CHAPITRE 76

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Point de vue Jenifer

— On sort toutes les deux, on s'en fout du film. Tu veux aller où ?

Je souris face à Ali. Qu'est-ce qui l'a fait changer d'avis ? Est-ce qu'elle a ressenti que ça ne va pas ? J'espère qu'elle n'a pas vu le message. Non, de toute façon, elle ne sait pas que mon portable est dans la salle de bain. Sa main se serre autour de la mienne et mon sourire se fait plus large. On sort de l'hôtel, alors qu'elle souhaite stopper notre contact, je la garde près de moi, contre moi presque.

— Une idée de ce que tu veux faire Jen ?

— J'avais juste besoin d'aller dehors.

— Il fait froid quand même.

— Frileuse dis donc.

La savoir avec moi me fait du bien. Je sais qu'elle va me parler, qu'elle ne va pas me laisser seule. Sans elle, j'aurais été où ? Dans un bar, boire quelques verres ? Je pense. Je sais qu'elle m'attirera vers d'autres lieux. Puis, le fait qu'elle n'arrête pas de parler m'assure que mes pensées ne seront pas prises par le message de Paul.

— On pourrait regarder les lieux ouverts, il est quoi, 20 heures ?

— Je n'ai pas mon téléphone Ali.

— Donc tu comptais aller dehors, seule, sans moi, sans téléphone.

— Je t'ai proposé de venir.

— Mais tu es tout de même parti seule ! Heureusement que je t'ai rattrapé. Sache que j'ai glissé dans les escaliers.

— Tu t'es fait mal ?

— Je suis solide, ne t'inquiète pas.

Alors qu'Ali sort son portable pour regarder ce qui pourrait être intéressant à faire le soir dans Angers, on continue de marcher. Sa main a lâché la mienne pour s'agripper à son portable. C'est vrai, j'allais sortir sans portable, c'est un peu irresponsable, non ? On ne sait jamais ce qui peut nous arriver dehors, surtout que je suis connue, nullement entourée, ni protégée, j'étais la proie facile. En plus si j'avais bu... Je ne veux même pas imaginer. En tout cas, j'ai aimé ce petit haussement de ton de la part d'Ali, si ça avait l'inverse, j'aurais piqué une crise, car je me serais inquiétée pour elle. Décidément, c'est elle la plus mâture de nous deux. Je ne vois pas les choses autrement. Alors qu'elle me rajeunit, je dois la vieillir. Mon regard se pose sur un petit café et je constate qu'il s'agit d'un thé dansant.

— Viens, on va au café-là.

J'attrape sa main et l'amène avec moi. Arrivée devant la porte, Aliénor me ralentit.

— OK Jen, je t'aime, mais là on s'engage dans un pré-EPHAD. Tu veux te faire des connaissances avant d'y aller ou quoi ?

— Déjà, je n'ai pas leur âge quand même, je n'ai que quarante ans. Puis, tu n'es jamais allée dans un thé dansant avec des petits vieux comme ça ?

— Non.

— C'est tellement mieux que vos boîtes de nuit tout pourris.

Ali hausse les épaules et j'ouvre la porte. On prend une petite table. Des couples sont déjà en train de danser. Je ne peux m'empêcher de sourire à les voir faire.

— C'est comme ça que j'ai commencé à chanter, avouais-je à ma compagne.

— Devant des petits vieux ?

— Oui.

— Tu leur chantais quoi ? Du Mireille Matthieu ?

— A l'époque, mais eux, il faut leur mettre du bon rock, comme du Elvis, du Prince, du Police. Mireille Matthieu, c'est dépassé déjà. On va dire qu'ils ont une soixantaine d'années, non ?

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Where stories live. Discover now