Blouse blanche [BxB]

Chapitre 42

Il devenait de plus en plus évident que la fin de mon travail à la clinique approchait. Je bouclai encore ce mercredi matin l'un de mes derniers dossiers. La journée devint longue, mon emploi du temps plus qu'alléger. En milieu d'après-midi, je n'avais plus rien d'autre à faire que de tourner sur la chaise de mon bureau en regardant par la fenêtre. Il faisait beau. J'étais soulagé, la matinée avait été nuageuse, j'avais promis à Brahim qu'il pourrait ce soir monter sur la moto d'Ezéchiel, mais il fallait pour cela que les conditions soient optimales.

J'étirai mon dos, passai ma sacoche à mon épaule et entassai les dossiers dans le creux de mon coude. Je les déposai à l'accueil en coup de vent, où Jessica me regardait chaque jour la mine un peu plus déconfite. Elle s'autorisa à attraper mon poignet alors que je tournai les talons. La salle d'attente à côté de nous était bondée, comme tous les mercredi après-midi ; heure de pointe des consultations en tous genres.

"Diego. Tu reviendras nous voir hein ?

_ Mais bien sûr !"

Je pris sur moi de me dérider un peu, sur les nerfs depuis plusieurs jours. Je lui offris un beau sourire auquel elle répondit avec la même gaieté.

"Tu as intérêt."

Je passai par la salle de repos avant de partir, voyant Sophie débouler d'une chambre en me faisant signe de la main. Un haricot en métal à la main dans lequel je tâchai de ne pas baisser les yeux, elle m'ouvrit la porte de la salle en me disant qu'elle avait quelque chose à me demander.

Je haussai un sourcil, la suivit.

"Pour ton pot départ ; tu préfères l'argent de l'enveloppe tel quel ou tu préfères qu'on achète un cadeau ? On s'est dit qu'avec ton déménagement et l'ouverture du cabinet, tout ça, tu préférais peut-être l'argent."

Je restai interdit devant elle, la regardant allumer la bouilloire tout en attrapant une tasse, y jetant un sachet de thé, sans poser sa bassine, le tout en un clignement d'œil.

"Je ne veux pas de pot de départ."

Elle râla, sans me regarder, occupée à verser l'eau bouillante.

"Je ne te demande pas ton avis sur le pot de départ, je te demande ton avis sur ton enveloppe.

_ Je ne veux pas de pot départ, insistai-je."

Enfin elle posa sa bassine d'un geste résolu dans le fond de l'évier, se retourna vers moi, le regard noir et triste. Ses lèvres tremblaient. Une mèche de cheveux retomba sur son front.

"Tu fais chier Diego ! Tu ne vas quand même pas partir comme un voleur ?

_ Un voleur ? Non. Mais j'ai pas envie d'un pot de départ, Soso, vraiment."

Je posai ma sacoche sur la table, m'approchait d'elle pour la prendre par les épaules.

"On se fait un resto, une soirée chez moi, tout ce que tu veux, toi, Medhi, moi. Pas de soucis. Mais je ne veux pas d'un pot avec des gens que je ne connais pas, des collègues que je n'ai jamais pu encadrer, je ne veux pas être déçu de voir que certains ne viendraient même pas. Je... Je veux partir avec un bon souvenir.

_ Tu fais chier, répéta-t-elle."

Je souris et embrassai sa joue. Elle serra brusquement ses bras autour de moi, se retrouvant contre mon torse sans que je n'ai le temps de bouger. J'acceptai l'étreinte.

"Tu vas vraiment me manquer p'tit con."

Je ris avant de la repousser doucement.

"Il faut que j'y ailles ; j'ai un anniversaire à célébrer."