Chapitre 41

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Je me jette dans les bras de Mathilde. J'avais complètement oublié ! Qui dit vacances de Noël, dit retour de ma soeur ! Après cette longue embrassade, ma soeur reprend un air sérieux et me dit :

- On peut discuter ?

Je soupire et me décale pour qu'elle puisse pénétrer dans ma chambre. Mathilde s'avance et s'installe sur ma chaise de bureau. Quant à moi, je reste debout.

- Tout ce que je sais, c'est que les parents sont terriblement en colère contre toi. Mais qu'as-tu fait, bon sang ?

Quand elle me dit ceci, je me rends compte d'une chose. Je n'ai jamais manqué de raconter ma vie à Mathilde. Jusqu'à ces dernières semaines. Depuis que je sors avec Caleb, je crois. J'ai donc commencé à délaisser ma soeur...

- Tu vois Caleb ? l'interrogé-je en levant les yeux vers elle.

- Oui, ton ami que tu aimes en secret ? me répond Mathilde.

- Pour faire court, on sort ensemble aujourd'hui. Hier soir, nous sommes allés à une fête, j'ai bu, on m'a prise en photo et on l'a envoyé à papa.

Mathilde met un moment à répondre, surprise par ce que je lui dis :

- Tu es allée à une soirée ? Tu as bu ? Mais tu es suicidaire ! En plus de toutes les autres choses que tu as faites...

- Je sais bien, mais tu devrais comprendre, tu as été dans la même situation que moi ! m'indigné-je.

- Ce n'est pas faux... soupire ma grande soeur.

Un blanc s'en suit durant lequel nous nous fixons toutes les deux.

- Donc, tu as un petit-ami ? finit par lâcher Mathilde en souriant.

J'acquiesce en riant.

- Tu aurais une photo de lui à me montrer ?

- Sur mon téléphone. Que papa m'a confisqué.

Mathilde soupire et je la détaille un instant. Nous nous ressemblons assez, mis à part qu'elle est un peu plus grande que moi et que ses cheveux sont plus clairs.

- Bon, tu sais quoi ? Je vais être ta grande défenseuse.

- C'est vrai ? m'écrié-je presque, les yeux pleins d'étoiles.

Mathilde hoche la tête et je me jette dans ses bras une nouvelle fois, manquant de la faire tomber de la chaise sur laquelle elle est installée. Je l'adore tellement, qu'est-ce que je ferais sans elle ?

- Ah tu m'étrangles là ! s'exclame-t-elle avant que je me dégage en riant. On devrait aller déjeuner. J'étais venue te chercher pour ça, à la base.

Oh. L'heure de l'affrontement a sonné. J'ajuste donc mes vêtements avant de descendre, accompagnée de Mathilde.

Je pénètre dans la salle à manger, le coeur battant. Je m'assois à ma place habituelle en évitant de regarder mes parents, tandis que Mathilde se pose là où un couvert a été rajouté. Puis le personnel s'occupe de venir nous servir dans un silence de mort. Malgré cela, ma mère finit par briser le silence :

- Alors Mathilde, tout se passe bien à l'école de médecine ?

- Parfaitement bien, répond-elle simplement.

Je me demande ce que ma grande soeur va bien pouvoir dire pour faire en sorte de me sauver.

Le silence se réinstalle, si bien qu'on entend seulement le bruit des cuillères dans la soupe. Je dois me faire discrète, il est hors de question que je prenne la parole. Je lève les yeux vers Mathilde. Celle-ci semble hésiter à parler. Je l'encourage en gardant mon regard sur elle, et elle finit par se lancer :

- A propos d'Albane...

- Ne lui cherche pas des excuses, s'il te plaît, l'interrompt aussitôt notre père.

- Je ne lui cherche pas des excuses, reprend-elle. Oui, elle vous a désobéi, mais moi, je peux la comprendre.

Mes parents arrêtent tous les deux de manger après l'entente de cette phrase, plus que surpris.

Et oui, votre fille parfaite n'est peut-être pas si parfaite que ça... Vous croyez quoi ? Que dans son université, elle passe son temps à étudier ?

- Mis à part pour l'alcool, se corrige ma soeur pour garder un peu de dignité auprès de nos parents. Croyez-moi, je pense qu'Albane a compris la leçon, n'est-ce pas ?

Je hoche aussitôt la tête.

- Donc je pense que c'est inutile de la punir si sévèrement...

Mes parents tournent tous deux leur tête vers moi, attendant que je dise quelque chose. Je me lance donc :

- Je suis parfaitement consciente de mon erreur et je regrette amèrement ce que j'ai fait.

C'est faux. Je ne regrette aucunement tout ce que j'ai fait depuis le début de l'année. Même s'ils croient actuellement que tout ce que j'ai fait, c'est me rendre à une fête. C'est déjà un comble pour eux, alors il faudrait mieux qu'il ne découvrent pas la vérité.

- Laissez-la au moins retourner à la bibliothèque... insiste Mathilde.

- Non, lâche sourdement mon père tout en continuant de manger sa soupe.

- Mark... soupire ma mère avec un ton désespéré.

Je me tourne vers elle. Ma maman serait donc de mon côté ? Elle a toujours été la moins sévère des deux, mais là, je suis presque surprise.

- Ses notes n'ont pas baissé depuis le début de l'année. Je pense qu'on peut au moins lui laisser ça.

- D'accord, finit-il par céder. Mais seulement en semaine. Et je m'assurerai de demander chaque jour à le ou la bibliothécaire s'il ta bien vue entrer et sortir et la bibliothèque.

Un grand sourire s'affiche sur mon visage. Je vais pouvoir continuer d'aller à la bibliothèque avec Caleb ! Bon, j'imagine qu'il va falloir faire en sorte d'entrer séparément pour ne pas éveiller de soupçons, mais je m'en sors plutôt bien.

- Merci infiniment, papa et maman ! m'exclamé-je avant de me rappeler que nous sommes à table.

Je jette également un regard empli d'amour à ma grande sur Mathilde. Ce qu'elle vient de faire pour moi, je n'en reviens pas ! Celle-ci me sourit grandement en retour. J'ai vraiment la meilleure soeur du monde...

DEAL ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant