Chapitre 3

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Le cours se passa sans inconvénients. Une fois mon tour passé, je tourna la tête en direction de la fenêtre. Un bois entourant une bonne partie des annexes s'étendait à l'horizon. J'irai sûrement me balader dans ce bois après les cours. Le soleil tapait sur les vitres et ses rayons chauds et doux réchauffaient mon visage. C'était apaisant.

La même sonnerie qu'une heure auparavant retentit, me faisant sursauter. Je ramassa mes affaires qui étaient désormais éparpillées sur la table et sortit de la classe. Je pensais que cette heure serait pire que ça, je suis plutôt soulagée. Je marcha en direction des toilettes. Je n'ai jamais vu de pièce aussi taguée : des écritures comme des mots ou des phrases, des dessins ainsi que des choses abstraites et colorées ornaient les murs, si bien que sa couleur d'origine avait quasiment disparue.
Je marcha jusqu'à atteindre un coin reculé, caché par une immense planche de bois. Il suffisait de la déplacer pour pouvoir s'y glisser, ce que je fis. J'aime cet endroit. Même s'il n'est pas très attrayant de l'extérieur, il me permet de me retrouver seule de temps en temps. Je m'assis dans un coin, mes écouteurs dans les oreilles.

Un bruit qui m'était familier. Un bruissement d'ailes si faible qu'on pourrait ne pas l'entendre. Je lève les yeux de mon téléphone et tombe nez à nez avec mon cher confident couleur turquoise. Ses grandes ailes déployées, il paraissait faible et fatigué. Le papillon se posa délicatement sur un sceau en métal se trouvant à proximité de moi. Je pouvais presque le toucher, mais une chose me fit sursauter : Un claquement de porte, puis un corps que l'on projeta sur l'une des cabines.

<< Où tu as eu ça connasse? Dit une voix mielleuse.

- Tu ne devrais même pas être en possession de cette vidéo, efface là, Dit une voix plus roque, masculine. >>

Cette voix. Je reconnais cette voix. Elle m'horripile et me donne la nausée... C'est elle... Ava, la brunette sûrement accompagnée de son groupe d'idiots qui la suivait telle des chiens qui suivent leur maître. Mais une question fit interruption dans mon esprit : qui est la quatrième personne ?

<< Vous vous foutez de ma gueule ?! Cette vidéo c'est la putain de preuve que vous êtes des fils de putes et que ça vous amuse de détruire la vie des élèves ! Mais vous savez quoi? Je m'en cogne ! >>

Mon souffle de coupa. Hailey?! Son bâtiment est à l'opposé du mien, qu'est-ce qu'elle fiche ici? Et surtout... Dans quelle merde s'était-elle mise? Je voulus sortir mais mon corps était paralysé. C'est comme si il se rappelait de mauvais souvenirs, complètement immobile. Mon ami ne dit plus un mot tandis que des coups retentissaient dans les toilettes. Je ne pouvais qu'entendre les soupirs de douleur de Hailey et les rires des autres. Mon cœur bat beaucoup trop vite... J'ai peur...

<< Sors de là, je vais t'aider. >>

Quelqu'un se trouvait avec nous, dans la pièce. Comme un murmure, mais suffisamment audible pour que je puisse l'entendre.
Le problème et qu'il n'y a personne. Personne à part nous. Est-ce que je deviens folle? On s'est tous poser la question une fois dans sa vie. Une question sans réponse. Une voix sans corps. Une jeune fille sans aucun courage. Putain mais j'aimerais bouger, j'aimerais aller l'aider mais je n'y arrive pas... Je suis lâche, comme toujours.

<< Si tu ne l'aides pas, je vais m'en occuper. >>

C'est incompréhensible. Je me lève et me rapproche de la planche, collant ma tête dessus. Les bruits on cessés. Non... Des bruits de pas lourds continuent de raisonner sur le carrelage. Ils sont lents, réguliers, comme les pas d'un robot. Puis une voix grave s'éleva, rompant le silence :

<< Vous n'êtes qu'un ramassis de déchets. L'être humain est unique... Mais s'il devait y avoir une hiérarchie dans ce monde déjà dur et cruel, vous seriez la race inférieure. Ceux que vous traitez avec négligence, avec méchanceté... Il se peut que ce soit vous dans un futur proche, qui sait? Les rôles s'inversent, les liens se brisent, qu'on le veuille ou non. C'est ce qu'on appelle le destin.

- Tu es qui toi pour nous sortir toute ces conneries ?! Tu veux qu'on te refasse le portrait aussi?!

- Calme-toi Aaron, je ne veux pas avoir d'ennuis.

Ses talons martelaient le sol en direction de ce que je pense être un homme.

- Sinon... Pourquoi tu portes cette cape noire? Elle ne te va pas du tout ! >>

Une cape noire? Serait-ce l'homme qui m'observe lorsque je rêve ? Mais cette fois-ci, il ne me paraît pas angoissant... Au contraire, j'éprouve un sentiment différent... De la bienveillance je crois.

<< Je ne vais pas me répéter, fiches le camp.

- Ok c'est bon range ça, tu es fou ! >>

Ava claqua la porte derrière elle et j'en profitai pour sortir de ma cachette. Sur le côté se trouvait Hailey, les jambes croisées, du sang coulant sur son visage. Je me précipita sur elle et sortie un tissu de ma poche pour lui mettre sur le visage. J'étais face à lui : grand, environ un mètre quatre-vingt, une longue cape noir cachant chaque partie de son corps ainsi que son visage.

L'homme tenait fermement dans sa main un couteau suisse. Il se tourna vers moi et je demanda à voix basse :

<< Qui es-tu ?>>


<< Errer est humain, persévérer dans l'erreur est diabolique. >>

Butterfly EffectWhere stories live. Discover now