Chapitre 3 - Alice Delmare

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J'étais surprise d'entendre sonner, puis frapper chez moi (alors que je n'avais même pas encore décroché l'interphone !), à deux heures et demie du matin. Et pas non plus franchement ravie que l'on vienne déranger mon spleen nocturne. Maintenant, je n'étais plus surprise, j'étais simplement sidérée. Le tableau qui se présentait sous mes yeux avait de quoi interroger. Une rousse, dans la trentaine, me souriait d'un air gêné, tout en soutenant à ses côtés une brune débraillée, manifestement ivre. J'avais la sensation d'avoir déjà vu cette dernière, mais j'étais incapable de me souvenir en quelle occasion. Avec leurs fringues hyper classes, je pressentais que les deux filles avaient dû se tromper d'adresse. La brune, je pouvais comprendre, mais la rousse, elle, semblait plutôt sobre.

— Euh, bonsoir. Si vous cherchez l'entrée du Palacio, c'est le bâtiment d'à côté, expliquai-je.

— Non, non, on en vient justement. On voudrait seulement...

La plus jeune interrompit la rousse d'un grand geste.

— Vous avez un chat ici ?

Ok, donc celle-là n'était vraiment pas nette.

— Euh, non plus maintenant. Il est mort, il y a trois semaines. Un horrible accident de voiture...

— Parfait ! On peut entrer ?

Avec un sourire ravi, et sans attendre ma réponse, la brune me bouscula pour s'introduire dans mon salon. Atterrée devant son audace, et surtout consternée par son total manque d'empathie envers la disparition de ma pauvre Biscotte, je m'apprêtai à lui balancer une réplique bien sentie. Je fus stoppée par l'arrivée tonitruante dans le hall de deux hommes en possession d'appareils photo. En les désignant, la rousse débita précipitamment :

— S'il vous plaît, il ne faut absolument pas qu'ils puissent nous approcher. Laissez-nous entrer et téléphoner.

— Bah, allez-y. De toute manière, votre copine n'a pas attendu mon autorisation...

Sensible à sa détresse, je m'écartai et lui permis de s'engouffrer dans mon appartement.

— Waouh, c'est aussi grand que mon placard à chaussures ici !

Je me retournai pour jeter un regard assassin à la brune qui continuait la découverte de mon studio d'un pas titubant. Elle ne vit pas mon sac de compétition qui traînait au milieu de la pièce et trébucha lourdement dessus avec un petit cri aigu. Tiens, ça c'était pour ma Biscotte ! Finalement, j'étais bien contente de ne pas l'avoir encore défait ce sac. La plus âgée s'occupa de la remettre sur pieds et la fit s'asseoir sur mon canapé. Elle se tourna ensuite vers moi, la mine contrite.

— Je suis vraiment désolée de vous embêter comme ça au beau milieu de la nuit, mais nous n'avons pas vraiment eu le choix. Je suis June, son assistante, me dit-elle en désignant sa comparse qui était à présent étendue de tout son long sur mon divan.

Maintenant qu'elle se trouvait allongée, je pris le temps de la détailler. Cela me faisait mal de l'admettre, mais je devais bien avouer qu'elle était sublime. Même avec ses cheveux en bataille et son maquillage un peu coulé. Avec son regard émeraude, son teint légèrement mat, sa chevelure brune qui lui arrivait au-dessus des épaules et son corps svelte moulé dans une robe assurément hors de prix, elle dégageait une sorte de sensualité nonchalante. Un brin sauvage. C'était étrange, j'avais vraiment le sentiment qu'elle ne m'était pas inconnue.

— Est-ce qu'il serait possible de charger ce portable afin de passer un coup de fil ? Une voiture doit venir nous chercher.

Je reportai mon attention sur celle qui disait se prénommer June.

Chat Noir - Léana Baker FxFWhere stories live. Discover now