Chapitre 1

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Des bruissements d'ailes résonnent dans ma tête... Ils sont réguliers, comme le rythme d'une chanson ou d'une poésie. Ils tranchent l'air que je respire et créer en moi une sensation d'étouffement. J'ai toujours les yeux fermés mais je peux tout de même sentir l'eau sous mes pieds. Un lac peut-être ? Ou bien un océan? Celle-ci est gelée et me glace le sang. J'ai la tête qui tourne, je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, ils sont trop lourds...

<< Laisser moi, dis-je tout haut, avec le peu de voix qu'il me restait. >>

Mes pensées furent entendues. Je n'eus pas besoin de les ouvrir pour que l'espace autour de moi soit visible. Tout était légèrement flou. Je suis bien sur une étendue d'eau dont la fin est masquée par l'obscurité naissante, formant un cercle à proximité de moi. Je ne voyais rien d'autre, tout était silencieux. Ce silence est anormalement pesant. C'est comme si quelqu'un où quelque chose m'observait, là, dans la pénombre. Si c'était le cas, j'étais à sa merci, complètement seule, à l'abandon. En regardant autour de moi je vis quelque chose qui retenue mon attention : mes vêtements. C'était une sorte de chemise à rayures blanches et bleues, les manches remontés jusqu'au coude, laissant apercevoir mes bandages qui était d'un blanc immaculé. Plus aucune trace de sang. Ils étaient propres, presque inutiles. Je les retirai pour constater avec soulagement, ou horreur que mes cicatrices avaient disparus. Envolées. Mais leurs profondeurs faisaient qu'il était impossible qu'elles disparaissent sans laisser de traces.
Un petit cliquetis de métal me fit relever la tête. Une traînée bleue, luisante, transperça l'obscurité pour parvenir à ma hauteur. Je voulus la toucher et tomba dans l'eau, à bout de forces. Je marchais sur l'eau, et maintenant me m'enfoncer dans les profondeurs. Elle m'attirait vers le fond. Au final, peut-être que mourir dans ces circonstances n'est pas si mal... Je n'entends plus rien et fait le vide dans ma tête...

Mes yeux s'ouvrirent d'un coup. Une bouffée d'air comme si je revenais à la vie entra dans ma gorge. Mes membres étaient engourdis et ma tête lourde. Je ne pouvais que la tourner de droite à gauche et ce stupide mouvement me provoquait en mal de chien. Mon regard passa en détails la pièce. Des murs blancs sans motifs, Un bureau rempli de seringues vides et une petite fenêtre sur le haut du mur, collant presque le plafond. Quant à moi, j'étais reliée grâce à de minces et longs fils à une poche de sang sur un trépied. Mes battements de cœur étaient renvoyés sur un écran noir en face de moi.

<<Tout ça n'était qu'un stupide rêve...>>

Peu à peu je reprends mes esprits et me rappela la soirée d'hier. Je me rappelle que j'étais heureuse ce soir-là... Mes parents se demandaient pourquoi je souriais bêtement devant mon gratin de pâtes servi quelques minutes plus tôt. Je répondis, je crois, que Hailey m'avait proposé d'aller au bal de fin d'année avec elle. Hailey était ma meilleure amie : plutôt jolie fille, environ 1m65, le teint mâte, le visage arrondi, de grosses joues, les cheveux mi- longs, châtains et rapidement frisés. Un "jolie minois" d'après mes parents, celui qui te rends heureuse rien qu'avec un sourire. Le fait qu'elle laisse son copain du moment pour venir avec moi, me sortant de ma solitude, me faisait plaisir. Elle était la seule qui me comprenait... surtout en ce moment... Quand je suis remontée dans ma chambre, j'ai vu un papillon et je lui ai raconté mes soucis, comme si il était humain. Ca faisait du bien même si il ne me comprenait surement pas. Puis un message, puis deux, puis dix... et je me retrouve ici, des pansements sur mes avant-bras au niveau de l'artère. Je souffla et m'enfonça un peu plus dans ce qui me servait d'oreiller.

La porte de la pièce s'ouvrit et un homme vêtu d'une chemise d'infirmier entra. La quarantaine, les cheveux courts grisâtres, il n'avait pas l'air méchant. C'était plutôt le contraire. Lorsque qu'il vit que je l'observais, il fit premièrement un mouvement de recul, surpris, puis repartis dans la salle d'attente.

<< Je fais si peur que ça? Pensais-je, légèrement vexée. >>

Je pouvais entendre l'homme parler derrière le mur:

<< Elle est réveillée, vous pouvez la voir mais ne la brusquez pas.

- Bien sûr, merci beaucoup. >>

Je connaissais cette voix. Sauf que cette fois-ci, elle était brisée, comme si elle avait beaucoup pleurée. Je vois un éclair passer la porte et venir me prendre dans ses bras m'enlacer. Je lui rendis son étreinte.

<< Putain Ashley! J'ai eu tellement peur quand tes parents m'ont appelé... Je... je suis désolé, je n'ai pas réussi à t'aider excuse-moi...

- Ce n'est pas grave... Tu m'as suffisamment aidée, je t'assure. >>

Je pouvais voir son visage remplis de larmes. Il était légèrement rouge et sur les pommettes, sur le nez et ses yeux fatiguées. Je l'avais inquiétée et j'en suis désolé. Mais ça va aller maintenant je crois... Je plongea ma tête dans son coup et resserra notre étreinte. Hailey ne faisait que répéter les mots suivants : << Je suis désolée... >>. Ça me serrait le cœur.

Je passai le reste de la journée à parler avec les docteurs et mes parents. Bien évidemment ils m'autorisèrent à sortir deux jours plus tard, pour retourner au lycée. Depuis ce fameux jour, ce rêve, ou plutôt ce cauchemar me suit. Il me colle à la peau, toujours le même.

Je n'ai pas encore réussi à trouver l'homme qui m'observe...

"L'histoire est un cauchemar dont je cherche à m'éveiller."

Butterfly EffectWhere stories live. Discover now