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- Wooyoung, ce soir j'ai un match de basket avec l'équipe, je pourrai pas venir au café.

Je me tourne vers Yeosang, soudainement envahi d'une tristesse dûe à la trahison que mon ami me fait.

- Comment oses-tu ne pas participer à notre rituel quotidien ? Je vais penser que tu veux me quitter !

Je pose ma main sur mon cœur, la mine faussement triste.

Depuis que San, le propriétaire du café -et le serveur le plus canon qui existe-, nous a pris pour un couple, Yeosang et moi aimons bien plaisanter dessus.

- Mais c'est pas ce que tu crois mon amour ! Jamais je ne te quitterai ! Tu es l'amour de ma vie voyons ! Simplement que pour une fois, nous pouvons annuler notre rencard.

Nous rions face à notre talent de comédiens particulièrement risible.

J'accepte finalement de le laisser partir et me dirige vers le Choi Latte, seul.

J'entre et m'assois à ma place habituelle, attendant que San vienne me tenir compagnie.

- Yeosang n'est pas là ? Le voilà qui est arrivé, justement.

- Non il a un match de basket, il m'a abandonné. Je soupire, exaspéré de devoir passer cette activité quotidienne tout seul.

- Ah ! C'est pour ça que je n'ai pas beaucoup de clients aujourd'hui ? Tout le monde est allé voir le match ?

- Ouais sûrement. Tant mieux pour moi, tu vas avoir du temps à me consacrer, n'est-ce pas ?

Il rit légèrement, amusé par mon comportement d'enfant solitaire cherchant de l'attention.

- Si les clients ne débarquent pas nombreux alors oui j'aurais du temps à te consacrer. Mais tu ne vas pas voir Yeosang jouer ?

- Non, j'aime pas le basket. Il le sait et puisqu'il a annulé notre rendez-vous habituel ici bah je le laisse seul pour exprimer mon désarroi.

Il rit à nouveau. Il a vraiment un rire magnifique.

- Bien, dans ce cas je te sers quoi ?

- Un thé vert pour changer s'il te plaît. Avec toutes les sortes de gâteaux que tu as.

Il acquiesce et part préparer ce que j'ai commandé.

Quelques minutes plus tard il revient, pose le plateau avec ma commande sur la table puis s'assoit en face de moi.

Je commence alors à manger le macaron à la vanille, l'un des meilleurs macarons que j'ai mangé de toute ma vie.

San est vraiment fort en cuisine. Il fait plein de pâtisseries différentes pourtant jamais, ô grand jamais, ses gâteaux ne sont pas délicieux. Il a un talent vraiment hors du commun, je l'admire énormément pour ça.

- Je t'ai rajouté une petite part de tiramisu, je voulais essayer d'en faire. Tu es le premier à goûter alors sois honnête et dis-moi ce que t'en penses.

J'accepte, honoré d'être le premier à goûter à ses expériences. Je sais pertinemment que ce sera bon, jamais ce qu'il fait est mauvais.

C'est donc enthousiaste que je prends la petite cuillère à ma droite et attrape un morceau de tiramisu que j'enfonce dans ma cavité buccale.

Wow. Un vrai délice.

Pour l'embêter, je grimace, faisant semblant de trouver cela répugnant.

- C'est... Comment dire... J'essaie d'expliquer, toujours une grimace collée au visage.

Il soupire, baissant la tête tristement.

- Je me disais bien que j'avais mal fait quelque chose... Ça doit être le café, j'en ai mis une trop grosse dose... Ou les biscuits, peut-être que je n'aurais pas dû les faire moi-même...

- Délicieux.

Il lève la tête, surpris.

- Hein ?

- C'est délicieux, je répète. C'est vraiment, mais vraiment le meilleur tiramisu de l'univers. Je pense que je vais t'épouser pour profiter de ta cuisine tous les jours.

San rougit violemment, et mes joues se mettent elles aussi à s'empourprer lorsque je me rends compte de ce que je viens de dire. C'est vraiment gênant. On ne se connaît que depuis 2 ou 3 semaines, je ne connais rien de sa vie et il ne connaît rien de la mienne. On ne s'aime même pas et pourtant c'est gênant. Ça pourrait être une blague amicale, mais pour une raison que j'ignore, la tension est palpable. Sûrement parce qu'on est tous les deux gays et célibataires.

Lorsqu'un client arrive, San se lève brusquement, nous sortant de ce malaise embarrassant. Alors que je le laisse partir accueillir son client, je n'ose pas me retourner pour le regarder. Ça m'a vraiment gêné de dire ces paroles, quelques minutes plus tôt.

Sauf qu'aucun crissement de chaise contre le sol n'intervient, et c'est lorsque j'entends San rire vers la cuisine que je finis par me retourner.

Un homme est face à lui, tourné de façon à ce que je ne vois pas son visage. San sourit alors que son vis-à-vis caresse sa joue délicatement.

Ce serait son copain ? San est en couple ? C'est vrai que je n'y avais jamais vraiment pensé. Après tout il est beau, atirant, et sa cuisine est un vrai régal. Il mérite bien d'avoir un petit ami. Mes paroles sont soudainement bien plus gênantes que précédemment.

Je me tourne finalement et continue de manger ses bonnes pâtisseries.

Just a second...Where stories live. Discover now