Chapitre 3

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Silence radio.

La terre continuait à tourner correctement, les gens faisaient toujours leur vie, achetaient de quoi manger, jouaient, pleuraient et vivaient. Tout simplement.

Mais à cet instant, mon monde s'arrêta, vacilla et s'effondra. Il n'en resta rien, même pas un bout. J'étais défaite, pâle, bientôt morte. On retrouverait mon "cadavre" disloqué et dénué de vie, résidant sur la terre. Ce cadavre, nul autre que mon âme.

— Madame ?

Je ne disais plus rien, mes yeux fixaient sans pouvoir s'en détacher mes pieds sur le sol. Je m'étonnais de tenir toujours debout malgré mes genoux tremblants. En sentant les larmes pointer aux coins de mes yeux, je me forçais à résister, au moins jusqu'au départ des annonciateurs de mon malheur.

— Partez, ordonna la voix grave de Luxus.

— Mais monsi-.

— Pas de mais, partez. Vous ne voyez pas qu'elle ne va pas bien ? 

— Attendez. Comment elle est morte ? demandai-je subitement.

L'un des deux grimaça, ce que je ne manquais pas de remarquer

— Suicide.

Mon corps tressauta et un arrière goût de dégoût me parvint. Je devais me faire violence pour ne pas vomir devant tout le monde. Mais comment ma sœur avait pu en arriver là ?

...

Luxus. Ils s'étaient disputés, elle était partie et l'amour profond qu'elle ressentait pour lui l'avait tué. Il l'avait obligé à se jeter de je ne sais d'où, d'une façon qui m'était inconnue. Mon dieu.

— Partez.

Ce furent mes derniers mots que je leur adressais.

Ils acquiescèrent et sortirent par la porte, raccompagnés par Luxus. Une fois que j'entendis la porte se fermer et la clé tourner, le soulagement m'envahissa et je laissai les larmes envahir mon visage. Elles me dévoraient et appuyaient là où ça faisait mal. Une douleur me prit et sembla vouloir me détruire à petit feu. Elle brûla dans mon corps entier et je souhaiterais qu'elle me prenne sur le champ.

— Mira...

Voyant qu'aucun son ne sortait de ma bouche, il me toucha le bras et me permis de retrouver la terre ferme. Je me dégageais d'un coup et le regardais méchamment.

— Mirajane, je...

— Ta gueule.

Cela était sortit d'un coup, comme une plainte, un aveu. Je voulais que ça s'arrête. Mon cœur n'arrêtait pas de saigner et c'était uniquement de sa faute. Par sa faute, ma sœur s'était enlevé la vie.

— Tu n'as plus le droit de prononcer son prénom ni le mien. Pars et ne reviens plus jamais.

— Mira, tu perds la tête.

— Moi ? j'explosais. Tu te fous de ma gueule ? Elle s'est suicidée par ta faute.

Son visage se crispa et il serra des dents.

— Dans la vie, on rejette tout le temps la faute sur les autres. Tu fais exactement cela. Je me sens mal pour Lisa, je l'aimais mais plus de façon romantique. Mais je ne l'ai jamais harcelé, ni trompé. C'est vraiment regrettable qu'elle ait fait ça mais je ne l'ai jamais poussé à bout. Je lui ai juste dit mes véritables sentiments...

Mon cœur se serra et faillit imploser de l'intérieur pour noyer mon corps et mes organes vitaux. Il avait raison mais je ne voulais pas l'écouter, ni lui ni personne d'autre d'ailleurs.

— Pars Luxus.

Ses yeux vitreux se résolvèrent et une pointe de regrets s'éleva deux minutes. Mais je ne voulais pas la laisser prendre le dessus alors je demeurais impassible. Il partirait. Il déglutit puis monta.

Quelques minutes passèrent pendant que je tapais inlassablement du pied. Un tic de merde, je précisai. Luxus descendit avec une valise, faisant un bruit horrible de claquement dans l'escalier. Prenant mon courage à deux mains, j'ouvris la porte grande ouverte, signe qu'il devait partir.

Il ne se fit pas prier et descenda tandis que je fermais la porte et me laissai glisser le long de la porte. Je me roulai en boule, la tête dans les genoux et me mis à pleurer sans retenue. 

Ne M'abandonne PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant