Chapitre 1 - Une minute seulement

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Une minute. C'était le temps qu'aurait voulu avoir Marine pour avoir un peu de répit. Mais malgré ses demandes silencieuses, Benoit n'était pas venu toquer à sa porte. Malgré ses pleurs, que ses voisins commençaient à avoir en horreur, elle n'avait pas réussi à accorder une minute de repos à son cœur.

— Je t'en prie, Marine ! Ça fait trois jours que tu ne sors pas. J'en ai marre de devoir t'inventer une excuse à chaque fois que le manager vient me demander pourquoi tu n'es pas à ton poste.

Julie, une amie du travail, était venue lui rendre visite. C'était le troisième jour de rupture de Marine et également le troisième jour durant lequel elle se comportait comme un zombie fontaine de larmes.

— De toute façon, c'était un con.

— Je t'interdis de dire du mal de Ben ! s'emporta Marine en relevant la tête de son coussin sur lequel ses nombreuses larmes avaient coulé.

— Ah bah au moins, tu réponds là !

Le regard noir de Marine fit comprendre à Julie que malgré sa tentative de sourire, elle n'aurait pas le droit à une amie de meilleure humeur. Marine était au max.

— Benoit était un gros égoïste. Il se foutait complètement de ta vie. Il ne faisait que parler de lui, tout le temps. Il ne te faisait jamais de cadeaux et quand vous vous voyez ailleurs qu'en extérieur, c'était tout le temps chez toi.

— Ben n'est pas égoïste ! répliqua Marine, offusquée. Il a juste eu une enfance difficile et il a un besoin d'attention plus élevé qu'à la normale. C'est pour ça qu'il parle souvent de lui. Ça lui fait du bien. Puis je lui ai dit que je ne voulais pas qu'il gaspille son argent pour m'offrir des choses. Il n'a fait qu'écouter et respecter ce que je lui ai dit. Et si on se voyait tout le temps chez moi, c'est uniquement car il est en coloc et que ce n'était pas facile d'avoir de l'intimité avec ses colocataires.

Julie, dont la chevelure avait éclairci avec l'arrivée du soleil la veille, haussa un sourcil. Malgré les efforts qu'elle faisait, elle n'était toujours pas convaincue du discours de sa collègue.

— Marine, et si tu arrêtais de lui chercher des excuses ?

— Je ne lui cherche pas d'excuse ! Ben ne m'aime plus. C'est tout. Ça arrive. Rien n'est de sa faute.

— Arrête bon sang ! Il n'aimait pas tes parents. Il n'aimait pas tes amis. Il critiquait tout le temps tout. Et en plus, il était moche.

— C'est pas vrai. Ben est juste un peu...

— Con ?

— Non ! Il est juste un peu spécial. Ça ne fait pas de lui quelqu'un d'horrible !

Parce que Julie était en train de perdre patience, elle se frotta les yeux pour ne pas crier que son amie de travail était tombée amoureuse d'un connard fini. Julie avait connu de nombreuses ruptures et savait bien que brusquer la personne en souffrance n'était pas la solution. Mais voir la jeune femme aussi aveuglement butée à défendre un idiot, c'était dur à supporter.

Si seulement elle avait pu confronter cette dernière à un miroir pour qu'elle voit le véritable Benoit et non pas celui que son cerveau amouraché avait créé...

— Bon... Et si on sortait un peu ce soir ?

— Pas envie.

Dans un soupir, la jeune femme sortit son portable et commença à textoter.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Marine qui lui accordait de l'attention pour la première fois en une heure.

— Je dis aux autres que tu ne seras pas de la partie.

En croisant le regard de Marine, Julie faillit annoncer à ses amis qu'elle non plus ne serait pas de la partie. Mais elle se souvint qu'elle ne devait pas arrêter de vivre si sa collègue refusait de s'avouer que son ex avait été dans la catégorie des pires. Certes, elle avait songé à rester là pour la soirée. Cependant elle n'avait pas envie que Marine lui plombe le moral et recommence à lui montrer la panoplie de photos de couple qu'elle avait gardées sur son portable et son ordinateur.

La dépression et l'overdose d'anecdotes, ce n'était pas son truc ! Julie préférait s'éclater et profiter de la vie plutôt que se morfondre pour des gens qui n'en valaient pas la peine.

— Tu as mangé ?

Les yeux clairs de Julie rencontrèrent une nouvelle fois ceux de Marine. Ces derniers étaient tous rouges et bouffis à cause des pleurs.

— Pas faim.

Évidemment.

— Ça fait combien de jours que tu n'as pas mangé ?

Seul le silence lui répondit, mais la jeune femme comprit tout de même.

— Marine, enfin !

Déjà que son amie n'était pas épaisse, si elle ne s'alimentait plus, elle allait aux devants des ennuis.

— J'ai pas d'appétit, OK ?

— Et donc j'en conclus que ça fait aussi trois jours que tu ne quittes pas ton canapé et que tu ne te laves pas, n'est-ce pas ?

Un jour, avant que Marine ne coupe les ponts avec son ancienne meilleure amie, Julie avait rencontré Édith. Cette dernière lui avait alors dit que la Marine d'avant était du genre à faire des réflexions telles que « Bravo Einstein ».

Pourtant, jamais la blonde ne l'avait entendue balancer une chose pareille. Il faut dire qu'elle avait connu la jeune femme au boulot et que cette dernière n'était arrivée dans l'entreprise qu'un an et demi auparavant. Autrement dit, elle avait fait la connaissance de Marine alors que celle-ci était déjà en couple avec Benoit.

D'ailleurs, c'était en partie à cause de ce dernier que Marine et Édith s'étaient éloignées avant de s'oublier. C'était carrément à cause de lui !

— Je vais y aller alors...

Si Marine semblait s'en foutre, Julie elle, resta immobile, attendant que son amie dise quelque chose. Mais cela n'arriva pas.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit...

— C'est de Ben dont j'ai besoin.

Julie peina à cacher sa grimace d'agacement. Elle commençait à la saouler avec son Ben ! Elle voulait bien accepter le fait que Marine était en pleine rupture, mais elle voulait que son amie arrête de le rendre parfait.

— OK ouais... Bon, à plus tard. Peut-être au boulot ?

Silence, à nouveau.

Durant ces trois jours, Julie n'avait pas cessé d'être questionnée par le manager qui voulait savoir pourquoi Marine n'était pas là pour assurer son poste. Et si la blonde avait pensé que le chef abandonnerait au bout de deux jours, celui-ci s'était avéré bien plus coriace qu'elle avait cru.

— Salut hein !

Son trajet jusqu'à la porte d'entrée se fit dans un silence pesant. La main sur la poignée, elle se retourna pour regarder Marine. Celle-ci, la tête à nouveau posée sur son coussin, lui tournait le dos. Et les tressautements qu'elle vit lui firent comprendre que cette dernière pleurait à nouveau.

— Pardon, souffla la jeune femme dont la culpabilité de ne pas pouvoir redonner le sourire à Marine était en train de la torturer.

Après cela, elle ouvrit la porte et sortit de l'appartement.

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NDA : Nous venons de faire la connaissance de l'amie la plus proche de Marine : Julie. Que pensez-vous d'elle ?

La pauvre Marine est au plus bas. Elle fait pitié !

Et après ? (Publication lente et irrégulière)Where stories live. Discover now