L'héritière de l'Ered Luin - LegolasXOc (corrigée)

Prologue

Elenna était une jeune femme de vingt cinq ans qui vivait en France, dans un village près de Pau, au cœur même des Pyrénées Atlantiques. Vivante, altruiste, réfléchie, timide et facile à vivre étaient les qualificatifs que son entourage aimait à lui associer pour la décrire.
De taille moyenne et mince, elle possédait un visage et un nez fins et des pommettes rebondies. Sa bouche était bien dessinée. Ses yeux en amande étaient de couleur saphir et son regard si profond que quiconque s'y serait noyé. Enfin, elle avait de longs cheveux bruns souples qu'elle avait pour habitude de laisser libres, leurs pointes caressant la cambrure de son dos.  

Elle menait une vie tout à fait normale et partageait son temps entre son boulot de conseillère immobilière, sa famille, ses amis, sa passion pour l'équitation et son cheval Orlando. Appréciant particulièrement les sorties entre amis, elle aimait également profiter de la nature, faire des balades à cheval et voyager aux quatre coins du monde. Elenna avait grandi entouré de ses deux parents. Elle était fille unique mais elle n'avait jamais souffert de ne pas avoir de frère ou de sœur et était loin d'être une enfant gâtée.

L'année de ses quinze ans marqua cependant un tournant dans sa vie. Cette année-là, ses parents lui avouèrent qu'elle avait été adoptée. Ce fut un réel choc pour l'adolescente qui resta longtemps prostrée dans le déni, refusant d'accepter cette vérité qui la blessait profondément et elle réprima le désir de connaître son passé durant de nombreuses années.

C'est lorsqu'elle eut vingt ans que le besoin d'en apprendre plus sur ses origines devint si fort qu'elle ne put l'ignorer plus longtemps. Elenna se lança donc dans de longues et difficiles recherches, aidée de ses parents adoptifs qui comprenaient son besoin de vérité. Au bout de trois fatigantes années de recherches vaines, elle dut se résoudre à abandonner car elle n'avait rien en sa possession. Ses parents biologiques semblaient tout bonnement s'être volatilisés, ne laissant aucune trace derrière eux, comme s'ils n'avaient jamais existé. Aucun nom, aucun contact. Rien.
La jeune femme se rendit donc à l'évidence : elle devrait vivre avec cette part d'ombre. Elle tâcha donc de continuer à vivre sa vie aussi normalement que cela lui fut possible.

Son quotidien fut cependant bouleversé un matin d'automne. Déjà érables, chênes, hêtres et autres arbres et arbustes s'étaient parés de leurs plus belles couleurs : ocre, rouge, doré, pourpre... Les feuilles commençaient à tomber et à recouvrir les routes, sentiers, bords de chemins et pelouses. Les températures étaient toutefois douces pour la saison et le soleil brillait haut dans le ciel bleu béarnais. Souhaitant profiter de cette belle journée, Elenna avait décidé de partir se balader à cheval en forêt.
Elle avait pénétrée le bois communal depuis une dizaine de minutes lorsqu'elle avait eu la désagréable sensation que quelque chose n'allait pas. Un étrange pressentiment. La forêt était calme et silencieuse ce qui était toujours le cas. Mais le silence qui y régnait ce jour-là était différent, pesant. Orlando, son lusitanien de neuf ans, était agité depuis qu'ils avaient pénétré les bois qu'ils connaissaient à présent par cœur. Consciente de la nervosité de l'étalon portugais, elle se pencha et grata doucement son encolure afin de le rassurer.

- Doucement Orlando, tout va bien, lui murmura-t-elle.

Mais alors qu'elle se redressait sur ses étiers, elle crut distinguer une étrange forme à une centaine de mètres, cachée derrière les branches épineuses d'un épicéa commun. Les oreilles de l'équidé se dressèrent dans cette même direction et Elenna plissa les yeux, cherchant a savoir s'il s'agissait là d'un humain ou d'un animal. La chose s'extirpa de l'arbre et commença à approcher. Elle comprit rapidement qu'il ne s'agissait là ni d'un homme ni d'une femme. Ce n'était pas non plus un animal, du moins ça ne ressemblait à rien d'humain sur terre.
Elle n'avait jamais rien vu de pareil. La bête était plus petite qu'un homme de taille moyenne et se tenait légèrement courbée. Sa peau était jaune, tout comme ses crocs. Il était laid et repoussant, avançant vers la cavalière d'un air menaçant. Il tenait dans sa main un sabre dont la lame aurait donner le tétanos à quiconque aurait osé la toucher. 

La brune sentit ses poils se hérisser alors que la bête lâchait un horrible hurlement guttural et vociférait des paroles inintelligibles. Ses sens en alerte lui crièrent de fuir lorsqu'elle croisa les yeux imbibés de sang de cette créature effrayante. D'une pression de talons, elle ordonna à Orlando de faire demi-tour et ce dernier partit au grand galop sur le sentier recouvert de feuilles mortes. Le monstre se lança à leur poursuite et Elenna comprit rapidement qu'ils n'allaient pas assez vite. Comment cette chose pouvait courir aussi vite ? 
Cavalière et monture furent rapidement rattrapés et la créature se jeta sur l'étalon portugais qui se cabra, assommant son ennemi d'un coup de sabot, faisant également tomber sa cavalière dont la tête heurta violemment un rocher. La vue de la jeune femme se brouilla, alors qu'au loin retentissait le bruit du galop effréné de sa monture, et elle sombra dans l'inconscience.