T'as qu'à maigrir ! Tome 2 disponible le 20/01/23 chez Black ink Be stronger

Chapitre 10- Without Fat 7341

Visiblement mortifiée, Slim pose sur moi ses yeux écarquillés de surprise alors que je m'avance plus près d'elle.

— Alors c'est pour cela que vous avez laissé tomber l'entrainement ? sourié-je plus amusé et attendri tout en lui reprenant des mains l'assiette qu'elle s'était concoctée.

Une fois reposée sur la table, je dévisage mon incorrigible stagiaire qui, vexée d'avoir été surprise en flagrant délit de gourmandise, me fixe, les lèvres pincées.

— J'ai faim, je vous signale ! crache-t-elle. Alors je mange, qu'est-ce qu'il a de bizarre là-dedans ? Et puis qu'est-ce que vous faites toujours à me suivre ?

Je me mets à ricaner en tentant de contrôler la joie que j'ai de savoir qu'elle va bien et qu'elle n'a rien perdu de sa hargne ni de son répondant.

— Minute, je vous signale que c'est mon père qui m'a dit de venir. Votre mère et lui voulaient que je vous parle puisque vous jouez à l'autruche, maintenant.

Je n'ai subitement plus envie de rire. Malgré le fait que je trouve son grignotage attendrissant, il est contraire à mes principes. Le régime qu'elle suit ne tolère pas l'anarchie alimentaire sous peine que son corps se retrouve en carence. Slim a cessé de se battre et semble se servir de la nourriture comme palliatif à sa peine. Comme beaucoup de femmes le font...

— Je ne sais pas. Je vous pensais archi motivée pour perdre vos kilos et là, il a suffi de quelques jours pour renverser vos convictions et je l'avoue, je trouve ça très décevant.

— Slim ! Je te cherchais, dis-moi ! Tiens, je t'ai choisi ce qu'il y a de meill...

Même si je savais qu'il était dans les parages, entendre la voix hypocrite de Stanley suffit à me hérisser le poil. Je l'observe s'avancer, les mains chargées des mêmes cochonneries que je viens de retirer des mains de Slim. Et ça m'agace à un point que je ne saurais définir. Il se permet en plus de me toiser ce con ? Avec mon poing dans la gueule, peut-être qu'il arrêterait de jouer le nerveux.

— Qu'est-ce que tu fais là, à la suivre tout le temps ? Tu ne peux pas arrêter de lui prendre la tête avec tes régimes ! m'assène-t-il tout haut pour attirer l'attention.

Je comprends ce qu'il cherche à faire. Encore une fois, il veut que ce soit moi qui passe pour le salaud, le mal-élevé incapable de se tenir en société mais il n'y arrivera pas. Il ne me fera pas une nouvelle fois chuter dans ce qu'il y a de plus noir chez moi.

— Laisse-tomber, Kotits ! me lance-t-il encore. Tu ne l'entraineras pas dans tes saloperies rien qu'en apparaissant !

Je fixe encore ce mec sans le reconnaitre.
Qui est-il ?
S'est-il jamais montré sincère avec moi et que prépare-t-il vraiment avec Slim ? Une panique m'étreint la gorge avec une telle force que je jurerais qu'on est en train de m'étrangler. Pourquoi ne pas tout lui dire après tout ? Elle saurait qui est Stan une fois pour toute mais encore une fois, les grands yeux sombres de ma stagiaire me transpercent et m'intimident. Sans que je ne me l'explique, la savoir choquée un jour par mon passé me terrorise c'est pourquoi, alors que je m'étais avancé pour tout lui dire je préfère me raviser et m'éloigner d'eux au plus vite.

A quoi bon ? Je serai bientôt loin de tout ça...

***

Heureusement, le misanthrope que je suis trouve la quiétude nécessaire dans le vaste espace que ce jardin lui offre. Très vite, la nature verdoyante et luxuriante m'enveloppe, m'apaise et de manière exceptionnelle, je me surprends à apprécier la caresse chaleureuse des rayons du soleil couchant. Le piaillement agaçant des convives se fait de plus en lointaine. Elle est remplacée par la rumeur douce de gamins qui jouent près d'une serre bien ombragée par la végétation galopante. Ils sont une petite dizaine, pas mal de petits garçons, qui s'amusent à s'attraper en riant. Je reste un instant à les observer quand un ricanement plus distinct me pousse à m'attarder sur une petite marre dans laquelle quelques grenouilles vertes s'agitent. Ce qui me fait sourire, c'est qu'une petite fille est en train de les désigner d'un bout de bois que son imaginaire a sans doute transformé en baguette magique :