✵ 23 décembre ✵

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- Où vas-tu ?

Jules se tourna vers Mathilde, encore en pyjama. Ses cheveux roux chatouillaient son visage pâle et tacheté de taches de rousseur, descendant jusqu'à son menton. Elle portait Aurélien dans ses bras, qui tirait sur la manche du t-shirt de sa cousine, dévoilant son épaule. Ses cheveux aussi bouclés que ceux de la jeune fille et de la même couleur châtain que celle des cheveux de son frère étaient encore emmêlés, et il portait son lapin en peluche à bout de bras.

- Faire un tour, répondit Jules. Tes parents sont partis à la gare chercher Félix et Amandine, et Paul est parti courir.

La jeune fille hocha la tête, remettant en place la manche de son t-shirt trop large, comme le pantalon en coton qu'elle portait.

Jules ouvrit la porte, et se retourna vers sa cousine quand elle l'interpella.

- Tu diras bonjour à Lys de ma part, sourit Mathilde.

Jules leva les yeux au ciel, puis ferma la porte. Ce n'était pas comme si toute sa vie tournait autour de celle de Lys depuis qu'il l'avait rencontrée. Enfin, oui, il allait voir Lys. Par simple plaisir. Il n'allait pas vers elle quand elle le lui ordonnait.

Il se remémora le chemin qu'il avait pris pour se rendre chez lui la veille afin de le prendre à contre-sens, et aperçut enfin la maison de la tante de Lys. Une vieille dame marchait sur le trottoir, tenant son chariot d'une main ferme et tremblante.

- Bonjour madame Vendick, la salua Jules.

Dans ce village, tout le monde connaissait tout le monde. Ignorer quelqu'un qui passait était malpoli et surtout inconcevable.

- Oh, bonjour Jules ! dit la vieille dame, qui ne l'avait pas vu arriver. Comment vas-tu ?

- Bien, et vous ? Vous êtes déjà rentrée du marché ?

- Oh, il n'y avait pas beaucoup de monde. Dans deux jours, c'est Noël, alors les marchands pensent qu'ils sont déjà en congé. Mais que fais-tu ici à une heure pareille ? Tu ne devrais pas être en train de dormir ?

- Vous savez madame, il est neuf heures et demie.

- Je sais bien, mais les jeunes d'aujourd'hui se lèvent à l'heure du midi ! Mon petit-fils est à la maison, hier il s'est levé à treize heures !

- Tous les jeunes ne se lèvent pas si tard, se défendit Jules.

La grand-mère lui sourit.

- Oui, tu en es la preuve vivante. Alors bon, que fais-tu ici ? Ce n'est pas du tout ta rue, si je ne me trompe pas...

- Je suis venu voir une amie, elle est en vacances juste ici, chez sa tante.

Il montra la maison en briques du doigt, et remarqua en même temps que le portillon était ouvert, une fine ouverture entre la cloison et la porte était visible.

- Je sais que je suis vieille et que je perds un peu de ma tête, mais personne n'habite dans cette maison, mon petit Jules. Tu dois sûrement te tromper.

- Bien sûr que non, je l'ai raccompagnée ici-même, hier...

- N'essaye pas de me contredire, sur ce point-là, je suis formelle. Les anciens propriétaires ont dû quitter la maison, le mari avait été muté. Ils n'ont pas trouvé d'acheteurs, aucune visite. Ce n'est pas bien surprenant, personne ne s'intéresse à ce petit village... Enfin ! Cette maison est abandonnée depuis un ou deux ans, le maire pense d'ailleurs qu'il devrait la raser pour en reconstruire une autre, avec un étage et un peu plus attrayante, s'il n'y a personne d'intéressée d'ici février.

Fleur des neigesWhere stories live. Discover now