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Être ou ne pas être, telle est la question. Quand je vois la dégaine de Monsieur Philips, mon professeur de philosophie, je dirais que ne pas être serait plus judicieux. Il est petit, presque chauve et porte des lunettes aux verres ronds accompagnées d'un cordon se rapportant à la couleur de sa chemise. Aujourd'hui, c'est le jaune. Amy se tourne vers moi est mime un vomissement, ce qui me fait lâcher un éclat de rire non contrôlé. Notre professeur ne manque pas de me reprendre en me fixant par-dessus ses verres. Ce simple regard me calme instantanément.

– Bon, maintenant que le calme est revenu (il me fixe une nouvelle fois avec un air impassible), passons aux choses sérieuses. Tout d'abord, le plan de classe.

Un souffle désapprobateur s'élève dans la salle mais Monsieur Philips l'ignore et s'empare de sa pochette d'où il sort la liste de nos noms et le fameux plan de classe. Il fait l'appel en désignant un bureau pour chaque élève et quand vient mon tour, il m'indique une table non-loin d'Amy. J'y prends place sans broncher en commençant à sortir consciencieusement mes affaires.

– Ili !

Mon amie murmure discrètement quelque chose que je ne comprends pas. Je lui fais signe de répéter plusieurs fois mais chaque tentative étant infructueuse, nous lâchons l'affaire. Je pose ma tête contre mon poing en attendant la fin de l'appel. Je m'ennuie déjà. Lorsque Monsieur Philips termine de placer tout le monde, il frappe dans les mains de façon un peu trop enjouée et commence à énumérer le sommaire de ce qui constituera notre programme de cette année, sans oublier de parler des examens qui arriveront à grands pas. Il commence donc son monologue en nous parlant du premier thème sous les souffles incessants de certains mais surtout sans se soucier une seconde de la chaise toujours vide à ma droite. Est-ce qu'il m'aurait mise toute seule parce que j'ai ris en début d'heure ? Je soupire. Décidément, il ne me porte pas dans son cœur, et c'est bien réciproque. Lorsque je l'entends parler de l'âme humaine, je me concentre sur ses mots et le trouve soudain bien plus intéressant. Je ne l'apprécie peut-être pas trop mais je dois dire qu'il sait s'y prendre pour accrocher son auditoire. Les souffles ont cessé et la plupart des gens écoutent attentivement ce qui est raconté, prenant des notes ici et là. Je fais partie de ces gens et ni une ni deux, ma première feuille simple est remplie d'informations concernant la pensée, le libre-arbitre ou encore l'esprit intelligent. Je suis fascinée, si bien que lorsque la première heure se termine, je ne rechigne même pas lorsque Monsieur Philips nous annonce que nous n'aurons pas de pause. Je tape du pied au rythme de tic-tac de l'horloge : il reste dix minutes et le calme plane dans la classe. Tous les élèves sont penchés sur la question posée au tableau mais je ne trouve pas de quoi nourrir mon argumentation. Le langage trahit-il la pensée ? Oui ? Non ? Je n'en sais trop rien. J'essaie de trouver de l'aide du côté d'Amy mais elle est concentrée sur sa feuille qu'elle noircit à une vitesse déconcertante.

Où trouve-t-elle toutes ces idées ?

J'inspire profondément et détourne les yeux pile au moment où la sonnerie retentit. Je m'étire pour faire craquer un os de mon dos. J'aime bien cette option mais j'ai bien peur que l'avoir dès les deux premières heures de la semaine m'achève trop rapidement. Je range mes affaires dans mon sac et pars rejoindre Amy qui discute avec animation avec sa voisine, une blonde avec de jolis yeux bleu glace. Lorsqu'Amy me remarque près d'elle, elle me présente auprès de ladite blonde, nommée Lisa. Je la salue en penchant la tête sur le côté, un sourire affable sur le visage.

– Lisa ici présente est notre petite protégée dorénavant ! Elle est nouvelle, alors j'ai proposé de la prendre sous notre aile !

Cette scène me fait penser à mon premier jour au lycée. J'étais complètement perdue, seule et maladroite et Amy est arrivée comme un ange salvateur, sons sourire bienveillant sur les lèvres et son envie grisante d'apprendre à me connaître. Elle est souvent comme ça mais j'aime à croire que sa relation avec moi est privilégiée. Je souris à Lisa.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz