cœur brisé

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Mardi 24 mars 2020 - 16h40 - la cloche sonne, le ciel est gris, je me presse d'aller prendre mon bus pour rentrer.

Le début de la fin - Klergy & Valerie Broussard

Je sors de cours, rejoint les casiers des secondes, récupère mes affaires puis sors du lycée le sourire aux lèvres en pensant à cet orage qui arrive doucement. Je longe la rue et arrive au carrefour - je sens mon cœur qui rate un battement.

Ils sont là, sous ce ciel gris, cette atmosphère lourde, les orages lointains que je ne n'entends plus. Seul le bruit de mon cœur qui se brise arrive jusqu'à mon cerveau. Lui, la personne qui me fait rire au quotidien et elle, celle qui rend heureux au quotidien - s'il vous plaît cupidon touche les bons cœurs la prochaine fois - ils s'embrassent et s'enlacent.

Je tourne à l'angle de la rue l'air de rien, le visage de marbre, le cœur brisé en mille morceaux tel un miroir. Je sens les premières gouttes sur mon visage, elles se mêlent à mes premières larmes. Ils ne peuvent plus me voir. Je continue à avancer vers l'arrêt de bus, les larmes redoublent. Arrivée je m'écroule sur les marches, la tête dans les genoux, je pleure. Une camarade m'aperçoit et s'approche, elle me prends dans ses bras et ne dis rien, merci de ne pas me demander si «ça va», merci . Son bus arrive et elle me quitte, je suis trempée jusqu'à os, la pluie est battante.

Des pas, des voix arrivent - sa voix - intérieurement je prie pour que mon mascara qui a coulé et mes vêtements noirs me fassent passer inaperçu, c'est évidemment raté.

Il s'approche tandis qu'elle reste quelques pas derrière lui. Elle a sa capuche rouge qui protège sa chevelure blonde et ses yeux bleus qu'il aime tant.

Il me demande si je vais bien. Un «oui» sors de ma bouche et j'espère m'en sortir. Il revient malheureusement à la charge: «tu es sûre? ». Je bouillonne, je suis en colère - tu es bête ou quoi - je ne répond pas. Si j'en avais la force, mentale et physique de lui parler voila ce que je lui dirai: a ton avis? Je suis assise sous la pluie, en pleine rue, en pleurant et tu me demandes si «ça va? »NON ça ne va pas, mais pour le voir il faut avoir un cœur , et j'ai toujours douté que tu en possédais un. Dans mon idéal après ses paroles je me lèverai et rentrerai chez moi, mais le monde n'est pas mon idéal. Voila ce qu'il se passe réellement: mes pleurs redoublèrent, je me rassois, il reste bouche bée et ne dis rien - tu n'arranges pas ton cas cher cher ami.

Leur bus arrive, elle fait signe au chauffeur, elle monte dedans, l'appelle, il est toujours debout devant moi. J'ai envie de lui crier de se barrer, qu'il me gâche la vue. Puis je me demande à quoi il pense. Elle lui attrapa alors la main et l'entraîna dans le bus, il la suit en me regardant dans les yeux. Je crois voir des larmes dans ses grands yeux bleus que j'ai si souvent regardés.

Les portes se fermentent, le bus part. La pluie se calme. Des talons d'une femme courante sous la pluie claquent sur le sol, puis des pas plus posés. Il s'arrêtent devant moi. Je lève alors la tête. La dernière personne que je pensais voir dans cette situation: celui qui m'a brisé le cœur, il y a trois ans de ça.

Il se tenait donc devant moi. Hugo se tenait devant moi - si tu savais comme j'aurai voulu que ce moment arrive il y a quelques années - je remarque qu'il est toujours aussi beau - la pluie rend les gens encore plus beau, - ses cheveux bruns, son nez, je l'aimerai toujours un peu un fond de moi. Il ne me pose pas de question, s'assit à ma droite. Je ne pu m'empêcher de lui demander: «depuis quand cela t'importe que je pleure?» Question qui laissa place à un blanc, un blanc agréable, doux comme du coton, je crois qu'il pleurai aussi.

Notre bus arriva - le célèbre 11 - il me propose de monter avec lui. Je refuse, je ne veux pas rentrer, je suis bien ici, sous la pluie. J'attendais l'orage, le tonnerre et les magnifiques éclairs qu'il créera.

Il ressortit alors du bus, ce qui m'étonna j'avoue, lui qui n'avait jamais fait attention à moi. Il me propose de marcher jusqu'à chez moi - étant donné que nous habitions tout près - j'accepte avec les yeux brillants. Il est sorti un parapluie jaune de son sac à dos bleu, l'ouvrit, puis m'attrapa le bras. Un silence apaisant pris place.

C'est comme cela que je me suis retrouvé à marcher avec le premier garçon qui m'avait brisé le cœur sous la pluie un mardi après-midi dans une atmosphère douce et orageuse. Nous pleurions tout les deux, sans même le savoir, le destin nous avait (enfin) rassemblés.

ma vie amoureuse est un désastre.Where stories live. Discover now