Chapitre 7

726 65 17
                                    

Abondance joyeuse de rires féminins,

Fragrances suaves aux accents lointains,

Prolongent en ce lieu une envie permanente,

D'y rester, mon ami, une envie lancinante.

Danse avec elles, réjouis-toi !

Qu'à jamais leur corps s'imprègnent,

De cette douceur éternelle.

Que personne en cet endroit ne méprise tes lois.

- Auteur Anonyme

Poème tiré du recueil « Poèmes du Harem »

***

Le Grand Conseil se rassembla le trentième jour du mois de l'Immortalité.

L'espérance d'y voir le roi se lisait dans tous les regards. Shahin se tenait aux côtés de son frère d'armes, Zakaria, au centre de la salle qui accueillait les conseillers, les ministres, les scribes et autres stratèges militaires.

Cette dernière était grandiose, imposante. De longues et hautes fresques s'étalaient le long des murs, à la gloire des rois d'Elôn et de leurs exploits.

Le prince héritier était assis dans l'une des deux travées de sièges qui se trouvaient de part et d'autre du trône du roi. Sur celles-ci attendaient, patiemment assis, les chefs militaires et conseillers royaux.

L'absence de son père aux commandes des armées, depuis plusieurs semaines désormais, laissait chaque général déconcerté, confus quant à la marche à suivre, lui y comprit.
La paix avec les nations voisines était relative, les guerriers élonites se devaient de maintenir leurs forces au plus haut niveau. De plus, des éclaireurs avaient aperçu des mouvements suspects dans les camps shenouites à une vingtaine de kilomètres de la frontière entre leurs deux royaumes.

Shena était un royaume plus pauvre qu'Elôn et la sécheresse ne s'arrêtait pas aux montagnes d'Al Gizem. Shahin savait parfaitement que la famine se faisait ressentir là-bas aussi et qu'un peuple affamé mettait en péril tout un royaume. Il comprenait également que le seul moyen, après avoir prié les dieux pour faire venir la pluie, était la conquête de plus vastes terres pour obtenir davantage de ressources.

Elôn avait la chance de posséder des côtes ainsi que la ville portuaire d'Ishour. Une grande partie de ses denrées provenaient de la pêche et permettait encore au peuple de subsister malgré le manque de grains. De plus, l'exploitation des minerais de cuivre et de fer faisait leur grande fierté et leur renommée. Cela leur permettait également de négocier quelques échanges avec des marchands maritimes.

Mais ce n'était pas le cas des shenouites... Ce qui rendait les terres d'Elôn à coup sûr très convoitées.

Shahin avait discuté avec certains membres du conseil, ils semblaient nombreux à s'inquiéter, ces affaires capitales devaient être prises en main. Si son père ne sortait pas de sa léthargie, s'il n'assistait pas à la séance, le bruit courrait que, non seulement la première concubine du roi serait congédiée, mais les ministres ne s'opposeraient pas à une prise de pouvoir martiale du prince héritier.

Shahin ne désirait pas en arriver là mais il était prêt à cette éventualité, quoi que cela lui en coûte, pour le bien du peuple.

Père, redevenez le roi sage et courageux que nous connaissions.

La Porte du Roi : Liberté Entravée - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant