CHAPITRE 24

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Mon téléphone vibre et ça me réveille. J'émerge doucement de mon sommeil et j'attrape mon portable. Le matelas est beaucoup trop confortable, j'aimerais rester dessus pour les prochaines années à venir. Cependant je sens que le message qui vient de m'arriver va m'obliger à me lever. Je souffle et j'allume l'écran. Et même pas ! C'est ma maman qui m'envoie un sms pour savoir comment je vais. Je souris bêtement devant son message plein d'amour. C'est vrai que mon dernier texto date de quelques jours. On est tellement pris par la tournée, par les entraînements pour l'anniversaire de Jenifer que dès que le concert se termine, je vais dormir. On n'a plus jamais eu de conversation nocturne avec Jen. Même, on discute sans vraiment discuter, des banalités. Le message de ce fameux Paul a jeté un froid entre nous. Décidément, soit je ne suis pas douée, soit madame est susceptible, mais il y a quelque chose qui cloche. Je réponds à ma mère que je vais bien, que je suis crevée et que finalement je ne passe pas trop de temps sur mon portable. Pourtant je suis posée devant l'écran quand on voyage ou quand je prends Jenifer en photo. J'adore ça, elle un peu moins, mais on lui dit que c'est pour les souvenirs de la tournée et que c'est dans l'air du temps. Comme si maman attendait patiemment ma réponse, elle me répond tout de suite par une autre question. Maintenant, on ne se préoccupe plus de ma santé, mais elle demande si Jenifer est sympa. Je crois que je ne connais pas quelqu'un de plus gentil qu'elle. Elle est douce dans sa façon de parler, dans sa façon d'être, elle est souriante et a ce petit caractère bien à elle qu'elle cache aux autres. Il faut un peu plus la connaître pour apprendre qu'elle est parfois tête de mule, que quand les choses ne lui plaisent pas elle le fait savoir. Alors que j'écris la réponse à ma mère, le nom de Jenifer apparaît sur mon écran, ainsi que sa tête. Bien sûr, il faut qu'elle m'appelle maintenant. Je suis bien dans mon lit, car elle, je le sais, elle va me faire bouger. Je porte mon téléphone à l'oreille pour lui répondre.

— Allo ?

— Ali, viens, j'ai un problème.

Sa voix tremblante. En quelques mots, je ressens l'urgence. Je dois aller la voir. Elle me raccroche au nez et je ne sais même pas où elle. Dans sa chambre ? Elle doit forcément y être. Sinon elle serait entourée. Et si elle refaisait une crise d'angoisse comme la dernière fois ? Non, non, non. Je quitte mon lit, empoigne mon portable et me dépêche de quitter ma chambre. Mon pyjama n'est guère sexy, mais je ne vais croiser personne. Puis si Jen a un problème, elle ne va pas me juger sur ça. Je me précipite à sa chambre et je ne prends pas la peine de frapper à la porte. J'ouvre et je tombe nez à nez avec le néant. Il y a personne dans son lit.

— Jen ?

Quelques sanglots me répondent. Et merde, je sens la merde arrivée là. Je m'avance vers les pleurs et je constate du sang sur le sol. Jen ? Qu'est-ce qu'elle nous a fait encore ? Je frappe à la porte de la salle de bain. Aucune réponse et je rentre. La chanteuse est penchée au dessus du lavabo, la main gauche appuyant sur celle de droite. Quand elle entend la porte derrière moi se fermer, elle se tourne vers moi. Ses yeux rouges, ses joues lessivées par les larmes. Je m'approche d'elle.

— Jen ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

En prime de la voir comme ça, il y a du sang à peu près partout. Elle a tué quelqu'un ou quoi ?

— Je me suis coupée, mais vraiment coupée. J'ai tout de suite mis un tee-shirt sur mon doigt. Je... Je n'ose pas regarder.

— Tu as mal ?

— Oui.

— Mais faut aller à l'hôpital Jenifer, tu ne peux pas rester comme ça !

— Ali regarde mon doigt s'il te plait, avant d'appeler qui que ce soit.

Son regard m'implore de la délivrer de sa peur. Mais là c'est moi qui suis terrorisée. Il lui est arrivé quoi à son doigt ? Ne me dîtes pas que... Non, ça ne se coupe pas en deux comme ça un doigt ? Bêtement je regarde sur le contour du lavabo. Aucune phalange qui attend d'être recoller. Imaginez elle l'a perdu. Tout le sang sur son tee-shirt me donne envie de vomir. Elle y a été franco comme on dit chez moi.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant