Chapitre 35

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Mes jambes font des allers-retours sur le dallage du sol, et mes pas claquent et résonnent aussi sourdement que l'affolement de mon cœur plus haut.

Clac clac clac.

Boum. Boum. Boum.

La musicalité n'est pas tout à fait la même, alors que le rythme, lui, est précipité. Il cavalcade, bondit en avant, plus déterminé de seconde en seconde.

Mon dîner avec Eleuia va bientôt commencer. En parallèle, quelques habitants du domaine, dont Gillian et Sander, font une petite fête dans le réfectoire, en comité restreint, afin de détendre les corps et les esprits. J'entends d'ailleurs le début des festivités être lancé depuis le pied des escaliers.

Invisible pour eux, je m'acharne à refaire encore et encore mon nœud de cravate. Si le reste de ma tenue, qui se compose d'un smoking noir deux pièces et d'une chemise blanche, est impeccable, ce satané nœud refuse de se placer comme il faut autour de mon cou !

— Allez..., grommelé-je, agacé.

Je savais que m'habiller pour cette occasion allait être une épreuve. La seule motivation que j'y ai trouvé, c'est que tout dans mon costume, de sa couleur sombre aux finitions satinées, fait honneur à ma liée. Je l'ai choisi à dessein, certain que les teintes et le tissu plairaient et mettraient en valeur la guerrière de l'ombre au visage d'ange qu'est Eleuia. Quand je me regarde dans le miroir, je la vois elle. Tout me rappelle ses yeux d'onyx, sa peau douce et scintillante au soleil, son élégance, sa légèreté, sa pureté... Elle est là, à chaque instant, dans mon corps et mes pensées. Mais cette cravate risque de tout gâcher.

Je fulmine et me stoppe net lorsqu'une voix tendre s'élève dans mon dos.

— Besoin d'un peu d'aide ?

Je pivote sur mes talons et observe Gillian descendre élégamment les marches de l'escalier. Vêtue d'une robe couleur lavande qui rehausse sa fraicheur et sa beauté, la sorcière n'a jamais été aussi distinguée qu'aujourd'hui. Passant en revue sa silhouette, mes yeux s'écarquillent lorsque j'aperçois des chaussures à talons délicates habiller ses pieds. Gill ne porte jamais ce genre de chaussures. Jamais. Pourtant, elle devrait le faire plus souvent car, en plus de savoir parfaitement marcher avec, elles allongent son corps et ses jambes fines. Ces dernières sont d'ailleurs découvertes sur l'avant : l'arrière de la robe a beau être long, ce n'est pas le cas du recto qui s'arrête au niveau des genoux.

Je ne savais pas qu'ils s'étaient aussi imposés un dress code pour leur sauterie, mais on peut dire que l'initiative réussit très bien à mon amie. Elle est splendide !

Toujours aussi calme et posée, Gillian finit par me rejoindre et se poster devant moi. Ses talons la font atteindre le bas de mon visage, et nous échangeons un sourire de connivence.

— Tu es magnifique, Gillian, la complimenté-je alors que ses doigts graciles se sont déjà portés à mon secours. Et tes cheveux ! Ils sont... impressionnants.

Elle rosit tandis que j'admire la longueur improbable de sa chevelure. Si je m'attendais à ça ! La princesse Raiponce a de la concurrence ! D'ordinaire, mon amie attache ses cheveux en tresse ou les entortille sur eux-mêmes, impossible donc d'en estimer la longueur ou le volume. Mais là... ils sont détachés. Seules les mèches du dessus sont liés les unes aux autres, créant un dessin tout en courbes et entrelacs dorés. Le reste dévale jusqu'au milieu de ses fesses, soyeux et brillant de vitalité.

— On dirait une vraie princesse, murmuré-je en la couvant d'un regard émerveillé.

— Cesse tes âneries, Allan, souffle ma guide en réponse, les yeux levés au ciel. Et tiens-toi tranquille. Je termine.

Anien Don I - Entre Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant