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Dix-sept heures, les étudiants sortent de l'université et viennent se poser au café. Depuis que j'ai ouvert, il y a déjà deux bonnes semaines, c'est devenu habituel : la matinée, aucun client ne vient donc je prends mon temps pour dormir tard et préparer des pâtisseries. Vers midi, certains passants s'arrêtent pour boire le café après le repas. L'après-midi, les clients se font rares, mais ce n'est que vers dix-sept heures que la clientèle est la plus dense et nombreuse.

Yunho vient toujours me rendre visite, et j'ai déjà repéré quelques étudiants qui ont trouvé mon café comme petit rituel de pause après les cours. Ou de lieu agréable pour travailler.

Dans ces clients quotidiens, il y a particulièrement ce couple gay qui avait attiré mon attention le jour d'ouverture. Ils viennent tous les deux, tous les jours, à la même table, et prennent toujours la même chose. Ils viennent si souvent que nous avons commencé à parler d'autre choses que de formalités, et une amitié a par ailleurs commencé à naître.

- Comme d'habitude je suppose ? Je leur demande. Un thé à la rose avec un cookie et un café très noir avec un brownie ?

Yeosang lève la tête de la carte, puis jette un coup d'œil à Wooyoung avant de finalement me regarder.

- Pour moi oui, mais Wooyoung a besoin de force pour se remettre d'une connerie qu'il a faite, donc donne-lui toutes les sortes de pâtisseries que tu as.

- C'est toi qui vas tout manger, je le sais ! Wooyoung s'exclame, apparemment plus énervé que d'habitude.

- Il a fait quoi encore ? Je soupire faussement exaspéré, impatient de savoir quelle bêtise a encore fait le blondinet.

Yeosang passe son temps à raconter la maladresse de son copain comme quelque chose d'honteux. En apparence cela paraît méchant, mais en réalité, si on regarde bien dans les yeux de Yeosang quand il taquine Wooyoung, on ne voit que de la tendresse et de la douceur.

- Il a ENFIN réussi à parler à la personne qu'il aime, mais comme un stupide zombie, il a ni demandé son nom, ni demandé son numéro !

- Un zombie ? Demande Wooyoung, pendant que je commence à comprendre que les deux personnes devant moi, que je pensais depuis deux semaines être en couple, ne sont juste que de simples amis.

- Bah les zombies n'ont pas de cerveau, et à ce moment précis tu n'avais pas de cerveau !

Un léger "aaaaaahhh" de compréhension sort de la bouche de Wooyoung, tandis que je prends la parole :

- Mais... Vous n'êtes pas ensemble ? Vous avez l'air d'un couple alors je pensais que...

Yeosang éclate soudainement de rire, alors que Wooyoung, lui, baisse la tête pour tenter de cacher ses rougeurs.

- Moi en couple avec Wooyoung ? C'est la meilleur blague qu'on ait pu me faire ! Effectivement, Wooyoung est gay, mais qui te dit que je le suis ?

Et c'est ainsi qu'il reçu une tape de la part de son meilleur ami en colère.

- Si je te l'ai dit qu'à toi c'est pas pour le répéter à tout le monde ! Tu sais que c'est mal vu en Corée !

Le rire de Yeosang retentit à nouveau dans le café, me laissant réfléchir à comment réconforter Wooyoung.

- Tu sais, je commence d'une voix calme qui se veut rassurante, ne te sens pas gêné de parler de ça en face de moi, je suis gay aussi.

Le blondinet sourit, probablement heureux d'apprendre qu'il n'a pas à s'inquiéter, tandis que le regard de Yeosang switchant de Wooyoung à moi se fait oppressant.

Et c'est à peine si j'entends le léger "et on se demande comment ça va finir" sortir de la bouche du brun, ce dernier l'ayant murmuré presque inaudiblement.

Et c'est aussi ainsi -encore- qu'il se pris une tape de la part de son meilleur ami, cette fois-ci embarassé.

- Dis pas n'importe quoi Yeosang !

Je ris intérieurement. Yeosang tire des conclusions sans chercher plus loin que ce qu'il voit.

- Donc je récapitule : un café très noir avec un brownie et un thé à la rose accompagné de toutes les sortes de pâtisseries possibles ?

- Exactement !

- T'as intérêt à payer. Lâche discrètement le blondinet à l'égard de son ami.

Il acquiesce, et c'est sur cela que je récupère les cartes et entreprends d'aller au bar afin de préparer leur commande, non sans rigoler bêtement de cette catastrophique discussion.

Just a second...Where stories live. Discover now