'importe qui, je déteste me lui obéir.

Je marche donc en tête, la carte entre les mains, guidant le groupe à travers la forêt sombre. Cyprine ferme la marche et les trois garçons sont au centre, Malcolm et Colin tenant fermement Phoenix.

- Winter ?

La voix de mon meilleur ami me tire de mes pensées. Je me tourne brusquement vers lui, tentant de masquer la colère qui brille dans mon regard. Je ne devrais pas lui en vouloir, pourtant je ne peux m'en empêcher.

Quelques rayons de soleil filtrent à travers l'épaisse couche de feuilles qui se trouvent au dessus de nous et viennent éclairer son visage.

- Ouais.

Mon ton est égal, même si je tente de cacher ma rancune par mes paroles, ma voix me trahie.

Une barre se forme sur le front de Malcolm. Je m'en veux immédiatement de lui faire endurer ça car il est la personne à laquelle je tiens le plus au monde.

- Pourquoi tu tiens autant à être près de lui ?

Ça y est. Il m'a percé à jour, il finit toujours par me comprendre, comme si nos esprits étaient liés.

Je serre les dents et ancre mon regard dans ses billes émeraude. Ses pupilles me sondent, tentant de trouver d'elles-même la réponse à sa question.

J'aimerais tellement lui dire ce qu'il attend : que c'est juste parce que je veux le faire souffrir moi-même, mais les mots restent coincés dans ma gorge.

- Il est humain, lui aussi, soufflé-je en évitant son regard.

Il soupire avant de passer un bras autour de mes épaules en riant.

Je pense qu'il faudrait que tu mettes ça au clair avec lui.

Les paroles de Phoenix résonnent en moi comme un avertissement et ce contact presque anodin prend un tout autre sens.

Mais je ne devrais pas penser ça. La seule chose qu'il y a entre Malcolm et moi est une fraternité surpuissante.

- Je t'admire pour ça aussi, admet-il.

Je lui jette un regard interrogateur, ne comprenant pas où il veut en venir.

- Tu vois le meilleur chez les gens.

C'est à mon tour de rire : il ne me connait pas pour dire ça.

Lorsque je croise le regard d'une personne, j'évalue si elle m'est sympathique. Elle l'est rarement.

Mais ce sont nos actions qui définissent qui nous sommes.

- C'est même pas vrai, pouffé-je en lui donnant une tape sur le derrière de la tête.

Il me jette un regard de travers avant de caler ma tête sous son aisselle et de frotter mon crâne avec son poing. Une odeur de transpiration envahie mes narines tandis que j' essaye de me dégager.

Bien que je sois forte, je ne le suis pas autant que Malcolm. Ses muscles sont aussi solides que les armes qu'il a forgées et je ne peux m'en échapper.

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