Œil de Lune

Épisode XVII : Mélancolie

Quelques jours plus tard, certains étudiants se préparaient alors déjà, à recevoir leur premier cours. Ils étaient déjà tous installés dans le petit amphithéâtre, pour un de ces fameux cours obligatoires. Ils devaient être une petite cinquantaine, parmi eux, se trouvait un curieux personnage nommé :

"Allez Alione ! Let's go pour une nouvelle année ! Oh, je sens que ça va être intéressant ! " pensai-je, toute excitée.

  Je me tortillais sur place. Mes doigts tapotaient machinalement le bord de la table en bois. J'avais vraiment hâte que cette année commence. Ah ! Le doux parfum du renouveau, je l'aimais tant. Depuis toute à l'heure, je scrutais un peu la salle et ça y était ! Tout le monde était là, bon, sauf quelques personnes, qui avaient, soit redoublé ou soit abandonné. La salle était plutôt petite, cette année, d'ailleurs, il devait y avoir seulement une cinquantaine de places. Il y avait un petit bureau sur une estrade en face de nous, c'était là où le professeur parlerait. Au-dessus, se situait un grand tableau où l'enseignant allait faire passer son diaporama.

Chaque année, je remarquais que nous étions de moins en moins à suivre les cours. Ah. C'était vrai que, chaque année aussi, l'université perdait de son prestige. Je me doutais qu'il y avait peu de chance que je rencontre des nouvelles têtes. Je soupirai et posai ma tête sur ma main. De l'autre, je pris une des mèches de mon afro et la fixai. Tout le monde autour de moi discutait et partageait. Cela faisait deux ans que l'on se connaissait après tout. J'avais moi-même quelques amis, j'étais justement à côté de l'une d'entre eux, enfin, j'étais presque en bout de table, il restait encore une place près de moi.

Alors que je fixai ma mèche intensément, je vis soudainement du coin de l'œil, quelque chose se mouvoir. Au début, je n'y fis pas vraiment attention, plongée dans mes pensées, mais lorsque je revis la masse noire bouger encore une fois. Je décidai d'y jeter un rapide coup d'œil, tout en essayant d'être discrète. Il y avait quelqu'un, une femme. Elle, par contre, je n'étais pas trop sûre de la connaître. Je ne pouvais pas en dire plus. Mmh. Pourquoi compliquer la chose ? Je n'avais qu'à lui parler et je verrai bien, par conséquent, si je la connaissais. Rien de bien compliqué.

Je me tournai légèrement vers elle. Elle était brune, aux cheveux sombres, noirs, je dirais même. Par-dessus, un bonnet noir plutôt tendance triomphait. La jeune femme devait avoir sans doute environ le même âge que moi. Sa salopette et ses bottines lui donnaient un air de campagnarde. Elle avait une peau très pale, qui contrastait avec ses cheveux, bonnet et son style en général. Il était plus porté vers le noir et les couleurs obscures. Son visage était plutôt ovale. Et son regard, lui, était bien étrange. Je pensais ne jamais en avoir vu un pareil.

Après toutes ces analyses, je compris plutôt rapidement que je ne la connaissais ni d'Adam ni d'Eve. Ce qui fut une grande nouvelle pour moi, assez bonne pour me refaire ma journée. Ce fut sur ce sentiment de joie et de surprise, que, par automatisme, je lui dressais un honorable "bonjour" saupoudré de mon ingrédient préféré : un grand sourire. Mais je n'eu aucune réponse, soit elle était dans ses pensées, soit elle m'ignorait. Et vu l'air perdu qu'elle avait, je pensais qu'il s'agissait de la première option. Je me demandai sérieusement à quoi elle pensait, pour avoir un air si grave et les traits si tendus. J'avoue qu'elle titillait ma curiosité. Elle était assez intrigante la nouvelle. J'avais hâte de la connaître. Ce fut sur cette pensée que je me reconcentrais sur mon cour.

Bon ! Tous mes cours étaient à présent terminés, j'étais heureuse de retrouver certains de mes professeurs, leurs cours sont bien organisés et très facile à comprendre. Cela faisait chaud au cœur de tous les revoir, de même pour mes amis. Nous avions déjeuné tous ensembles, pour les retrouvailles. C'était si bien. J'étais heureuse de les voir, nous avions tous raconté nos souvenirs de vacances. J'avais même réussi à l'oublier. Cette brune, qui m'intriguait tant. Quoique... pas complètement. Je leur avais tous demandé s'ils la connaissaient, mais ils avaient tous répondu au négatif. Je la trouvais trop mystérieuse, je devais percer son secret ! Ou bien étais-je trop curieuse ? Mmh... "C'est pas grave ! Ça remonte au même !" me disais-je.