Le Genie du Collège Saint Marine

La fin des vacances

Lorsque les arpèges du piano emplirent la salle, elle était déjà pleine et la grosse pendule indiquait neuf heures trente.

Ensuite, d'autres instruments suivirent, toujours dans le concept de produire un air léger cristallin. Une musique aussi douce que celle des anges, engendrée par des accords mystérieux qui flottaient, et par des voix emplies d'accents plaintifs, qui à la place de s'égossiller glissaient à l'oreille un appel solennel au seigneur.

Au cours du prône, la salle toute entière sombrait dans un silence général, seule la voix éraillée de l'orateur du jour s'emplissait d'échos, seul son sermon arpentait à grands pas chaque rangée de l'édifice.

Il y avait comme une sorte de vent blanchâtre qui se remuait, un rais de lumière qui flageolait. Les âmes nobles dégustaient déjà le monde parfait. Cependant, plusieurs enfants non tenus à l'œil s'usaient de la somnolence en guise de s'évader de l'ennui.

Tous, sauf un, sauf le petit cadet de madame Ghandi, qui étant assis à côté d'un vieux monsieur qui avait une barbe piquante, des dents pointues et un nez énorme, ne pût guère faire  comme les autres garçons de son âge.

Il essaya par divers méthodes, hélas! le vieux monsieur lui avait bien à l'œil, et sa soeur à sa gauche, semblait être comblée.

Le culte prit plus de temps que d'habitude, avant de clôturer l'office monsieur Gilson fit appel à tous les enfants qui allaient reprendre le chemin de l'école. Ils montèrent tous sur le plancher élevé de quelques marches au dessus du parquet et il les bénit l'un après l'autre.

Par la suite, un air triste et méthodique, qui recelait une émotion d'une pâleur fatidique fit glisser des adieux inéluctables, comme si c'était la fin impérieuse, comme si chacun retournait chez soi pour mourir.

Cela ensoleilla les cœurs des enfants, car pour eux cela semblait dire << allez, rachetez le dernier temps qui vous reste, car c'est le dernier jour des vacances, courez si cela vous semble possible, mais n'oubliez guère, c'est aujourd'hui, où jamais >>