Obscuras Tome 3 : L'intouchable.

4. Camouflage.

Il m'avait fallu quatre jours pour rejoindre le champ de batail. Quatre pénibles jours où ma faim s'était creusée un peu plus et où ma soif n'avait était coupé que par de brèves gorgées lorsque je trouvais enfin de l'eau à ma portée. J'étais sale, couverte de poussière, de terre, de crasse et sans même un seul habit de rechange. J'étais bien contente de ne pas avoir de miroir face à moi, je devais avoir piètre allure. Une vagabonde. Une souillonne.

J'avais lutté contre le sommeil chaque nuit dans l'éventualité où les Inceptions voulaient hanter mes songes, mais je n'avais pas tenu autant de temps et la fatigue avait fini par m'emporter, mais cette fois-ci encore, je n'avais pas eu de visite. Ou presque. Lors d'une de mes nuits, je m'étais sentie atterrir dans un rêve étrange, au goût réaliste. J'avais instantanément compris que mon rêve était sous l'emprise d'un Inception. J'avais tellement paniqué que je m'étais réveillée en sursaut, après être tombée de mon perchoir où j'avais décidé de me reposer, m'agitant trop dans mon sommeil.

C'était avec du recul que j'avais compris avoir paniqué pour rien. Le paysage de mon rêve m'avait resauté à l'esprit. Un sol terreux, des montagnes brunes s'étendant à l'horizon, un ciel rose. Le même décor que lorsque Kalidas était venu avec son pouvoir, dans mes songes, alors que j'étais retenue captive par Zara.

Kalidas avait voulu me parler à l'aide de ses pouvoirs, et trop paniquée à l'idée qu'il puisse s'agir des Darknils, je m'étais réveillée violemment, en tombant contre le sol. Je me sentais stupide désormais. Mais si Kalidas était parvenu à entrer dans mes rêves, c'est qu'il allait mieux et cette idée me donnait un agréable bouffé d'air frais. J'étais désormais convaincue qu'il était sain et sauf et mes pas me semblaient désormais beaucoup plus légers, comme libérés d'un poids que je ne soupçonnais même pas porter.

J'étais même soulagée qu'il n'ait pas réussi à entrer en contact avec moi. Je ne voulais pas l'impliquer dans mes affaires. Il ne fallait plus que je le revoie. Plus que je ne revois aucun des Clandestins. Pas si c'était pour les mettre en danger, les exposer face à Evilash à ma propre encontre.

J'arrivai devant un terrain à découvert. Je m'arrêtai, regardant autour de moi, cherchant une idée pour passer inaperçue. Serrant les poings, j'optai pour faire apparaître un animal autour de moi, du moins, l'illusion d'un animal, afin que lorsque je me déplaçais, les personnes autour de moi ne voient que l'animal que j'avais décidé d'aborder. Le problème, c'est que je ne savais pas quel animal avait l'habitude de vivre dans Obscuratium. Je finis par choisir la licorne, sachant parfaitement qu'il en existait dans ce royaume.

Créant une licorne blanche pour camouflage, je m'avançai à découvert. J'avais encore une petite idée du chemin à emprunter pour me rendre au château, ayant vu les cavaliers partir en cette direction, mais bientôt, je savais que je me retrouverai sans savoir où aller.

Marchant encore pendant une bonne dizaine de minutes, je finis par arriver vers une rangée d'arbres, ne sachant désormais plus quelle route suivre. Je soupirai. Ma mission sauvetage commençait bien...

Alors que j'allais me décider à continuer tout droit, j'entendis des branches remuer non loin de moi. Je n'étais pas seule.

Je me figeai.

J'étais une licorne. C'est ce que mon illusion laissait paraître. Je ne devais pas avoir peur d'être vu. Essayant de faire abstraction à la présence non loin de moi, je repris mon chemin. Les branches remuèrent de nouveau et j'entendis cette fois-ci, des bruits de pas. Mon cœur s'accéléra dans ma poitrine et j'accélérai le pas.

- Oh regarde, une licorne ! lâcha une voix qui m'était étrangement familière.

- Une licorne ? répéta une autre voix que je connaissais. Mais il n'y a habituellement aucune licorne dans ces lieux !