Prologue

73 16 3
                                    

Marine avait attendu sur le trottoir durant vingt bonnes minutes.

Ce fut tandis qu'elle regardait pour la énième fois l'heure sur son portable, qu'une bourrasque la fit frissonner. Ce soir, le temps n'était pas aux beaux jours. Peut-être fut-il pour cette raison qu'elle se sentit glacée de la tête aux pieds en apercevant Benoit traverser la route pour la rejoindre.

— Tu n'as pas attendu trop longtemps au moins ?

Comme toujours, Marine se dit que son petit ami s'intéressait à son bien-être. Aussi, elle préféra mentir :

— Non, je viens juste d'arriver, dit-elle en se forçant à sourire.

Son palpitant se serra face à ce mensonge. Ses parents lui avaient toujours appris que l'honnêteté était plus important que tout et elle reniait actuellement les paroles de ses paternels.

— Super.

Marine, qui avait attendu toute la journée ce moment, réalisa que Benoit ne s'était pas approché d'elle pour l'embrasser et avait préféré reprendre la marche. Cela lui arrivait assez souvent. Parfois câlin, parfois un peu distant, l'homme avait au départ déconcerté Marine. Puis cette dernière s'était habituée à tout ça.

— Comment a été ta journée ? demanda-t-elle après avoir fait quelques foulées pour le rattraper.

Cela faisait plus de deux ans que le couple se connaissait et existait. Malgré cela, ils n'avaient jamais vécu plus d'une colocation d'une ou deux semaines. Car si Marine s'était toujours sentie prête à vivre avec l'homme qu'elle aimait, ce dernier était un type qui aimait sa solitude et son indépendance.

— Comme d'habitude.

Depuis que Benoit avait été embauché dans cette nouvelle boite, l'homme était devenu assez secret concernant sa journée au travail. Du moins, plus secret encore qu'avant.

Parfois, Marine avait envie de lui dire qu'elle aurait aimé qu'il partage plus de choses avec elle. Mais le peu de fois où elle avait commencé à marcher dans cette direction, son petit ami lui avait fait comprendre qu'il n'avait pas envie qu'elle lui donne des leçons de vie. Après tout, il était plus âgé qu'elle et savait mieux qu'elle ce qu'il devait, pouvait et surtout avait envie de faire.

— Bon, écoute Marine, je pense qu'on va annuler le dîner.

La jeune femme qui n'avait pas cessé de se demander quand Benoit retournerait sa question, se stoppa, surprise. Elle qui avait attendu avec impatience de revoir celui qui faisait battre son cœur, fut déçue. Penser à leur rendez-vous lui avait permis de tenir durant ses cinq longues heures de boulot.

— Ah... Pourquoi ? Tu n'es pas d'humeur ?

La gorge de Marine venait de se serrer. Peut-être autant que son cœur. Car au fond d'elle, une petite voix venait de prendre la parole et lui susurrait des mots qu'elle détestait. Des mots qui avaient du sens compte tenu de la situation, mais des mots surtout qui étaient complètement fous.

— Arrête, tu sais très bien ce qui va suivre.

En effet, même Benoit avait compris que Marine avait saisi. Mais cette dernière préféra jouer à l'imbécile :

— Tu préfères peut-être que l'on aille acheter à emporter ? Sinon, on peut aller grailler un bout chez moi...

— C'est fini, trancha Benoit en plantant son regard sombre dans les yeux de la jeune femme.

— Ou bien...

Marine venait d'oublier le reste de sa phrase, parce que ce que la petite voix lui avait dit avait été prononcé par Benoit en personne. Pas tout à fait de la même manière. Mais la conclusion était la même.

— Je t'aime plus.

Si son cœur, qui venait d'être brisé, avait voulu jouer au battant durant ces quelques secondes, ce n'était désormais plus le cas. Parce que Benoit était venu sauter à pieds joints dessus et l'avait éclaté en milliers de morceaux impossibles à recoller.

La suite, Marine n'y avait pas fait gaffe. Est-ce que Benoit avait essayé de la calmer ? Est-ce qu'il lui avait proposé de lui payer un dernier repas ? Est-ce qu'il était parti comme l'abruti qu'il avait toujours été ?

La jeune femme n'avait aucun souvenir de cet instant. Car après cette annonce, Marine était restée immobile sur ce trottoir, les yeux rivés sur le sol, vide de tout.

- - - - -

NDA : C'est un prologue pas très joyeux mais qui lance tout de même bien l'histoire. Marine a été larguée, par l'homme qu'elle aime plus que tout. Ça fait mal !

D'ailleurs, que pensez-vous d'elle pour le moment ?

Que pensez-vous du fameux Benoit ?

Et après ? (Publication lente et irrégulière)Where stories live. Discover now