16.05.20

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Un de ces jours où j'aimerais être partout sauf ici. Mais ce serait pareil où que je sois, parce que j'ai envie d'être nulpart. J'ai pas envie d'être là, j'ai pas envie d'être.

Ces jours où je vais pouvoir rire sans jamais être heureuse. Ces jours où je me suis retournée, et je suis happé par le vide de la falaise.

Ces jours où le cœur n'y est pas, quoi que je fasse. Je suis vide. Et je n'ai rien envie de faire pour y remédier, je n'ai pas envie d'en parler, comme si je n'avais pas envie d'en sortir. Alors j'attends que ça passe. J'attends que l'ombre se lasse et s'en aille d'elle-même.

La solitude m'est nécessaire, par ce que je n'ai pas envie de faire semblant avec les autres. Pourquoi faire semblant alors que je me fiche de l'avis des autres ? Tout simplement parce que je ne veux inquiéter personne, et qu'ils voient le haut de l'iceberg est déjà trop. Il ne doivent pas découvrir la forêt derrière l'arbre, elle est trop sombre et ils prendraient peur.

Peut-être que pleurer serait une solution, mais je n'y arrive pas. Parce que je ne suis pas triste, parce que je ne sais même pas ce qui ne va pas. Peut-être que je ne veux pas savoir, peut-être que j'ai peur de ne pas pouvoir le supporter. Peut-être que j'estime cette morosité illégitime, que je n'ai pas le droit de ne pas être pleinement heureuse quand tout va si bien pour moi.

Je suis cassée mais je ne sais pas où. J'ai une fuite dans le tréfond de mon être et je ne l'ai pas encore atteinte. Mais je n'ose pas sauter de la falaise pour la découvrir. Cette recherche semble irréversible et j'arrive trop bien à l'ignorer si souvent. Il suffit que je me retourne, que je ne fixe plus le vide et que je me retourne vers les plaines de bonheur auxquelles je tourne bêtement le dos en ces jours-ci.

Pas aujourd'hui. Demain peut-être. Après-demain, s'il vous plaît. Que l'ombre parte. Je ne me supporte pas comme ça. Si ça dure trop longtemps, j'ai peur de tomber. Et je ne veux pas tomber.

Si je tombe, il sera trop tard pour me rattraper, parce que j'aurai déjà éloigné tout le monde de mon ravin, pour pas qu'ils en voient la profondeur, toute la noirceur. Et moi je n'aurai pas la force de m'accrocher au bord, parce que si je tombe, ce sera tête la première, ce sera un plongeon d'abandon.

Parfois je me dis qu'il serait si simple de plonger, presque agréable. Ce serait grisant même. Euphorique. Un tel laissé aller, une chute libre dans le désespoir. Sans raison, juste comme ça. Et je pourrais m'effacer avant de toucher le fond, parce que l'impact serait trop douloureux à assumer, et qu'une fois au fond, je n'aurais ni la force ni la volonté de remonter. Ni de creuser plus. Et je ne veux pas voir le fond de ce gouffre.

Ces jours sans.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant