Chapitre 2 (version éditée)

4.8K 345 8
                                    


Chapitre 2

Olivia avait rencontré Narcisse lors d'un bal organisé par ses parents, moins d'un an auparavant. Il s'y était rendu en compagnie du comte et de la comtesse de Vaire ainsi que de Dorian, son frère aîné, lui-même cadet de Victoire, laquelle, déjà mariée, ne s'était pas montrée à la soirée mondaine.

À cette époque, Olivia de Beauvoir connaissait seulement son époux actuel de nom et de réputation ; sa fidèle amie, la pétillante Agathe Jourdain, lui ayant vanté mille fois sa beauté froide, son élégante silhouette et l'aura sibylline qui flottait autour de lui comme un parfum. Son babillage incessant à propos de cet homme avait évidemment éveillé la curiosité d'Olivia et nourri, sans qu'elle s'en fût vraiment rendu compte, une étrange fascination à son égard.

Alors qu'assise dans le salon du manoir, un recueil de poésie dans les mains, Olivia voyait les souvenirs affluer dans son esprit, elle se laissa envahir et replongea dans l'ambiance singulière de cette soirée.

— Je suis très fière de ma création ! avait déclaré Agathe en détaillant la tenue de bal d'Olivia.

Pour l'occasion, la jeune femme avait passé sa plus belle toilette, réalisée par son amie. Elle s'était longtemps contemplée dans le miroir afin d'admirer l'œuvre de la couturière et ne se lassait pas de la beauté ni de l'élégance du vêtement. La robe en satin blanc et mousseline de l'Inde, agrémentée de nœuds, également en ruban de satin, possédait un corsage décolleté en rond, orné de fleurs, qui dévoilait la peau de porcelaine d'Olivia. Sa taille étroite se trouvait encore affinée par un corset, et la jupe plate tombait ensuite jusqu'à ses pieds, masquant de délicats souliers de soie. De dos, le vêtement gagnait sensiblement en volume sous l'effet de la tournure, puis se répandait en une longue traîne. À sa toilette, Olivia avait ajouté des gants clairs qui remontaient jusqu'aux manches bouffantes de la robe et recouvraient totalement ses bras. Le teinté immaculé des tissus s'accordait à merveille avec les yeux céruléens et les cheveux blonds de la jeune femme, relevés en un chignon sophistiqué, piqué de fleurs.

— Cet homme est fait pour vous, ma chère ! reprit Agathe en portant sa coupe de champagne à ses lèvres.

Cela faisait bien une heure à présent que son amie lui parlait de Narcisse de Vaire, lequel devait arriver d'un moment à l'autre. Tant et si bien qu'Olivia finit tout de même par lui rappeler que le propre frère de l'intéressé lui faisait une cour assidue depuis des semaines. Ce à quoi Agathe répliqua vivement :

— Mais vous n'avez pas daigné accorder au pauvre Dorian la plus petite faveur jusqu'ici, ma chère !

Avant de reprendre la conversation au sujet de Narcisse là où elle l'avait laissée. Olivia ne put retenir un sourire face à l'insistance de sa compagne, puis secoua la tête de dépit en avisant son air malicieux. Le regard posé sur le visage d'Agathe, elle admira ses traits harmonieux, éclairés de grands yeux ambrés, sa longue chevelure brune remontée en un chignon, lui aussi piqué de fleurs, et se fit la réflexion que son amie était fort jolie. Si cette dernière était encore célibataire, elle ne le devait qu'à ses innombrables refus, et non à son absence de succès auprès de la gent masculine. De plus, la demoiselle de vingt ans était un bon parti, puisqu'issue d'une famille bourgeoise parisienne qui devait sa prospérité à un commerce de couture de luxe. Excessivement douée dans la création, la Maison Jourdain confectionnait des toilettes connaissant un franc succès, que seules les dames les plus fortunées pouvaient s'offrir.

— Cessez avec cette fantaisie. S'il vous plaît autant, pourquoi n'iriez-vous pas vous présenter à lui ?

— Mon cœur est déjà pris, répondit la jolie brune d'un ton énigmatique.

NARCISSE (ÉDITÉ !) ( ROMANCE HISTORIQUE SLOW BURN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant