Chapitre 5 - Se saouler avec du café

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Marine avait erré dans les ruelles, le cœur à nouveau en lambeaux. Ses larmes, qu'elle n'avait pas réussi à contenir, avaient attiré l'attention des passants qui l'avaient regardée comme si elle était un extraterrestre.

Alors qu'elle avait commencé à se dire qu'il était possible qu'elle ne soit pas si attachée que ça à Ben, voilà qu'il s'était pointé dans le même club et avait embrassé cette femme, sous ses yeux. Comment avait-il pu lui faire une chose pareille ? Même s'il ne l'aimait plus, n'était-il pas humain ? Ne pouvait-il pas se douter qu'agir ainsi la blesserait ?

Durant plus de deux heures, la jeune femme avait ignoré les appels de Julie et de Loïc. Elle savait bien au fond d'elle qu'ils devaient être inquiets de sa disparition. Marine avait bien remarqué l'inquiétude dans le regard de Julie. Mais elle avait besoin d'être seule. Et elle savait que si elle répondait à l'un pour les rassurer, ils finiraient par se pointer.

Après cet instant, les appels avaient cessé et Marine avait pris le chemin d'un parc. Là-bas, elle avait croisé un SDF qui lui avait tapé la causette durant pratiquement une demi-heure. Puis elle avait fui un type étrange qui n'avait pas arrêté de lui faire des sourires.

Au bout de quatre heures dehors, elle avait fini par trouver un petit café ouvert. D'abord surprise par les horaires du commerce, elle était entrée dans celui-ci. Les lumières tamisées lui avaient donné l'impression d'être dans un autre monde. Elle s'était assise sur une banquette vieillotte puis avait attendu. Marine avait attendu dix bonnes minutes avant que quelqu'un se pointe devant elle et lui demande ce qu'elle souhaitait commander.

En temps normal, la jeune femme aurait répondu qu'elle ne souhaitait rien (désirant garder son argent), mais là, ça avait été différent. Aussi, elle avait demandé un café. Puis d'un, elle était passée à un deuxième, puis un troisième. Peu à peu, elle s'était sentie sur les nerfs. C'était comme si après le bien-être qu'elle avait ressenti avec son verre d'alcool, la colère ainsi que la déception que la vue de Benoit avec cette femme avait causé avaient écrasé tout le reste. Elle avait ressenti un agacement si fort qu'elle avait l'impression désormais qu'elle allait exploser.

— Ouah ! Sacrée descente, la demoiselle.

Le silence auquel Marine s'était habituée venait d'être rompu par une voix masculine. Ce fut pour cette raison qu'elle abandonna la contemplation de son café vide pour le gars à côté d'elle. Il était vêtu de la tenue de serveur. Et celui dont la chevelure châtain semblait vouloir s'enfuir sans avoir réussi à se mettre d'accord sur le côté à suivre releva la tête pour planter son regard dans les yeux de Marine.

Le léger sourire qu'il lui offrit, petit carnet à la main, la rendit étrange. A la fois rassurée, triste et... Incroyablement calmée.

— Tu t'entraînes pour un marathon de cafés ?

Marine étudia le jeune homme. Elle ne décelait aucune moquerie dans sa voix et son visage semblait honnête. Mais peut-être que la soirée qu'elle avait vécue la troublait trop encore pour avoir une bonne évaluation.

— Je me saoule avec du café.

— Pas commun ! répliqua le serveur.

Marine le regarda poser son carnet sur la table et s'asseoir sur la chaise en face d'elle.

— Tu permets ? demanda-t-il.

Elle eut envie de lui dire que ça ne servait à rien de demander après avoir commis l'acte, mais se tut finalement.

— Première fois ici ?

Marine avait l'impression que ses jambes dansaient toutes seules, c'était comme si son corps était contrôlé par une force invisible qui lui disait de bouger.

Et après ? (Publication lente et irrégulière)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant