Chapitre 20 : Un gros relours et des infos

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Le soleil s'était levé depuis plusieurs minutes et Freia, engourdie par le froid vint se réfugier dans l'abri, à la recherche de la chaleur de la paille. Elle vint frotter son museau contre les jambes des deux jeunes femmes et s'allongea à leur pieds.

━Voilà, conclut Clélie d'une voix blanche. Et pour ne rien arranger... Jo et moi sommes nés le 21 décembre. J'aurais aimé le fêter avec lui. D'autant que je le connais, il a forcément fini à la rue et il a déjà un casier judiciaire, alors s'il ne passe pas l'hiver dans un refuge, il est en garde à vue.

Elle caressa pensivement le pelage de la petite chèvre en soupirant. Mita avait la gorge nouée, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il convenait de lui dire, et elle avait l'impression qu'aucun mot n'était de circonstance.

━Je suis vraiment inquiète, poursuivit sa colocataire. Chaque jour un peu plus et c'est pour ça que je veux me tirer. En ce moment, encore plus que jamais. Entre mon anniversaire et Noël que je ne pourrais pas passer avec la seule famille qu'il me reste et la commémoration du décès de mon père en janvier... Ça va finir par me rendre dingue.

La jeune femme aux cheveux auburn serra les bras autour de sa poitrine. Elle prit une grande inspiration saccadée, le regard posé sur la chèvre. Mita avait les mains crispés sur sa tasse maintenant froide.

━Peut-être... Peut-être qu'on t'autoriserait à sortir ?, hasarda-t-elle d'un ton prudent. Ce n'est pas... Je veux dire, tu en souffres. Et même si ce ne sont pas particulièrement des tendres, ils ont prouvé qu'ils savaient écouter.

Sa colocataire riva son regard sur elle, une intensité glaçante et chargée de mélancolie dans les yeux.

━Mais je ne veux pas qu'ils le sachent. Je ne veux pas qu'ils aient le moindre élément sur moi, qu'ils puissent utiliser quoi que ce soit contre moi. Ils ne savent pas d'où je viens ni ce que j'ai vécu, ni mon nom, ni pourquoi j'en suis arrivée là et c'est très bien comme ça. Pour eux, je ne suis personne et je n'ai pas d'histoire.

Elle avait presque craché ces derniers mots, comme si les prononcer lui avaient déchiré la gorge. Mita secoua doucement la tête.

━Mais c'est faux. Tu es notre colocataire. Notre partenaire d'infortune, notre alliée dans le crime. Dis-moi, elle est où l'optimiste qui, sans foi ni loi, ne répond qu'à ses propres principes ?

Déstabilisée, Clélie fuit son regard et resta silencieuse quelques secondes avant de prendre une grande inspiration.

━Je crois qu'elle est fatiguée, l'optimiste... Mais t'as raison, finit-elle par dire. Se morfondre ne fait pas voler les portails en éclat. Et j'ai du boulot.

Elle se releva et Mita suivit son exemple. La jeune femme aux cheveux auburn avait toujours le visage un peu fermé, mais ses épaules s'étaient redressées et son pas, même s'il était lourd en prenant la direction du manoir avait retrouvé d'un peu de sa détermination.

Alors qu'elles entraient dans le hall, elles aperçurent Ruki qui finissait d'enfiler son manteau. Il leur adressa un regard interloqué avant de nouer son écharpe autour de son cou.

━Je pensais que vous vous étiez déjà couchées. Bon, vous le savez, je serais absent trois jours et c'est Yuma qui gèrera le manoir. J'apprécierai que vous vous teniez tranquilles.

Elles poussèrent un profond soupir en le voyant partir, après quoi, elles regagnèrent le deuxième étage et c'est tout naturellement qu'elles se rendirent dans la même chambre. Himmel n'avait pas envie de se retrouver seule avec ses préoccupations, et Mita se sentait incapable de lui refuser son soutien.

Elles mirent du temps à s'endormir, la jeune femme aux cheveux auburn avait de la nostalgie à revendre et Mita la laissa lui raconter des souvenirs qui tirèrent autant de rires que de larmes à Himmel. Elle finit par s'endormir la première, et Mita s'assoupit quelques instants après, plongée dans un sommeil charrié de rêves étranges et de cauchemars.

Diagirls - Partie 1 : Les Carnets de MitaWhere stories live. Discover now