Chapitre XVIII

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Depuis ce jour, plus rien n'était pareil. J'ai décidé d'attendre, d'attendre la naissance de l'enfant de Babakar, de notre enfant. J'ai aussi pensé, je ne quitterai pas cette endroit. Je dois rester auprès de Babakar et Kélya.
Je prépare le café que MR Mason a préparer tout en continuant de broyer du noir. Je toque à sa porte et patiente qu'il me dise d'entrer.

Mr Mason : Oui.

Je rentre et dépose son café sur son bureau :

Mr Mason : Oh, Maryse, comment tu te sens ?

Je ne réponds pas. Je lui tourne le dos avant de me diriger vers la porte :

Mr Mason : On peut parler, s'il te plaît.

Moi : Est-ce un ordre ?

Mr Mason : Non ! Bien sûr que non enfin !

Moi : Alors je ne préférais pas.

Mr Mason : Très bien, c'est un ordre.

Je m'arrête et me tourne vers lui :

Moi : De quoi voulez vous parler ?

Mr Mason : J'aimerai que tu arrêtes de te moquer de moi. Comment tu vas ?

Moi : Comme une personne en plein deuil de deux personnes a qui elle tenait.

Mr Mason : Tu ne veux pas prendre une pause ? C'est pas bon trop d'émotion pour le bébé.

Moi : Arrêtez de faire semblant vous voulez bien ! Vous vous foutez pas mal de ce qui est bien pour nous !

Mr Mason : Maryse, tu sais très bien que...

Moi : Que quoi ? Vous nous faites quitter notre vie, vous nous forcez à travailler, vous nous maltraitez, vous nous tuez !

Mr Mason : Tu n'es pas la seule à avoir été en deuil !

Moi : Je vais vous plaindre peut-être ? Je suis en deuil de ma famille, puis de mes amis, et même du père de mon enfant !

Mr Mason : On ne va quand même pas faire un concours...

Moi : Bonne idée tient, allez y, dites moi, lequel de vos nombreux deuil vous a le plus fait souffrir ? Moi j'hésite vraiment, ils sont tous très douloureux !

Mr Mason : Ma femme a été tué, par des esclaves, alors qu'elle allait leur donner de l'eau et soigner leurs blessures !

Je fixe MR Mason, étonnée de sa révélation. Je continue en baissant le ton :

Moi : La...la mère de Kate ?

Mr Mason : Oui.

Je m'écroule sur le canapé et prends ma tête dans mes mains :

Mr Mason : Mais malgré cela, j'ai refusé de haïr les esclaves. Même si cela m'a fait beaucoup de mal, j'ai compris leur geste. Ils ont été exécutés, je ne pouvais empêcher cela. Je leur ai pardonné.

J'entends les pas de MR Mason se rapprocher. Il s'assoit à côté de moi. Je sens sa jambe contre la mienne :

MR Mason : Alors malgré ta douleur, essaie de ne pas détester tout les blancs. Et ne deviens pas plus dure avec Kate. Je sais que c'est dur.

Je relève les yeux et fixe MR Mason. Je le prends dans mes bras en sanglotant :

Moi : Moi qui refusait de pleurer...

Mr Mason : Tu peux montrer ta faiblesse ici. Personne ne te jugeras dans ce bureau. Ne t'inquiètes pas.

Moi : Ah quoi ça rime de vivre comme ça ?

Mr Mason : A rien, je te l'accorde. Mais toi tu as quelqu'un qui tient à toi, tu as Kate, et moi.

« Et lui » ?? Je m'écarte un peu de lui, pour le regarder dans les yeux :

Mr Mason : J'aurai bien aimé que tu sois la mère de Kate...

J'en reste bouche bée. Je me lève avant de lui sourire timidement :

Moi : Je retourne travailler.

Je sors de son bureau. Je vais voir Kate dans sa chambre. Toujours faire bonne figure.

[...]

A la fin de la journée, je me glisse jusqu'au village. Je rejoins Félix et les autres, qui semblent toujours en deuil :

Moi : Bonsoir.

Felix : Bonsoir.

Greg : Viens t'assoir.

Moi : Je vous préviens je ne viens pas me morfondre.

Greg : On s'en doute.

Je m'installe avec eux autour du feu sur lequel ils font cuire du riz :

Felix : D'abord Cameron, puis Kélya et maintenant Babakar. Ils veulent nous éradiquer ou quoi ?!

Greg : De toute façon on est venu ici pour crever.

J'inspire un grand coup et je me lance :

Moi : Kélya, Babakar et moi avions élaboré un plan pour nous enfuir.

Tout le monde se tut et me regarde :

Moi : On comptait Vous en parler, plus tard, quand tout serais finalisé.

Greg : Et pourquoi tu nous en parle maintenant?

Felix : C'est pour ça qu'ils sont morts ?

Moi : Non. Enfin si. Kélya du moins...

Greg : Kelya n'a pas essayer de s'enfuir... vous prépariez le départ et ils vous ont trouvé. Tu étais avec elle ?

Moi : Oui.

Greg : Et t'as rien fait ?!

Moi : Elle voulait me protéger! J'y peux rien !

Greg : C'est à cause de toi qu'elle est morte !

Je vois des larmes coulées sur ses joues :

Moi : Il y avait quelques choses entre vous ?

Greg : Ca ne te regarde pas ! Tu veux quoi en venant là ? Qu'on meurt pour s'enfuir nous aussi ?

Felix : Greg calme toi ! Elle veut qu'on s'en sorte, tous.

Moi : Je porte l'enfant de Babakar. Quand il naîtra on partira.

Felix : Et pourquoi pas avant ?

Greg : Ils pourraient te le prendre ton bébé.

Moi : Je préfère accoucher ici. Et puis il faut bien 9 mois pour tout préparer. Et mieux que la dernière fois...

Liliane prend la parole. Elle est là depuis bien plus longtemps que nous tous. Felix et elle ont l'air bien proche :

Liliane : On doit faire quoi nous ?

Moi : Ne pas attirer l'attention. Restez discret. Je viendrais vous voir. Ne vous inquiétez pas. Je dois y aller, à plus tard.

Je me lève et retourne au château. Tout se passe comme prévue. Vous partirez bientôt, mes amis.

La Canne à SucreWhere stories live. Discover now