Fleur des neiges

✵ 22 décembre ✵

- Je...

Jules fronça les sourcils. Mathilde avait l'air si bouleversé par ce qu'elle allait lui dire. Il espérait que ce n'était pas grave, bien que ça en avait l'air.

- On va dire que... commença-t-elle, je sais de qui je suis amoureuse, et...

Jules la regarda avec des yeux ronds. Il n'était pas sûr de ce qu'elle pensait, mais il avait des doutes.

- Mathilde, je t'arrête tout de suite.

Elle leva la tête vers lui, prête à entendre le pire.

- Je t'aime bien, hein, mais tu es ma cousine, et je...

La jeune fille éclata de rire.

- Mais je ne suis pas amoureuse de toi, idiot !

- Chut ! Tu vas réveiller toute la maison, là.

- Ce serait horriblement glauque, ajouta-t-elle en faisait mine de s'éloigner de lui.

- Alors quoi ? fit-il. Tu n'assumes pas que tu aimes quelqu'un, si j'ai bien compris ?

Mathilde reprit son sérieux. Elle inspira et expira, prête à avouer ce qui la tourmentait depuis quelques mois. Elle regarda l'heure, il était minuit passé. Puis elle avoua.

- Je suis amoureuse d'une fille, Jules.

Il y eut un silence, silence qu'elle regretta immédiatement. Une larme coula sur sa joue, et elle s'apprêtait à quitter les bras de son cousin quand il reprit :

- Et donc ?

Elle tourna sa tête vers lui, un regard interrogateur.

- Ne me dis pas que, tu pensais que... mais enfin, Mathilde ! rit Jules en se répondant lui-même, passant une main sur son front. Tu pensais vraiment que j'allais t'en vouloir d'être amoureuse de quelqu'un ? C'est la meilleure chose, enfin l'une des meilleures choses qui arrivent dans une vie, et tu penses qu'être lesbienne c'est mal ?

Mathilde baissa la tête, à la fois soulagée et honteuse.

- Enfin Math, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, alors que tu aimes une fille ou un garçon, ça m'est complètement égal et je suis heureux pour toi. Je veux juste que tu ne fasses pas de conneries avec, c'est tout, ajouta-t-il en riant.

La jeune fille hocha la tête, les larmes aux yeux.

- Mathilde... murmura doucement Jules en apercevant les minuscules gouttes d'eau qui s'échappaient des yeux émeraude de sa cousine. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'en veux.

- C'est juste que Laura m'a dit qu'il y avaient tellement de gens homophobes, et que ça pouvait même être des membres de ma famille, alors j'ai eu peur...

- Arrête de dire des conneries et viens-là. Tout de suite !

Elle rit, puis se blottit contre son cousin, qui la berçait tendrement.

- Alors ça, c'est la meilleure, chuchota-t-il. Mathilde qui a peur de moi ! Je te jure que je vais m'en souvenir... tes parents sont au courant ?

Elle secoua la tête, se yeux clos. Elle retrouvait vite sommeil, dans les bras de Jules.

- Et ton frère ?

- Je pense qu'il le sait.

- Tu penses ?

- Un jour il est venu me chercher et il m'a vue embrasser ma copine.

- Et alors ? Félix est parti en courant en criant qu'il y avait des monstres dans la rue ?