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Nous roulons depuis une bonne vingtaine de minutes, durant lesquelles je ne quitte pas des yeux les photos qui sont dans l'enveloppe. Cette ville est féérique à Noël. Par contre, je tique toujours au moment où je suis confrontée à l'image de l'hôtel. Il a l'air si irréel ! Je suis sûre qu'une seule nuit là-bas doit coûter une petite fortune... Je me sens bien bête moi, avec ma clé USB toute pourrie... En parlant de ça, Jace me charrie : 

– Et moi ? J'ai pas le droit à mon cadeau ? 

Gênée, je tapote ma poche où repose soigneusement la clé. J'hésite. 

– Je... Je me sens un peu ridicule de t'offrir mon cadeau après le tien. Tu as vraiment mis la barre haute... 

Jace plastronne, fier que sa surprise ait fonctionnée. Puis il reprend son sérieux en me pressant la cuisse, encourageant. 

– Hey, tu sais bien que je serai content, quel que soit ce cadeau. De toute façon, je m'étais préparé à ce qu'il soit moins bien que les miens. 

Aigrie, je lui frappe l'épaule et il fait un écart sur la route. Nous recevons des insultes par des coups de klaxons interposés et Jace me fusille du regard. 

– Je conduis ! Doucement la violence !

– Excuse-moi... 

Je baisse les yeux, penaude. Le week-end commence bien... Après ça, j'ai encore moins envie de lui offrir mon cadeau. Se rendant compte que mon humeur devient morose, Jace rattrape le coup, la voix adoucie : 

– Excuse-moi, j'ai simplement eu peur d'avoir un accident. 

Il caresse mes cheveux et ma main se perd dans ma poche. Non, je ne me sens pas encore prête. Peut-être dans la soirée, ou demain, je ne sais pas encore. Déjà, il faut que je lui offre son cadeau de Noël/anniversaire et rien que d'y penser, j'ai envie de vomir... Pourtant, je suis presque certaine que cela lui plaira. Voir cette étincelle dans ses yeux foncés par le désir, le sentir se tendre sous mes caresses... Jace sent mon trouble et me demande si tout va bien. Je réponds évasivement et je décide d'allumer la radio pour penser à autre chose. Je sens le blond me dévisager, mais heureusement, il n'insiste pas et se recentre sur la route, se mettant même à chantonner à mes côtés. 

Après plus d'une heure trente de route, nous arrivons enfin à Miami. Cette ville au Sud de la Floride est très animée et la plupart des gens dans les rues sont des familles, passant des adultes discutant avec animation aux enfants tirant sur les vêtements de leurs parents pour leur indiquer une décoration à leur goût. Puis je remarque que nous passons devant « La Forêt enchantée du Père Noël », le célèbre parc d'attraction de Miami destiné aux fêtes de fin d'année, dans le quartier d'Olympia Heights. Il n'est pas encore ouvert à cette heure-ci, mais je peux déjà imaginer l'animation ici ce soir, lorsque les fous d'adrénaline camperont au pied des montagnes russes et que toutes les illuminations seront allumées. Je crois même qu'un karaoké géant a lieu tous les soirs durant les vacances de Noël ! J'adorerais y aller ! Peut-être que c'est prévu ? J'ai bien envie de demander à Jace mais je sais que, comme d'habitude, il me servira son petit sourire en coin en laissant planer le mystère. Je vais devoir prendre mon mal en patience, mais je suis persuadée que ce sera pour mieux savourer la réalité. 

Nous bifurquons sur Ocean Drive et roulons encore quelques minutes avant de nous avancer jusqu'à l'entrée de l'hôtel majestueux où attendent patiemment des grooms, vêtus élégamment avec leur uniforme noir et vert aux boutons dorés. Jace se met à rire quand je me penche pour mieux voir le bâtiment, la bouche grande ouverte, et à peine sommes-nous arrêtés qu'on vient nous ouvrir notre portière en nous souhaitant la bienvenue à l'hôtel « The Villa ». L'homme qui s'occupe de mon côté me tend un sourire poli et accueillant et me demande si j'ai fait bon voyage. Peu habituée à ces attitudes maniérées, je suis quelque peu décontenancée, et réponds en bredouillant que tout s'est bien passé, omettant la scène où j'ai failli provoquer un accident. Toujours est-il qu'après cette petite frayeur, nous nous sommes amusés à chanter à pleins poumons les chansons passant à la radio, nous calmant de temps en temps pour parler de l'attitude pitoyable d'Erika et du réveillon de Jace avec sa famille. Apparemment, l'atmosphère était plongée dans un entre-deux : un temps survoltée et plaisante, un temps nostalgique et plus pesante. J'imagine que l'absence d'Henri s'est grandement faite sentir autour de leur table, mais Jace ne l'a pas formulé comme ça. Il a plutôt préféré expliquer que « ce n'était pas pareil ». Je repousse l'image de Jace et de son sourire fané au volant de sa voiture et porte mon attention sur la façade au style rococo, la bouche en « o ». Je ne dois pas avoir l'air fin avec cette tête, mais personne ne commente, Jace étant trop occupé à expliquer à l'un des grooms qu'il espère que sa voiture sera correctement traitée.

Promesse d'un Jour (Réécriture 2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant