Pitit recueil de nouvelles

Super combo de flics (1) #2

Nous nous réinstallons sur les fauteuils en cuir et nous repartons dans le sens opposé. Nous arrivons dans un quartier malfamé, réputé pour accueillir toutes sortes de mafieux et de dealers de drogue. Lorsque nous passons devant un groupe de jeunes, ils se mettent à nous regarder avec défi, comme s'ils étaient invincibles, alors qu'ils savent très bien que je pourrais tous les emmener au poste pour vente, trafique ou consommation de substances illicites. Je ne m'attarde pas plus sur eux mais je vois du coin de l'œil que Ian leur fait coucou de la main. Je lève les yeux au ciel. Une fois devant la porte de l'appartement, j'appuie sur la sonnette. Une jeune femme m'ouvre. Je la regarde de la tête aux pieds avant de comprendre que ce n'est pas celle que nous cherchons. Camille étant masquée, je ne connais pas son visage. Mais ce genre d'agence de divertissement fait des costumes sur-mesure pour que la personne se sentent à l'aise dedans et que l'illusion auprès des enfants soit plus crédible. Je connais donc sa taille (pas exactement mais je sais qu'elle est très grande). De là, je peux certifier que la personne devant moi n'est pas la coupable. Elle est beaucoup trop petite.

Je m'excuse du dérangement et lui demande si elle ne connaîtrait pas notre suspecte. Elle me réponds que non et me conseille d'aller voir le proprio de cet appartement. Je la remercies de son aide et sors de l'immeuble pour me rendre quelques mètres plus loin, à une grande maison mais qui semble tout aussi délabrée que les H.L.M qu'on vient de quitter. C'est là que je me rends compte que j'ai fait une terrible erreur de débutante. Lorsque la gérante de l'association m'a donné l'identité de la suspecte, je n'ai même pas pensé à la rentrer dans notre base de données pour voir à quoi elle ressemble. S'il n'y avait pas eu cette évidente différence de taille entre elles deux, j'aurais très bien pu me trouver devant Camille et lui dire que nous la cherchions, l'incitant ainsi à partir. Ce n'est pourtant pas une erreur que j'aurais faite en temps normal. Pour je ne sais quelle raison, cette étape cruciale de l'enquête m'était sortie de la tête. Et bien sûr, Ian n'avait rien remarqué ou ne me l'a pas fait remarquer. 

On toque et on attends que quelqu'un nous ouvre. Après une deuxième tentative et quelques minutes d'attente, on entends une voix masculine provenir de l'intérieur.

_Ça va, ça va, j'arrive, deux secondes, dit-il en ouvrant la vieille porte qui grince. J'y découvre alors un homme à la barbe mal rasée et étant manifestement en surpoids. Qu'est-ce que vous voulez ?

_Bonjour, nous sommes de la police. Nous aurions quelques questions à vous poser. Vous voulez bien y répondre ?

_Comment pourrais-je refuser quoi que ce soit à une si jolie femme ? Entrez, je vous en prie.

Nous pénétrons dans l'entrée et je découvre que le logement est tout dégueulasse que l'extérieur. Le papier peint se décolle des murs, des graffitis y sont peints à quelques endroits, des bouteilles et des canettes de bières ainsi que des boîtes de pizza traînent un peu partout sur le sol. Le proprio nous amène dans son salon et nous invite à nous asseoir dans ses fauteuils déchirés.

_Que puis-je faire pour vous ?

_Nous enquêtons actuellement sur une voleuse, Camille Maryn. Nous savons qu'elle a habité dans l'appartement 4B et nous voulions savoir si vous connaissiez son adresse actuelle.

_Non, je ne sais pas où elle habite mais je pourrais peut-être vous aider dans cette affaire, qu'en pensez-vous ?, demande-t-il en s'avançant un peu sur son siège et en louchant sur ma poitrine.

_Oui, ça nous aiderait beaucoup. Merci.

_Je pense que vous devriez me donner votre adresse, pour que je puisse vous communiquer les infos plus facilement.

_Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Vous avez juste besoin de connaitre mon mail professionnel, ça suffira amplement. 

_Oh, allez, qu'est-ce que vous avez à y perdre, hein ?, demande-t-il en se plaçant devant moi et en me caressant la joue.