Pas le choix

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Je ne vais pas faire d'intro, pas d'explication, pas de mise en contexte, juste un déballage de certaines parcelles de ma vie.

Je ne comprends pas. Je ne comprends pas grand chose à vrai dire. C'est ce que mon père me répétait constamment. Baignée dans une enfance sympa et à la fois chaotique. Entre traumatisme, joie et innocence. Grandir entourée de ses parents, de ses frères et sœurs, de sa famille, rien de plus classique me direz vous, rien de bien traumatisant. Certains vivent des drames. Certains n'ont pas de parents. Certains se battent contre des maladies. Alors pourquoi je me plaindrais ? Je suis née dans une famille très modeste certes mais je n'ai jamais manqué de rien. Rien, rien mise à part peut être de l'amour d'un père, vous savez un père. Cet homme qui doit prendre soin de vous, vous consoler , vous protéger. Non. Pas toujours, il peut aussi rabaisser, dévaloriser, vous faire sentir comme la pire des merdes. Mais à l'extérieur, entouré du monde il a l'air génial, le père idéal. Alors pourquoi tu n'aimes pas ton père tu devrais avoir honte. Toi au moins tu en as un. Mesure ta chance. Ouai quelle chance. Je ne me rends pas compte tout de suite. Je m'accroche. Je passes au dessus de ses critiques. J'essaye de tout mon cœur de l'aimer. Je suis un enfant, je fais des bêtises, il me gronde. C'est normal. Il me dit que je suis trop grosse. C'est normal. Il me dit que je suis bonne à rien. C'est normal. Bon il me dit que la cellulite sur mes cuisses d'enfant c'est affreux, mais il a pas tord non ? Peut être que si. Mais il m'aime j'en suis sûre. C'est juste des taquineries.
Il ment beaucoup aussi mais c'est pas mes affaires, je suis jeune moi, je dois me préoccuper de mes barbies. Pas plus. Pas moins. De toute façon je suis pas assez intelligente pour comprendre.
Mais je grandis, je grandis et il ne change pas. Pourtant j'essaye de l'aimer mais il me rend la tâche compliquée. Quel con. Non. Ne dis pas ça. Respecte ton père. Est ce qu'il me respecte lui ? C'est pas grave il a le droit lui.
Il n'y a pas que lui. Oublions mon père. Malheureusement il y'a pire. Il y'a l'autre. On s'amusait juste. J'étais une jeune fille, c'était des jeux. Pour faire comme les grands. Je ne savais pas que c'était mal. Je n'avais aucune idée que je pouvais dire non. Je ne voulais pas dire non. C'était un jeu. Comment ça a commencé ? Aucune idée. Plus aucun souvenir. Juste des flash. De quelque chose qui me retourne l'estomac aujourd'hui. Impossible d'en parler. À personne. Je mourrais avec cette valise bien fermée dans ma tête. Fermée, pas tant que ça. Valise qui vomit des tas de souvenirs. Non. Reste fermée par pitié. J'en veux pas de ces souvenirs là. Cadenasser la valise, voilà ce que je dois faire. Comment ? J'en sais rien. Il ne me voulait pas de mal. Je n'avais pas mal. Je ne savais pas que c'était mal. J'étais d'accord. Enfaite non. J'étais un enfant. Je ne savais pas. Aujourd'hui je ne suis pas d'accord. Mais c'est trop tard. Je n'ai plus le choix.

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