7. Soirée

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Je viens de recevoir un message de Mekra disant je cite :

"Ressoi soir ce 20h Rue Bertie Immeuble 15 Code A373X. A ce soir."

Je ne sais pas comment le prendre, qu'il soit froid est un fait mais il y a des limites non ? Trop chelou lui... Mais bon, je me dis que ce sera encore plus simple pour moi. En plus je vais rencontrer des mecs qui ont un talent de malade, je suis pas prête pour ça. Faut pas oublier que de base, je suis juste une meuf qui les écoute.

Je vais pas me mettre en bombe, si je veux que les gars aient confiance en moi je dois paraître naturelle. De plus la première vue détermine beaucoup donc je vais pas en faire trop, ou juste assez pour les intriguer. Je mis donc un un jeans violet clair, lilas, taille haute avec un haut noir, manche longue, évasés au poignet, crop top dans le style "cache-cœur". Assez tape à l'œil mais pas vulgaire. Parfait.

Comme convenu après coup, Mekra m'a attendu en bas de l'immeuble et nous sommes rentrés ensembles dans cette soirée. A peine rentrée dans l'appart que les regards, indiscrets, et curieux de cette bande de faux voyous m'attaquèrent.

- T'es qui toi ? me demanda brutalement le premier venu, Nekfeu.

- C'est la voisine de ma grand-mère, m'empêcha Hakim de parler, je l'avais croisé il y a déjà cinq, six mois puis on s'est revu y a un mois. Elle est cool, vous inquiétez pas, répondît-il aux questions muettes de ses khoyas.

- Sinon je peux encore parler et me présenter moi même, me défendis-je. Alors je m'appelle Asrar, j'ai vingt-quatre ans et enchanté, leur dis-je, une pointe de sarcasme dans la voix. Je vis effectivement dans le sud par contre je ne connais absolument pas la grand-mère d'Hakim. On habite dans le même village mais je sais pas qui s'est, déclarais-je dans le plus grands des calmes. Je ne travaille pas, je veux aucun commentaire dessus, ordonnais-je. Sinon je suis ravie de vous rencontrer.

- Euh, salut, moi c'est Framal, je sais pas si il faut qu'on se présente, me dit-il. Tu nous connais, me demanda-il.

- Je vais être sincère, j'écoute votre musique et je vous ai vu en festival cet été mais avant je savais pas à quoi vous ressemblez, dis-je dans un ricanement gêné.

Je ne voulais pas que les gars pensent que je sois là pour la notoriété et l'argent. La notoriété étant bien trop risqué pour moi, pensais-je.

- Mais du coup tu vois qui on est, me questionna doucement 2zer, d'une voix calme.

- À peu près ouais, mais dites moi si je me trompe, lui souriais-je en retour. Sinon le cramé m'a dit que comme seule "bêtise" qu'il ai fait ce soit de sauver un chat donc j'aimerai bien savoir si c'est vrai, rigolais-je d'avance et surtout de la tête des garçons.

- Quoi ? cria son frère, mais c'est le pire lui. Déjà quand on était à l'école il avait inventé qu'on allait tous les week-ends à Deauville et après quand Yemma l'a appris il m'a accusé moi, me raconta-il en ricanant.

Hakim fusilla son frère du regard, ce qui le fit encore plus rire et moi aussi au passage. Autour de nous, les conversations avaient repris depuis mon questionnement sur l'adolescence d'Hakim que son frère prenait un malin plaisir à m'expliquer de long en large. Il paressait naïf mais on voyait dans son regard que c'était pas à lui qu'on allait faire croire que j'étais vierge. Il était très enfantin et rigolait énormément, l'opposé de son frère, me dis-je. Je sentais qu'on allait bien s'entendre. Si déjà on commençait en se liguant contre Haks alors ça ne pouvait que bien continuer. Pourtant, une voix forte, grave vint nous interrompre :

- Tu crois faire quoi, me cracha-t-on dessus.

- Bonsoir déjà, répliquais-je sarcastiquement. Ensuite, de quoi tu me parle mec, demandais-je ne comprenant pas cet élan de haine envers moi.

- On te voit, t'es pas nette, tu vas nous remmener que des emmerdes, me répondît enfin ce grand barbu.

- Frère clame toi wesh, tu vois ienb qu'elle est là tranquille avec oim qu'est-ce tu cherches, me défendit Framal.

- Elle t'a déjà marabouté cette grosse folle là, répliqua l'autre.

- Déjà tais toi, commençais-je en haussant le ton. Tu vas vite redescendre mon coco parce que de une on ne s'est jamais parlé, lui dis-je en insistant bien sur le jamais. Deuxièmement merci de ne pas faire de commentaire sur mon corps, et troisièmement je ne suis pas folle. Donc merci de fermer ta gueule à mon propos, ou au moins quand je suis là.

J'entendais les cris de hyènes en fond, cependant je ne prêtais pas attention à ceux ci puisque Monsieur le gros lourdo a décidé de se lancer dans une bataille de regard que je gagna haut la main, sans vouloir être narcissique.

La soirée se passa calmement, enfin au maximum qu'on puisse faire avec eux. Avec Mekra nous n'avions pas reparlé, seulement quelques eyes contacts mais rien d'autre. Avant de partir, j'allais voir ce Monsieur je sais tout qui m'avait agressé.

- Bon je vais être gentille et te dire au revoir et peut-être à une prochaine mais si tu refais ce que t'as fait je t'éclate, le menaçais-je calmement.

- Compris chef, me salua t il en faisant un salut militaire. En vrai t'as l'air plutôt cool comme meuf, d'ailleurs je suis le papy de la bande donc appel oim Papy, me dit il.

Après cet échange assez inattendu et étrange je rentrai à l'hôtel, seule, à pied. Seulement à quatre heures du matin, une femme qui est seule dans la rue n'est pas en sécurité et j'ai dû envoyer chier certains mecs.

En vrai je fais la go sur de moi qui n'a pas peur mais je suis terrifiée. Un faux pas et on ne sait pas si on en ressort vivant. C'est étrange comme la société est faite. Pourquoi les femmes devons nous nous cacher, nous préserver, pourquoi nous dit-on de faire attention dans la rue, de pas mettre ceci ou cela car trop court, trop transparent... c'est fatiguant d'être une femme, surtout une femme non blanche.

AsrarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant